19 avr 2013

Mariage gay et lesbien : les réactionnaires passent à l'offensive

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Depuis la grande manifestation du 24 mars qui s'était soldée par une tentative de coup de force, la mobilisation réactionnaire contre l'ouverture du droit au mariage pour les personnes gays et lesbiennes n'a cessé de prendre de l'ampleur et de gagner en détermination et radicalité.

Nous avions déjà noté que cette tentative de coup de force à la fin de la manifestation du 24 mars signait le début de la radicalisation du mouvement après qu'il ait pris un caractère de masse.

En fait, depuis le 24 mars, non seulement la mobilisation n'a pas cessé, mais elle s'est élargie, a passé un cap de radicalité et elle est en passe de conquérir petit à petit l'hégémonie culturelle.

Les militants s'agrégeant dans le mouvement du « Printemps Français » (allant des catholiques réactionnaires aux fascistes purs et durs) voulaient imposer une stratégie de « harcèlement », de mobilisation générale. Si au départ, les organisateurs de la « manif pour tous » cherchaient à se dissocier de cette stratégie et de ce mouvement, ils ont fini par rejoindre cette ligne, signant ainsi la victoire culturelle et politique des élements les plus réactionnaires et offensifs de la mobilisation.

Il a été mis en place une stratégie de harcèlement des députés et sénateurs que ce soit en les appelant, les bombardant de mails ou carrément en allant les réveiller tôt le matin en manifestant devant chez eux tôt le matin.

Les actions de blocages des déplacements des membres du gouvernement ainsi que des personnalités de gauche en rapport avec ce projet de loi ont pris un tour systématique. Elles ont pris une telle ampleur que Manuel Valls a demandé aux ministres de ne plus annoncer leur déplacements à l'avance et qu'Arnaud Montebourg a finalement annulé son déplacement à Vitry-sur-Seine le 17 avril et Aurélie Filippetti son déplacement à Vernon.

Des manifestations, des actions d'agit-prop et des actions plus offensives sont organisées quotidiennement dans toute la France depuis plusieurs semaines. Tout cela se déroulant dans un fond d'homophobie violente qui se généralise dans toute la société française.

Il y a ainsi eu des manifestations dans pratiquement toutes les préfectures et sous-préfectures de France et dans plusieurs petites villes, voire villages. Arnaud Montebourg a même été « accueilli » à Düsseldorf en Allemagne par une dizaine de manifestants en poussette lors de son déplacement diplomatique.

Dans la plupart des grandes villes de France et des villes à forte culture catholique, comme Compiègne ou Vannes par exemple, les mobilisations se tiennent tous les deux ou trois jours et de plus en plus quotidiennement.

A Paris, Lyon, Versailles et quelques autres villes, la mobilisation prend un tour de plus en plus radicale avec des échauffourées systématiques avec la police en fin de manifestation, des tentatives d'occupations de la rue ou d'espaces publics symboliques comme la place des Invalides à Paris, des attaques contre des lieux gays et lesbiens ou des locaux de membres de la majorité de gauche.

Pour prendre l'ampleur de la mobilisation, il nous suffit de dresser une liste non-exhaustive des actions ayant eu lieu depuis une semaine :

 

Benoît Hamon a été « accueilli » par des manifestants à Flers puis à Mortain lors de son déplacement du 18 avril en Sud-Manche.

Le déplacement de Vincent Peillon à Créteil le 18 avril a été perturbé par des manifestants.

Il y a eu un rassemblement de 200 à 300 personnes devant la sous-préfecture d'Angers pour le déplacement de François Hollande le 17 avril.

La gare de Rennes a été occupée par une centaine de personnes pour tenter de bloquer Jean-Paul Delevoye le président du Conseil Economique, Social et Environnemental – qui avait refusé la pétition de 700 000 signatures que lui avait remis les organisateurs de la « manif pour tous », puis au lycée catholique de l'Assomption où il donnait une conférence.

Le mardi 16 avril Délphine Batho a été chahutée à Cavaillon lundi 16 avril, Manuel Valls à la Cité Universitaire de Paris et Michèle Delaunay à Montpellier.

Le 15 avril, une dizaine de manifestants avec des poussettes accueillaient Arnaud Montebourg en Allemagne lors de son déplacement diplomatique à Düsseldorf.

Le 15 avril, le déjeuner dans un grand restaurant du centre de Paris de Jean-Marc Ayrault et Pierre Moscovici a été perturbé par des dizaines de manifestants.

Le 13 avril, des centaines de manifestants, d'une vingtaine d'années pour la plupart, ont harcelé toute la journée Caroline Fourest qui était venu participer à un débat à Nantes – alors que Najat Vallaud-Belkacem avait, elle, préféré annuler sa participation. Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés devant la Cité des Congrès de Nantes tandis que 70 d'entre eux perturbaient le déroulement du débat au point qu'il soit annulé. Puis les manifestants ont suivi Caroline Fourest jusqu'à la gare où ils ont tenté de l'empêcher de rentrer dans son train, puis ont occupé les rails pendant 45 minutes. Son train a enfin été bloqué à Paris par d'autres manifestants.

Des occupations des rails de chemin de fer ont eu lieu dans plusieurs villes de France. Ont eu lieu aussi plusieurs opérations de blocage de rond points comme à Lyon ou à Paris au rond-point de l'Etoile (le plus gros de Paris) tous les soirs depuis le 16 avril.

Des manifestations en voitures avec klaxon et des « opérations escargots » ont eu lieu dans un grand nombre de villes comme à Bourges, Lille, Lyon, Nantes, Vannes, Périgueux, Avignon, etc.

Des actions d'agit-prop ont fleuri un peu partout avec les actions des « Homens » - des hommes qui parodient le groupe petit-bourgeois décadent FEMEN en se mettant torses nus, avec des masques blancs et se peignant des slogans hostiles au projet de loi sur le corps - la gréve de la faim entamée par le « collectif des mères » à Nanterre ou des déploiements de banderoles sur les ponts d'autoroute.

Les militants du Printemps français ont recouvert d'affiches le « Printemps des Assoces » - un salon des associations organisé par l'inter-LGBT de Paris- en filmant leur action et la postant sur youtube début avril. Depuis ce genre d'action s'est répété plusieurs fois comme par exemple avec le tagguage des locaux de la fédération PS de Maine-et-Loire.

Des manifestations quasi-quotidienne ont eu lieu dans la plupart des préfectures et sous-préfectures de France allant de la dizaine de manifestants à plusieurs milliers.

A Versailles des manifestations sont organisées quotidiennement depuis le 16 avril, avec le Château de Versailles comme point de départ très symbolique et avec chaque jour plus de monde et chaque jour des échauffourées avec la police.

A Paris, le rassemblement devant le Sénat le 12 avril a eu tellement de succès qu'il s'est transformé en manifestation sauvage puis en course-poursuite avec la police dans le Quartier Latin. De la même manière, à Lyon le picnic prévu au départ s'est transformé en manifestation sauvage.

Le dimanche 14 avril, une manifestation de plusieurs milliers de personnes a eu lieu dans les jardins du Luxembourg aux abords du Sénat et s'est terminée en échauffourées avec la police qui a dû charger pour faire sortir les manifestants du parc. Le même soir, une centaine de jeunes tentaient d'installer un campement devant l'Assemblée Nationale avant de se faire arrêter.

Le 16, le 17 puis encore hier soir le 18 avril des manifestations étaient organisées en direction de l'Assemblée Nationale par la « manif pour tous ». Avec à chaque fois des tentatives d'enfoncer les barrages policiers pour rentrer dans l'Assemblée Nationale. Les élus de droite et d'extrême-droite les ont systématiquement soutenus, y participant même pour un certain nombre d'entre eux voire participant aux actions offensives. Elles ont toutes été suivie par des échauffourées entre les groupes fascistes et la police dans les rues de Paris et des tentatives d'occupation des Invalides par les « veilleurs pour la famille », de plus en plus nombreux à chaque fois et mettant en place une stratégie de « désobéissance civile » systématique avec la police. Les « veilleurs » étant rejoint par certains députés dont Marion Maréchal-Le Pen accueillie en héroïne de la jeunesse.

Le mouvement prend une telle dynamique que la grande manifestation nationale initialement prévue pour le 26 mai a été avancée au 5 mai et que les organisateurs de la « manif pour tous » ont appelé à des mobilisations nationales les 21 et 28 avril.

La gauche et l'extrême-gauche peuvent bien continuer à  minimiser les choses, cela est tout bonnement historique !

Une mobilisation réactionnaire offensive portée par des centaines de milliers de personnes et une partie de l'establishement, cela n'a pas été vu en France depuis les années 30 !

Cette accélération du mouvement est le signe que les réactionnaires se savent portés par une spirale ascendante. Ainsi les derniers sondages montrent un retournement dans l'opinion sur la question du droit au mariage pour les personnes homosexuelles, montrant ainsi que les réactionnaires sont en train de gagner l'hégémonie culturelle au sein des masses.

Il ne faut pas s'y tromper, nous ne sommes pas là face à un mouvement « démocratique », mais bien face à un mouvement chauvin, réactionnaire et profondément bourgeois dans sa culture et sa direction. On voit d'ailleurs cela très clairement dans le slogan lancé face aux policiers : « CRS EN BANLIEUE, CRS EN BANLIEUE ».

On a ainsi une génération complète de militants qui a Marion Marechal-Le Pen comme porte-voix, qui est en train d'apprendre chaque jour à s'organiser de manière offensive et militante. Une génération de « rebelles » réactionnaires qui se forge une culture contestataire basé sur l'absorption d'une partie de l'altermondialisme et le national-catholicisme.

Nous sommes face à un mouvement poussé par la partie réactionnaire de la bourgeoisie qui ne veut plus partager le pouvoir et remettre de l'ordre ; un mouvement porté par plusieurs millions de personnes où se côtoient comme des propositions équivalentes les forces conservatrices classiques et les forces fascistes les plus dures. Les réunions, les discussions, les actions pullulent ; tout ceci servant d'incubateur au mouvement fasciste qui est en marche vers le pouvoir.

Au-delà même de la mobilisation à proprement parler, ce mouvement aura permis comme nous l'avions analysé de lancer une grande vague d'homophobie dont le tour génocidaire a déjà été annoncé par le tabassage en règle d'un couple gay à Paris le mois dernier et par l'attaque violente fomentée par quatre skinheads néo-nazis contre un bar gay à Lille.

Voilà à quoi il faut se préparer pour les mois et les années qui viennent : un mouvement fasciste large, organisé, offensif, porté par une part des masses et une large part de la bourgeoisie et prenant un tour de plus en plus agressif et génocidaire.

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