15 juil 2012

PSA : la classe ouvrière doit affronter totalement la vieille société capitaliste

Submitted by Anonyme (non vérifié)

L'annonce de 8000 suppressions de postes en France dont 3000 à l'usine d'Aulay-sous-Bois par le groupe PSA (Peugeot SA) a suscité de nombreuses réactions politiques. Tout le monde tient à montrer qu'il critique ce qui est assurément une terrible nouvelle pour les prolétaires risquant de se voir jeter à la rue. Mais dans le fond, personne ne remet en cause le mode de production capitaliste en crise qui produit inévitablement cette brutale réalité. 

En première ligne, il y a le Parti Socialiste au pouvoir qui tente de se la jouer « constructif » mais tout en étant « responsable ». En fait la social-démocratie montre déjà son incapacité totale à servir les masses prolétaires face à la crise capitaliste alors qu'elle a tous les pouvoirs politiques aujourd'hui en France. Pour le coup, la réaction de François Hollande lors de son intervention du 14 juillet est absolument remarquable : il grogne, mollement, pour signifier son opposition au plan de licenciement de PSA mais il est incapable de tracer la moindre perspective (car cela lui est impossible).

Les représentants de la droite s'empressent donc de relever l'incapacité social-démocrate, évidement. Mais c'est le fascisme qui profite le mieux de l'hypocrisie social-démocrate.

Florian Philippot, le nouveau vice-président chargé de la stratégie du Front National, donne le ton :

Au-delà des lamentations et des remontrances médiatiques, [le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg] n’a pas été en mesure hier soir de dessiner la moindre piste concrète pour enrayer cette désindustrialisation et empêcher le saccage des emplois chez PSA.

[…] l’État doit se libérer des contraintes absurdes de l’Union européenne et mettre en place un vrai plan de soutien de la filière automobile, ce qui pourra passer par son entrée au capital du constructeur français.

Marine Le Pen emboîte le pas bien sûr en présentant la Nation comme seul recours et force "protectrice" pour les prolétaires :

La raison de ces suppressions c'est l'ultra libéralisme, c'est le refus idéologique de tout protectionnisme national, de toute maîtrise de nos frontières nationales.

En fait, Marine Le Pen déroule tout simplement son projet néo-gaulliste de restructuration impérialiste comme nous l'avons déjà expliqué.

 

L’État doit d’abord s’affranchir des règles ultralibérales de l’Union européenne et mettre immédiatement en place un plan national de soutien à la filière automobile française, comme il avait pu le faire encore dans les années 1980, quitte à monter au capital de PSA.

L’État doit en parallèle se réarmer pour venir au soutien de notre industrie, en la protégeant de la concurrence internationale déloyale. En ce sens il faut se doter des instruments d’un protectionnisme intelligent : droits de douane et quotas d’importation.

Marine Le Pen est en fait directement aidée par la social-démocratie qui met en avant exactement la même ligne. Arnaud Montebourg lui-même, le ministre en charge du « dossier » PSA, fait dans le protectionnisme voir carrément dans le nationalisme :

nous allons examiner toutes les alternatives possibles. Par exemple pourquoi choisit-on encore un site en France, Aulnay, [...] plutôt que d'autres sites en Europe (...) Il y a, je crois, un devoir de Peugeot vis-à-vis de la Nation France

On voit bien là que la social-démocratie et le fascisme, bien loin de s'opposer, sont en fait des frères jumeaux au service de l'impérialisme cherchant à tromper les masses et éloigner la classe ouvrière de sa voie vers la libération. Et de surcroît, les fascistes profitent directement des incohérences de la social-démocratie. Dans son communiqué à propos de PSA, Florian Philippot du FN relève donc à propos de Arnaud Montebourg justement :

Son discours sur le protectionnisme est déjà très loin, enterré sous les dogmes ultralibéraux et européistes qui guident toute l’action du gouvernement Hollande, dans la continuité des années Sarkozy. Souvenons-nous que lors du dernier G20 en juin, le président Hollande a pris l’engagement de lutter contre toute forme de protectionnisme.

Sur sa « gauche » par contre, le Parti Socialiste peut toujours compter sur les critiques amicales de ses alliés politiques. Que ce soit Europe Écologie – Les Verts (EELV) ou bien le P«C»F que son « leader » Pierre Laurent tente de faire survivre, tout deux font des reproches à l'UMP. Ils critiquent en fait les mauvais « choix » de la bourgeoisie industrielle : EELV voudrait un capitalisme plus vert, toujours avec des automobiles mais qui pollueraient un peu moins, Pierre Laurent lui voudrait un capitalisme avec moins de concurrence. En prônant un rapprochement entre les groupes Renault et PSA (Peugeot - Citroën), il se situe dans la tradition du révisionnisme et de son appui constructif à l'impérialisme. Bien loin de vouloir changer le système le P«C»F veut aider l'impérialisme français à se moderniser et se renforcer.

Face à tout cela, les réactions du leader CGT de l'usine d'Aulnay apparaissent complétement décalées. Derrière un radicalisme de façade, Jean-Pierre Mercier n'a rien d'autre à proposer que de demander de l'aide au Parti Socialiste.

D'un coté il roule des mécaniques en affirmant : « Philippe Varin (PDG de PSA) nous a déclaré la guerre, nous allons lui faire la guerre ». Mais de l'autre il explique :

On est en droit de demander au gouvernement qu'il intervienne. Parce que ce serait complètement illogique qu'il soit complice de la fermeture de l'usine d'Aulnay. Donc on serait en droit de demander au gouvernement qu'il empêche, qu'il contraigne Peugeot à ne pas fermer l'usine d'Aulnay. Maintenant si l'intervention du gouvernement ça consiste à mettre un gros paquet de pognon sur la table, de nouvelles aides financières avec nos impôts,pour nous virer... Ouais, là ça va mal se passer, ça va être un scandale national cette affaire. Alors la seule mesure que le gouvernement peut prendre, c'est d'interdire à Peugeot de fermer cette usine.

L'usine d'Aulnay est une sorte de « bastion » de l'organisation troskyste Lutte Ouvrière. On y trouve pas moins de 7 personnes qui ont été candidates sous l'étiquette LO aux dernière législatives ; le leader de la CGT Jean-Pierre Mercier est l'un d'entre eux.

Pour les gens de Lutte Ouvrière en fait, c'est évident que « le gouvernement » n'interdira pas les licenciements à Peugeot. Mais en disant cela, ils espèrent pouvoir déborder la social-démocratie sur sa gauche en appliquant son programme (c'est la vision typique de la « révolution » par les trotskistes).

Cette ligne syndicale « dure » incarnée par LO a beau être critiquée par des organisations plus institutionnelles comme d'autre syndicats de l'usine, elle ne représente pas une véritable menace pour la bourgeoisie car elle ne trace aucune perspective véritable pour la classe ouvrière.

Bien sûr, évidemment même, ce qu'il faut, ce dont la classe ouvrière a absolument besoin, c'est d'assumer un niveau de confrontation élevé pour faire face à la pression imposée par la bourgeoisie. Une confrontation très dure même et massive comme on a pu le voir ces dernières semaines de la part des mineurs des Asturies et d’Aragon dans le nord de l'Etat espagnol (illustrations de l'article).

Mais sans un projet de civilisation derrière, sans des perspectives concrètes et durables, il n y aura rien.

Les licenciements annoncés par PSA mettent en lumière une contradiction majeure que la classe ouvrière de France va devoir résoudre :

Si la classe ouvrière a le devoir de lever la tête et mener la guerre contre la bourgeoisie qui accentue la pression à mesure que la crise s'accentue - il n y a pas de raison que les prolétaires acceptent d'être jetés à la porte du jour au lendemain - est-ce pour demander à ce que tout continue ? Est-ce pour espérer que le monde continue à tourner tranquillement tel qu'il est ou était encore il y a quelques années ?

L'annonce de la fermeture de l'usine PSA d'Aulanay-sous-Bois est ici très lourde de sens : cette usine représente en fait  tous ce que la classe ouvrière doit rejeter et détester.

Le site de l'usine est encerclé par 3 autoroutes et une ligne de chemin de fer, la 4ème face consistant en un parking géant et des portiques de sécurité. Elle est quasiment inaccessible en transport en commun ou à pied (hormis par les bus de l'entreprise bien sûr) car située dans une zone industrielle sans vie en périphérie.

 

Et puis surtout on y construit des voitures qui détruisent la Biosphère, causent des centaines d'accidents horribles et servent à envoyer les masses vivre toujours plus loin dans les banlieues pavillonnaires mornes et tristes. Ces voitures qui sont le symbole même du capitalisme, de l'individualisme, de la beauferie. Ces voitures symboles du mépris de la bourgeoisie pour la Biosphère. Ces voitures qui polluent tout, qui ont transformé l'air des métropoles impérialistes en brouillard irréspirable.

L'affrontement avec la société capitaliste doit être total. De l'exploitation dans les usines aux bagnoles qui dégueulassent tout en passant par les institutions bourgeoises anti-démocratiques, tout doit être combattu !

Armé de son idéologie, le marxisme-léninisme-maoisme, organisé par son Parti, le prolétariat entraînera l'Humanité et la Biosphère sur la voie de la libération, la voie au communisme. Il mobilisera toutes les masses populaires vers un monde enfin unifié où règnera l'harmonie, où la vie quotidienne prendra tout son sens dans la collectivité et la Biosphère.

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