30 nov 2011

Usine Fralib de Gémenos : lutte de classes ou social-chauvinisme?

Submitted by Anonyme (non vérifié)

En France, l'État est omniprésent, il s'occupe de tout. Lorsque quelque chose ne va pas, il est habituel de se tourner vers l’État et de « réclamer ». Même des projets alternatifs comme nombres de radios associatives dans de nombreuses villes en France en arrivent à s'offusquer quand l’État décident de ne plus verser (ou de diminuer) ses subventions!

L’État subventionnant des gens passant leur temps à le critiquer, voilà une situation cocasse ! Mais plus terrible peut-être, est la situation des ouvriers et ouvrières de Fralib près de Marseille, qui réclament à l’État la tenue d'une table ronde nationale pour la sauvegarde de leur emploi, contre la fermeture de leur usine. 

Gérard Cazorla, le secrétaire CGT du comité d'entreprise de l'usine déclarait à un journaliste de l'AFP lors de leur manifestation à Paris la semaine dernière :

"Nous sommes venus porter au Premier ministre la nécessité d'organiser une table ronde pour que la marque soit défendue en France.

L'urgence de cette table ronde s'impose pour acter les conditions de redémerrage de l'activité". 

L'usine Fralib de Gémenos, dans laquelle étaient produits des sachets de thé et d'infusion, appartient au groupe Unilever. Unilever est un gigantesque trust monopoliste de l’agroalimentaire. 

Il est propriétaire de marques très connues de glaces, de dentifrices, de lessives, de shampooings, de soupes, etc. Ces marques sont distribuées dans une centaine de pays et le groupe se présente comme le troisième mondial par les ventes en produits de consommation courante.

Unilever est donc également propriétaire des marques de thé et d'infusion Lipton et Eléphant, dont une partie de la production était assurée sur le site provençal.

Le groupe justifie la fermeture de l'usine en invoquant une « surcapacité de production en Europe » car « trois usines suffiraient pour produire les quantités aujourd’hui vendues, là où quatre sont aujourd’hui en fonctionnement (Royaume-Uni, Pologne, Belgique et France) ».

Depuis les années 1990 le taux d'exploitation des ouvriers a beaucoup augmenté. D'après les chiffres du syndicats CGT, un ouvriers chez Fralib produisait 8,3 million de sachet de thé et infusion par an en 2009 contre 5,5 en 1989, soit un gain de productivité de 50% en 20 ans.

Aujourd'hui, Unilever a donc besoin d'exploiter moins d'ouvriers pour assurer sa production. Alors les dirigeants du groupe décident de fermer le site de Gémenos, et peu leur importe l'avis des ouvrières et des ouvriers, la vie des gens de la région. Peu leur importe non plus le fait que la concentration de toute la production sur les sites belges et polonais entraînera une multiplication des transports de marchandises afin d'approvisionner les régions qui dépendaient du l'usine près de Marseille. La bourgeoisie ne s'occupe pas de la planète, elle n'a que faire de la pollution causée par la multiplication du transport de marchandises. 

Le propre de l'économie capitaliste, c'est l'anarchie de la production. La bourgeoisie n'a absolument aucun plan d'ensemble ni de vision à long terme. La seule loi qui régie les décisions capitalistes est celle de la maximisation du taux de profit. 

Les prolétaires ont raison de s'opposer à cela. 

Les monopoles capitalistes doivent plier devant la volonté des masses populaires. Mais pour cela, il faut comprendre pourquoi les monopoles sont tout puissant. Il faut bien saisir le fait que la bourgeoisie est une classe qui dispose de tout un ensemble de moyens à sa disposition pour entretenir son pouvoir. Il faut s'opposer à l'Etat qui est le principal instrument de la bourgeoisie dans cette entreprise. 

Comme Lénine l'a formulé dans la préface à L'Etat et la révolution :

"[...]ce courant, socialiste en paroles et chauvin en fait, se caractérise par une lâche et servile adaptation des « chefs du socialisme » aux intérêts non seulement de « leur » bourgeoisie nationale, mais plus précisément de « leur » État, car la plupart de ce qu’on appelle les grandes puissances exploitent et asservissent depuis longtemps nombre de peuples petits et faibles.

La guerre impérialiste est précisément une guerre pour le partage et la redistribution de ce genre de butin. La lutte pour soustraire les masses laborieuses à l’influence de la bourgeoisie en général, et de la bourgeoisie impérialiste en particulier, est impossible sans une lutte contre les préjugés opportunistes à l’égard de l’«État »."
 

La CGT de l'usine Fralib ne s'oppose pas à l’État, elle fait du syndicalisme dure. Avec en arrière plan une ligne politique sociale-chauvine réactionnaire. Car quelle est la stratégie de la CGT ? Elle cherche à forcer l’État à préserver l'usine, selon une vision nationaliste comme quoi l'usine est française alors que le monopole qui en est propriétaire ne l'est pas, Unilever étant un trust anglo-néerlandais.

Et, préférant le nationalisme à toute forme de contre-culture communiste, la CGT met en avant la défense de la marque l'Eléphant, prétextant que celle-ci est plus que centenaire et française, tout en appelant par contre à boycotter la marque Lipton, qui elle n'est pas française.

Alors la CGT-Fralib peut bien mettre en avant la figure « révolutionnaire » (romantique) du Che Guevara partout, le fait est que son discours est plus proche de celui de Marine Le Pen que d'une vision réellement anticapitaliste. 

Et les choses se dégradent petit à petit, portées par l'époque et les tirades réactionnaire de Jean-Luc Mélenchon qui bien évidemment soutient totalement cela . 

Le mot d'ordre de la CGT est ainsi passé de "Le thé de l'Eléphant doit continuer à vivre en Provence" il y a quelque mois, au mot d'ordre quasi-fasciste de "L'Elephant est français, en Provence il doit rester".

Pierre Laurent, Secretaire nationale du Parti « Communiste » Français favorise, encourage totalement cela, puisqu'il était acclamé au cris de ce slogan lors du rassemblement à Paris mardi dernier, après qu'il est affirmé devant les ouvriers : 

«C'est à vous qu'il faut donner raison, parce que vous defendez votre emplois et cette production, mais je veux ajouter à ce qui a été dit : parce que c'est l'intérêt national !

Dans cette situation de crise aujourd'hui qui est responsable de la crise ?

Et bien l'exemple de Fralib et Unilever montre clairement que ceux qui pillent le travail sont les même que ceux qui pillent les finances publiques, ce sont les groupes multinationaux comme Unilever. »

Cette dynamique sociale-chauvine profite à la bourgeoisie française, pas à la classe ouvrière de France.

Mais pourquoi en être arrivé là ? Comment la CGT d'une région ouvrière où les communistes étaient historiquement forts à t-elle pus dévier à ce point ?  Le problème, c'est la logique du syndicalisme. En l'absence d'une compréhension d'ensemble des ravages du capitalisme, c'est la vision syndicaliste qui triomphe. 

Mais le syndicalisme, s'il est une expression de la lutte de classe, est avant tout un éteau façonné par la bourgeoisie pour encercler la classe ouvrière, la controler, la canaliser.  Comme elle ne peut pas interdire totalement la contestation ouvrière, ni la faire disparaître, la bourgeoisie tente d'encadrer la colère des prolétaires. En espérant qu'elle s'apaise.  

C'est pour cela que les fermeture d'usines doivent aboutir sur la négociation de plan de licencient, qui ont souvent pour but de diviser les salariés.

C'est pour cela que la cour d'appel d'Aix-en-Provence a rendu une ordonnance favorable aux salariés de l'usine Fralib le 17 novemnbre dernier, invalidant le Plan de Sauvegarde de l'Emploi de Fralib. Quand cela est trop gros, quand le rapport de force est trop important, la « Justice » est là pour apaiser,.. en attendant. 

L'Etat est ominprésent, il veut tout controler, alors il cherche un minimum crédible. Il doit garantir un minimum, minimum qui varie en fonction de la combativité de la classe ouvrière. Le syndicalisme est le produit de cela. 

Le problème avec le syndicalisme, c'est que le prolétariat perd toute capacité d'initiative autonome, d'indépendance vis à vis de l’État et d'antagonisme vis à vis de la bourgeoisie. Le syndicalisme se concentre sur les patrons, des individus, mais il en oublie la bourgeoise, une classe sociale. 

Et quand il est impossible de saisir concrètement qui sont réellement les patrons, comme c'est la cas avec des grands trusts comme Unilever, c'est la vision du monde complotiste, fasciste, qui peut triompher. Lutter pour l'amélioration des ses conditions de vie, se défendre contre les mauvais coups de sa direction n'est évidemment pas une mauvaise chose en soit. Là n'est pas la question. 

Mais cela ne change rien au fond du problème. Le problème de la classe ouvrière, c'est le mode de production capitaliste qui entraîne l'humanité dans les abîmes de l'histoire, fait reculer la civilisation et plonge le monde dans la barbarie. 

La classe ouvrière abattra le capitalisme quand elle prendra conscience d'elle même en tant que classe.

Et qu'elle s'en prendra à la bourgeoisie, en tant que classe. Les prolétaires, pour se libérer, doivent s'organiser et acquérir leur indépendance vis à vis de la bourgeoisie et de son État. La classe doit conquérir sa propre autonomie. Et l'antagonisme vis à vis de la bourgeois doit s’exacerber, la violence prolétaire doit éclater!

La des classes doit s'exprimer sur la plan politique, c'est une question de pouvoir. Soit la bourgeoisie est toute puissante, et elle fait ce qu'elle veut, licencie, pille, pollue, exploite. Soit la classe ouvrière s'organise et fait plier la bourgeoise. 

Le syndicalisme est le niveau le plus bas du processus de la lutte de classe, la grève politique de masse est ici une étape fondamentale de l'élévation qualitatif du processus de la lutte de classe et la dictature du prolétariat construite dans la guerre populaire sera le moyen définitif de l'aboutissement de la lutte de classe, dans le socialisme. 

Le processus, la lutte de classe, prendra fin avec la disparition des classes et l'unification de l'humanité, en temps que matière consciente en marche vers le communisme universel !

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