12 nov 2011

Grève de la faim de la CGT Randstad contre les accidents du travail mortels dans l'intérim

Submitted by Anonyme (non vérifié)

« En grève de la faim pour sauver nos vies » peut-on lire sur une banderole accrochée devant le siège de l'entreprise de travail temporaire Randstad, en Seine-St-Denis.

Randstad est un gros monopole, actif depuis 50 ans : en 2010, son chiffre d’affaires était de 14,2 milliards d’euros (dont 25% en France) ! Avec un bénéfice net de 288,5 millions d’euros !

Depuis mardi 8 novembre, 5 intérimaires de la CGT Randstad ont entamé une grève de la faim afin « d’exiger la tenue urgente d’une table ronde avec tous les acteurs concernés des politiques de l’emploi (MEDEF, Ministère du Travail et de la Santé, Médecine du Travail, Organisations Syndicales, CARSAT...) »

La situation est très grave dans l'intérim. Pour que des prolétaires (désormais au nombre de sept et non plus cinq) en arrivent à refuser de s'alimenter par désespoir, c'est bien que la situation est très grave.

Non pas simplement économiquement, mais bien politiquement : une grève de la faim est un acte de désespoir, de soumission, d'appel. Si l'on est pas obligé de condamner unilatéralement cette démarche (ce que fait le Parti Communiste du Pérou), on peut bien considérer qu'elle est réservée à une situation ultime, notamment dans les prisons.

Quand on voit que le site de lutte propose des photos, mais qu'il les protège par un « SYNDICAT CGT RANDSTAD - Tous droits réservés © 2009 www.cgtrandstad.com », on peut aisément comprendre qu'il y a là une ligne de masse totalement erronée. Pour un combat pourtant juste.

Et c'est encore plus quand un premier bilan de la CGT Randstad explique :

« Nous avons eu beaucoup de visites et de soutiens depuis hier : Mélanchon, Front de gauche, UL des 3 communes (St Denis,Aubervilliers,St Ouen), NPA relayés par différents médias(TF1,Le Parisien,Canalplus...)

Il y a eu pas mal d’avancées sur la table ronde avec le ministère du travail et le prisme. »

Voilà une démarche institutionnelle, qui ne peut donc pas vaincre. Il manque toute une dimension.

La CGT Randstad recense 200 intérimaires décédés d'un accident du travail depuis 5 ans dans le secteur du bâtiment. 200 prolétaires qui ont perdus la vie pour enrichir des bourgeois qui se moquent totalement des règles élémentaires de sécurité.

Les intérimaires sont particulièrement exposés aux risques d'accidents du travail, encore plus que les autres ouvriers.

Les « formations » sur les missions sont le plus souvent bâclées, surtout en ce qui concerne les règles de sécurité et la présentation des dangers. Les intérimaires doivent être productifs tout de suite et ils ne disposent jamais de beaucoup de moyens pour leur sécurité. Les chefs savent bien manier le «Oui oui, plus tard, promis» sans que jamais les choses demandées soit faites d'ici la fin de la mission.

Les agences empochent des commissions sur le dos des intérimaires mais n'ont presque aucunes responsabilités, puisqu'elles ne les embauchent pas véritablement. Idem pour les entreprises qui exploitent les ouvriers et peuvent s'en débarrasser comme bon leur semble, sans aucune obligation vis à vis d'eux.

Les prolétaires intérimaires ont très peu de moyens pour faire appliquer leurs droits, ils sont à la merci quasi-totale des capitalistes. Un mauvais rapport de mission et l'on peut être sur que l'agence n'aura plus rien à proposer pour la personne qui à un peu trop voulus faire valoir ses droits, sa sécurité.

Les travailleurs précaires sont en première ligne pour subir les pires conséquences de l'exploitation capitaliste.

La situation des intérimaires travaillant dans le secteur nucléaire en est peut-être l'exemple le plus « glauque ». Les intérimaires sont non seulement sur-exposés aux dangers, mais ils sont en faite une réserve de temps de contamination radioactif. On parle de « servitudes », c'est à dire de dose de radioactivité que l'on peut légalement subir tout au long de sa carrière.

Mais c'est la même logique qui prévaut pour tout les secteurs dans l'intérim. Dans l'industrie où les intérimaires sont les premiers à subir les restructurations, c'est à dire le chômage et la misère, mais aussi dans le bâtiment donc, avec ses 200 morts en 5 ans.

Nous rappelons ici l'importance de notre document sur le secourisme du travail, dans lequel nous insistons sur les quelques possibilités pour les intérimaires de se faire former.

Car comme nous le disions, la bourgeoisie ne se soucie pas de la vie des prolétaires. Les prolétaires ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour se défendre, pour améliorer leur quotidien, et parfois même juste pour survivre.

Les prolétaires doivent imposer leur loi. La légalité des bourgeois n'est qu'une question de rapport de force, les lois bourgeoises ne sont que le produit de la lutte des classes : soit de la pression des masses, soit de la puissance des capitalistes.

C'est pour cela qu'une grève de la faim est erronée. Elle s'oppose à une grève politique.

Car même quand les lois existent pour limiter les effets de l'exploitation, les capitalistes ne se gênent pas pour les contourner.

Donc la réponse ne peut être que politique.

Encore plus dans une situation de crise. Le recours massif à l’intérim est en lui-même l'illustration de l'impunité des capitalistes vis à vis de la loi aujourd’hui. La réglementation du travail prévoit la possibilité du recours à l'intérim pour des surcroîts temporaires d'activité. Pourtant, dans l'industrie, dans le bâtiment, dans la distribution, dans le transports, les plus grosses entreprises ont recours à l’intérim de manière quasi-permanente.

Nous n'aurons que ce que nous saurons prendre ! La bourgeoisie cédera tout sous les balles rouges des prolétaires en lutte pour le socialisme universel !

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