11 mai 2012

Gleeden : la bourgeoisie brade les valeurs du couple et de la famille

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Avec la crise du capitalisme, la décadence de la bourgeoisie est passée à la vitesse supérieure. Cela n'a rien d'étonnant : les secousses dans la base économique se font inévitablement ressentir dans la superstructure idéologique et culturelle. 

La bourgeoisie se montre incapable de défendre la civilisation. Elle soutient et fait la promotion d'artistes décadents comme Sébastien Tellier, ou encore Murakami (qui a pu exposer... au château de Versailles en 2010). La lutte entre ses fractions industrielles (traditionnelles) et impérialistes se fait de plus en plus ressentir, et le fascisme se développe de pair avec une décadence assumée où se mêlent pornographie, un individualisme outrancier, ainsi qu'une fascination morbide pour le glauque et la fausse provocation.

Ces deux aspects se manifestent dans la vie quotidienne et  rien n'y échappe. Pas même le couple dans sa dimension familiale bourgeoise. C'est-à-dire avec mariage, enfants, propriété privée (logement, voiture, etc.), qui constituent pourtant un des fondement de la société bourgeoise, surtout dans les pays capitalistes.

C'est dans ce contexte qu'un site a ouvert, en décembre 2009, à l'initiative de deux français vivant aux Etats-Unis : Gleeden. En quoi consiste-t-il ? Il s'agit d'un site de rencontres pour... personnes mariées (ou au moins en couple). 

Il a rapidement pris de l'ampleur, notamment en France qui compte le plus grand nombre d'inscrits, et a bien sûr fait beaucoup de bruit – ce qui a en partie contribué à sa célébrité. Beaucoup de personnes ont sûrement aperçu des affiches de publicité l'année dernière et cette année depuis quelques semaines.

Pourquoi ce nom ? Il est la contraction de deux mots : Glee et Eden. Le premier signifie bien-être en anglais et le second est le paradis biblique où vécurent Adam et Eve, où Eve croqua dans le fruit interdit... une pomme qui apparaît justement sur toutes les affiches de Gleeden.

Ainsi la démarche de Gleeden est claire : l'infidélité est un fruit interdit dans lequel il faut croquer. Ce n'est ni plus ni moins que l'apologie de l'adultère.

Car même si Gleeden se garde bien de le dire ouvertement, il s'agit bien de cela : tromper son mari / sa femme et avoir des relations sexuelles avec une personne inconnue rencontrée sur internet. Les utilisateurs peuvent bien s'en défendre, mais si ce n'est que pour « boire un verre » et discuter pourquoi aller sur un site de rencontre pour personnes mariées de manière anonyme ? Pourquoi se cacher à tout prix ?

 

Gleeden : rencontres extraconjugales pour bourgeois décadents

Il n'est pas étonnant que Gleeden ait fait beaucoup parler de lui, mais pas qu'en mal. De nombreux journaux de la presse bourgeoise comme des gratuits, le journal « de gauche » Libération, ou encore des magazines féminins n'ont pas hésité à en faire la promotion. Que ce soit pour se montrer ouvert et décomplexé (soi-disant), ou simplement pour l'aspect financier, cette publicité n'a rien d'étonnant en cette période de décadence totale de la bourgeoisie.

Ainsi la devise « rester fidèle… à ses désirs ! » résume très bien le fond de ce site qui vise et qui rassemble une population de bourgeois et petit-bourgeois en manque de sensations.

Tout ce qui importe c'est assouvir ses fantasmes, son « appétit sexuel », ses désirs, c'est-à-dire casser la routine. Casser la routine de la famille et du couple bourgeois, son hypocrisie et son individualisme pour s'enfoncer encore plus dans l'individualisme : plus personne ne compte, seuls importent ses propres désirs et ses « besoins » sexuels.

Il n'y a au final aucune critique, aucune perspective pour briser le couple dans sa version bourgeoise dans ce qu'il peut avoir d'étouffant. Le fond de Gleeden est justement l'hypocrisie : mensonges et secrets pour la conjointe (ou le conjoint), et l'individualisme : pas de sensibilité ni de romance, seulement des fantasmes, des besoins imaginaires, et des envies à assouvir.

Cette focalisation individualiste sur la sexualité est l'expression de rapports capitalistes entre individus où chacun se comporte tour à tour comme un entrepreneur qui ne fait que répondre à une demande et comme un client qui cherche cette offre : chacun est « libre » de faire ce qu'il veut avec son corps, chacun est « libre » de coucher avec qui bon lui semble tant que tout le monde est consentant. Gleeden se situe clairement dans cette démarche.

En effet, de la psychanalyse au queer, toute une frange de l'idéologie bourgeoise centre son attention sur la sexualité, sur les pseudos tabous à briser, les désirs et les « besoins » à écouter. Il s'agit d'une démarche en apparence progressiste, mais qui dans le fond ne l'est absolument pas. Elle fait l'apologie de la sexualité « libérée » mais dans une démarche ultra-individualiste.

Cette vision de la sexualité repose sur une vision idéaliste et mécanique des personnes : nos organes auraient des besoins auxquels il faut subvenir. En apparence cela sonne juste, mais lorsqu'on met de fait sur le même plan se nourrir et avoir une relation sexuelle, on voit bien que cela donne n'importe quoi. Dans cette logique, chaque individu aurait ainsi des fantasmes et des désirs qu'il devrait écouter et donc satisfaire, et personne n'a de jugement à porter sur ceux-ci : ce serait réactionnaire, moraliste, religieux.

Le cerveau est un des principaux organes sexuels de l’Homme. Les fantasmes et autres pensées sexuelles font partie de la vie quotidienne.

10 idées reçues sur l'infidélité, Gleeden

Ce qui compte ce serait donc d'assumer, de vivre pleinement ses envies les plus décadentes : de briser les tabous et aller à l'encontre de « l'ordre moral », tant que cela se passe entre individus consentants. Concrètement les personnes qui pensent aller à l'encontre ne font en réalité que l'inverse : « ordre moral » et décadence ne sont que les deux faces d'une même pièce, celle de la vision bourgeoise du monde.

Derrière ce site il y a ainsi la volonté de sortir du train-train quotidien avec son partenaire quitte à tromper sa confiance : cela serait presque une preuve d'amour selon le site.

Dans ce contexte de vie de couple délicate, n’oublions pas les effets positifs que peut créer l’infidélité (et cela sous prétexte qu’elle nous terrorise car elle nous renvoie à nos propres faiblesses).

Trop de foi en la fidélité ?, Gleeden

Cherchant à attirer le plus de monde possible, le site dispose de quelques articles qui visent à déculpabiliser les personnes qui auraient trompé, et à inciter celles qui hésitent à sauter le pas avec Gleeden. On trouve par exemple un article qui tente de justifier une telle attitude par la science. L'amour ne durerait que 3 ans, il serait donc normal qu'au-delà il faille raviver la flamme.

Cela signifie qu’au-delà des quelques mois du coup de foudre, il y a une vie à partager. Une vie qui devient souvent ennuyeuse, et qui mène parfois à l’infidélité, qui permet de retrouver le bonheur d’une nouvelle rencontre qui va nous permettre de sécréter des hormones du bonheur encore une fois.

L'infidélité est-elle programmée dans nos cerveaux ?, Gleeden

 

Un site pour bourgeois opportunistes dénués de sensibilité

Une de preuves les plus remarquables quant à l'opportunisme de ce site est dans la proportion de personnes qui sont venues chercher une relation homosexuelle ou bisexuelle (comprendre avec plusieurs personnes) : environ 11% des membres. Il est clair que parmi ces personnes une très grande majorité (si ce n'est tous) ne sont pas dans une relation homosexuelle « en vrai », au contraire ce sont des opportunistes désireuses de vivre des expériences et transgresser des pseudo tabous.

On voit bien là un refus de tout engagement sincère avec une personne. Il y a derrière la démarche de Gleeden une attitude clairement contre la sincérité dans les relations. Cette démarche est en fait totalement complémentaire au couple bourgeois fondé sur les intérêts individuels et l'hypocrisie.

Il s'agit d'un site de rencontre qui se veut raffiné, mais où toute relation n'est basée que sur le sexe : pendant la pause déjeuner, entre cinq et sept, en déplacement...

Ce site est en définitive à l'image de sa clientèle : bourgeois. Il ne le cache pas, et le met même en avant (avec une certaine retenue) : la majorité de ses membres travaillent dans les banques, les assurances, la santé avec un certain niveau d'études  -  bac+4/5 et plus.

Il est clair qu'au-delà même de l'aspect financer qui peut coûter cher puisque tout se paye, le style mis en avant et le fond de la démarche correspondent parfaitement avec la vie de bourgeois et petit-bourgeois en manque de sensations, désirant pimenter sa vie dénuée de toute sensibilité. Tous aiment pouvoir se retrouver entre eux, entre personnes partageant la même décadence, le même mode de vie. Tous aiment se retrouver pour s'imaginer être libre et braver les soi-disant "interdits" moraux dans une posture de pseudo-rebelle typique de la petite-bourgeoisie.

Il est également intéressant de remarquer que malgré le fait que Gleeden soit gratuit pour les femmes, elle ne représentent qu'un tiers des membres. Comme quoi derrière cette pseudo liberté d'agir et de penser de ses membres, le patriarcat fait partie intégrante de la mentalité du site : les femmes s'achètent à coups de dépenses plus ou moins élevées que ce soit des simples messages jusqu'aux cadeaux virtuels les plus chers.

Derrière Gleeden, il y a l'idée qu'il y aurait d'un côté le mariage dans sa forme bourgeoise où règne l'apparence et où rien ne dépasse, et de l'autre l'infidélité, l'individualisme et la « baise » qui serait son antithèse. Bien évidemment c'est faux ; ce sont deux aspects d'une même réalité : la famille bourgeoise patriarcale et son hypocrisie qui masque sa décadence.

 

Le socialisme rétablira la romance

Nous ferons régner d'autres valeurs que le mépris patriarcal et l'individualisme. Nous abolirons cette fausse famille, tout comme nous abolirons ce faux couple pour rétablir des relations authentiques.

Nous rétablirons la romance et avec elle la famille, le couple et l'amour. Nous ne voulons plus du monde de décadence et d'hypocrisie de la bourgeoisie. Nous voulons d'une société irriguée dans tous ses aspects par les valeurs prolétariennes : l'engagement et la sincérité !

« Une passion et une liaison éphémère sont plus poétiques et plus pures » que les « baisers sans amour » de conjoints piteux et pitoyables. C'est ce que vous écrivez... L'opposition est-elle logique ? Les baisers sans amour de conjoints piteux sont malpropres. D'accord ! Il faut leur opposer quoi ? On pourrait croire des baisers avec amour. Mais vous opposez une « passion » (pourquoi pas l'amour ?)  éphémère (pourquoi éphémère ?).

Le résultat logique est qu'on semble opposer des baisers sans amour (éphémères) à des baisers sans amours conjugales... bizarre !

Ne vaudrait-il pas mieux opposer un mariage piteux et malpropre sans amour, de petit-bourgeois-intellectuel-paysan, à un mariage civil prolétarien avec amour... »

Lénine

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