17 avr 2013

Avec les homophobes contre la GPA? Un exemple de dérive typique du fascisme

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Alors que les initiatives d'extrême-droite se multiplient dans tout le pays en s'appuyant sur le mouvement conservateur contre l'ouverture du droit au au mariage pour les personnes gays et lesbiennes, il y a certainement lieu de revenir sur l'affaire Ilan Simon.

Ce militant trotskyste avait en effet pris la parole lors de la dernière grande manifestation-rassemblement contre le « mariage pour tous » (on peut voir l'intervention ici, elle vaut le détour). Avec Lénine sur son t-shirt, il a notamment expliqué quelque chose d'à moitié vrai et d'à moitié faux....

Et la source de cela, c'est bien sûr la « gestation pour autrui » (GPA). Le PCMLM avait le premier souligné l'importance capitale de cette « GPA », une arme du capitalisme particulièrement brutale et sordide.

Inévitablement, l'extrême-gauche, de par sa nature petite-bourgeoise, s'est broyée sur cette question. Elle s'est précipitée dans le soutien unilatéral au « mariage pour tous », car elle a toujours considéré que finalement la social-démocratie était réformiste, mais jamais réactionnaire.

Erreur terrible en général, fatale à l'époque de la crise générale du capitalisme. La social-démocratie est un facteur de désorientation, de décadence, de décomposition. Elle représente une fraction « moderniste » de l'impérialisme, et son activité faible et débile sert le renforcement du fascisme.

Il faut comprendre cela pour avancer. Il faut saisir les contradictions principales et secondaires ; comprendre les tendances historiques. Et sans l'arme du matérialisme dialectique, on se retrouve coincé, et inévitablement, il y a des gens d'extrême-gauche pour réfuter cela et passer dans le camp de la réaction, au nom du progrès.

C'est un passage typique qui nourrit le fascisme, qui est dans son cœur même, comme toute l'histoire des années 1920 et 1930 le montre (il faut ici, immanquablement, mentionner Zeev Sternhell et ses très intéressants ouvrages à ce sujet).

L'affaire Ilan Simon, aussi anecdotique qu'elle puisse être, reste une sacrée preuve de la nécessité du matérialisme dialectique, sans quoi on tombe dans les mêmes travers que lui, qui sont ceux du fascisme.

Voici ce qu'a dit Ilan Simon :

«Je suis venu pour dénoncer le véritable objectif de cette loi, qui va créer des rapports marchants dans la sphère de la procréation humaine.

Je suis venu pour dire que je m’oppose au clivage factice entre les méchants réactionnaires et les gentils progressistes auquel François Hollande, le larbin du CAC40, veut nous faire croire.

Je suis venu affirmer que les homosexuels ont droit aux mêmes protections que les homosexuels, évidemment, mais pas dans le déni du droit des enfants à naître.

Pour moi, les enfants ont besoin d’un référent masculin et d’un référent féminin: pas pour des raisons religieuses, mais, oui, parce que je suis freudien comme Trotsky !

Et j’en profite, moi, militant communiste révolutionnaire, pour dénoncer l’inconséquence de l’extrême gauche petite-bourgeoise du NPA, qui a manifesté en février avec le grand milliardaire Pierre Bergé en ne comprenant pas qu’elle apportait ainsi une certaine caution gauchiste à un projet industriel.»

Ce qui est dit sur Pierre Bergé est vrai ; il y a ici une critique du libéralisme libertaire du NPA, des anarchistes, etc.

Cependant, ce n'est qu'un aspect de la réalité, et s'allier à la bourgeoisie conservatrice contre la bourgeoisie « moderniste » n'a rien de prolétarien...

Cette contradiction d'Ilan Simon est encore plus parlante lorsqu'on lit sa prose sur son site « extrême-gauche contre la PMA pour tous », mélange d'anti-capitalisme et d'alliance contre-nature, tout à fait dans l'esprit des années 1930, cet esprit fasciste prétendant redresser la société au-delà des classes sociales, voire au nom des prétendues classes moyennes.

Ilan Simon dit par exemple: 

« oui, en communiste révolutionnaire, je tends donc la main à Frigide Barjot et lui apporte un soutien critique sur la base de mes positions. Car à travers Frgide BARJOT et le collectif "LA MANIF POUR TOUS", je m'adresse aussi à une fraction de ces couches sociales intermédiaires, déboussolées par la crise, aussi révoltée par la nature du projet de marchandisation de la procréation du gouvernement HOLLANDE, le larbin du CAC40.»

Voyons quelle a été la conséquence du côté du mouvement d'où il vient. L'organisation à laquelle il a appartenu l'a exclu, notamment en raison d'une lettre ouverte de soutien à Frigide Barjot. C'en était trop pour elle, malgré son anti-féminisme assez basique (il s'agit d'une organisation trotskyste particulièrement anti-communiste, dans la tradition historique du « parti communiste internationaliste »).

Voici ce qu'elle dit, et là encore on a quelque chose d'à moitié vrai et d'à moitié faux.

 

« Une lettre de soutien tout à fait Barjot

Une « Lettre de soutien d'un militant d'extrême gauche à Frigide Barjot », datée du 1 février circule sur le net.

En contradiction avec les orientations de notre organisation et en violation de son cadre démocratique, l'auteur du communiqué a pris une initiative qui nous est absolument étrangère. Nous considérons l'ouverture du droit au mariage pour les couples homosexuels comme un progrès. Mais nous dénonçons l'utilisation de la revendication du droit au mariage pour imposer un véritable marché de la procréation humaine.

La droite, une partie de l'extrême-droite et quelques-unes de ses personnalités exploitent actuellement le refus légitime de la normalisation de la GPA et de la PMA pour amener le public à ses conceptions sociales rétrogrades. Au contraire, notre refus de normaliser la PMA et de la GPA s'inscrit dans le cadre de notre lutte contre l'extension du règne de la marchandise à l'ensemble des activités de la vie humaine.

L'ARS COMBAT dénonce les calculs électoraux de la bourgeoisie conservatrice aidée de ses loufoques stars des nuits parisiennes.

Sanction a dû être prise contre le soutien de son amie Barjot.

Mais il faut que le mouvement ouvrier en général et ses organisations communistes en particulier ouvrent, de toute urgence, en front marxiste, une ligne d'opposition claire à la marchandisation de la procréation humaine.

On ne peut laisser le refus de la marchandisation de nouvelles sphères de l'activité humaine aux manœuvres hypocrites et intéressées de la droite bourgeoise ! L'alignement d'une partie des directions de l'extrême-gauche sur les positions du PS et de ses organisations LGBTI doit heurter tout ceux qui aspirent à un monde libéré de l'aliénation marchande, de l'esclavage salarié et de la domestication des êtres. »

La critique de la GPA et de la marchandisation des corps est indéniablement quelque chose qu'il faut faire. Mais comme on le voit, il n'y a pas de critique de la social-démocratie. Celle-ci est rejetée, mais pas critiquée. Le rôle de la social-démocratie est passée sous silence.

Or, ne pas dire que la social-démocratie est réactionnaire, pour prétendre la « dépasser » par la gauche, est typiquement trotskyste, cela s'oppose à l'antifascisme pour qui fascisme et social-démocratie sont des frères jumeaux, le front populaire devant unifier les masses à la base.

Ce n'est pas tout : la question de l'adoption est également passée sous silence. Et c'est là qu'on reconnaît l'idéologie réactionnaire.

Ce groupe trotskyste est en effet contre la GPA, mais finalement également contre l'adoption par les couples homosexuels (dans un de ses textes il est dit par exemple : « d'une part le recul dont nous disposons est faible, et de l'autre les biais dans ces études sont nombreux et reconnus. Entre autres, la taille des échantillons extrêmement réduite, ou encore le fait que les couples des échantillons soient fournis le plus souvent par certaines associations militantes homosexuelles partisanes. Nous sommes donc en droit et en devoir d'exiger la prudence »).

C'est-à-dire que cette organisation rejoint le discours catholique contre la « technique » : si dans un texte ce groupe trotskyste parle du « modèle scientiste et mortifère du capital », dans leur critique d'Ilan Simon il est également parlé à la fin de la « domestication des êtres ».

Que signifie cette « domestication des êtres » ? Rien à part du libéralisme libertaire anti-technique, ce qui est absurde car on sait bien, quand on est marxiste de manière véritable, que la technique est toujours subordonnée à une philosophie, elle-même reflet d'une classe sociale.

Tout ce bricolage idéologique est en fait assez typique. L'extrême-gauche n'a plus aucune idéologie, aucune théorie, elle bricole comme elle peut. Et c'est là qu'on a Ilan Simon avec Frigide Barjot, qu'on a des trotskystes refusant la « domestication des êtres », qu'on a des queers reprochant au Parti Socialiste d'avoir eu une position « diabolisant la GPA comme repoussoir sans réel débat, légitimant ainsi les homophobes. »

C'est là aussi qu'on a le « silence » sur toute la question gay et lesbienne de la part des « marxistes-léninistes » (Drapeau rouge, URCF, PRCF, CC59/62, etc. etc.).

Entre le libéralisme libertaire des uns et l'homophobie des autres, comment s'étonner que le fascisme avance ? Comment s'étonner que dans cette confusion, les groupes fascistes trouvent des espaces ?

Regardons les médias d'extrême-gauche, et jugeons sur pièce s'ils parlent de la question gay et lesbienne ces quatre derniers mois, ou pas du tout !

Publié sur notre ancien média: 
Les grandes questions: 
Rubriques: