2 avr 2012

Jamel Debbouze méprise les masses en relativisant les actes de Mohamed Merah

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Jamel Debbouze a déclaré récemment au journal France Soir

« C'est terrible ce qu'on est en train de faire avec cette histoire de Toulouse.
Au lieu de dire que Mohamed Merah est un marginal, que son acte est un acte isolé, on lui donne une idéologie qu'il n'avait pas au départ, c'est certain.»
Nous l'expliquons depuis le début, ce point de vue est totalement erroné. Son acte n'est pas isolé mais il est le produit de l'antisémitisme qui pénètre la société. Et surtout, l'antisémitisme de Mohamed Merah ne sort pas de nulle part mais il est particulièrement constitutif de l'idéologie islamiste salafiste dont il se réclamait.
 
Mais en fait cela, Jamel Debbouze en a bien conscience, c'est pour cela qu'il tente une sorte de pirouette intellectuelle en ajoutant ensuite :
« Je les connais les Mohamed Merah, il y en a plein des Mohamed Merah mais qui ne deviennent pas des Mohamed Merah. »
Cela peut sembler incohérent: soit il est « un marginal », soit « il y en a plein des Mohamed Merah ». Mais en fait, ce que veut signifier Debbouze ainsi, c'est que l'antisémitisme existe bel est bien dans les masses populaires, et dans les masses arabes pour cette forme particulière. Mais il veut préciser que tous les individus ne passent pas à l'acte comme l'a fait Merah, et que donc cela ne servirait à rien d'en parler autant, de cristalliser les critiques autour de ces actes barbares.
 
C'est une logique relativiste.
 
Il précise donc ensuite : 
« Là, on est en train de mettre dans la tête de jeunes qui ont le potentiel de Mohamed Merah de devenir des Mohamed Merah.
Car, d'un coup, ce Mohamed Merah a défié le Raid tout entier. Pour certains imbéciles, il y a une espèce de fierté et ils en font une sorte de héros. C'est là où c'est grave, où c'est dangereux. La récupération est terrible ! Par Marine Le Pen, par exemple. »
Mais ce point de vue est absurde. Ce qui a produit les actes barbares de Mohamed Merah, c'est cette forme d'anticapitalisme romantique qu'est l'antisémitisme et qui existe dans les masses. Dire que ce serait le fait de le dénoncer qui le créerait revient à retourner la situation. Ce serait comme penser que c'est l'hygiène qui produit les maladies, ce serait réactionnaire (même si, comme nous sommes dialectiques et que nous savons que rien ne peut être unilatéral, nous savons que trop de stérilité fragilise les corps par rapport aux maladies justement, etc.).

Par contre, il est vrai que le racisme anti-arabe est particulièrement fort en France et qu'il pousse en ce moment comme toutes les formes de racisme en période de crise du capitalisme. Et il est tout aussi vrai que les fascistes, dans la lignée de Marine Le Pen, profitent de cet événement pour pousser la division des masses.
 
Mais ce n'est pas en niant la réalité qu'on la combat. Jamel Debbouze n'a pas confiance dans les masses populaire, il ne croit pas qu'elles sont capables de tout comprendre. C'est sa position typique d'humoriste traduisant la réalité de manière simpliste, tout en vivant lui-même dans les beaux quartiers.
 
Or, selon nous, ce qui compte c'est que les masses aient des perspectives positives pour l'avenir, qu'elles trouvent dans la compréhension rationnelle des événements une forme, une piste, une voie pour améliorer le quotidien et allez de l'avant.
 
Le point de vue anti-prolétaire de Jamel Debbouze est en fait typique de sa position d'artiste ayant réussit dans le show-business et qui vit maintenant dans un tout autre monde. Cela est très clair quand il dit : 
« Or, c'est con d'instrumentaliser un truc qui peut avoir des conséquences aussi dramatiques. Ils ne s'en rendent pas compte car ils ne connaissent pas la banlieue, ils ne savent pas dans quel marasme sont ces gens-là qui vivent des frustrations permanentes.
 
N'importe quel frustré est un malade potentiel. On le sait. N'importe qui peut basculer. 
Je me demande d'ailleurs comment le monde reste aussi équilibré. Les gens devraient être encore plus fous que ça. Mais ça va, ça tient pour des raisons qui nous échappent. »
Voilà qui est clair... et méprisant ! Selon lui, les masses sont incapables de penser ce qu'elles pensent, et Mohamed Merah aurait été incapable de croire vraiment en ses idées mais ne pourrait qu'être influencé ou manipulé

Ce genre de discours relativisant est assez répandu. Il est aujourd'hui assez courant de la part de toute une série de personnes issues des banlieues populaires et à l'idéologie sociale-démocrate molle  (par exemple les rappeurs Rost et Axiom) de relativiser de fait la portée antisémite et barbare du massacre de l'école toulousaine en mettant en avant un discours victimisant à propos des personnes vivants dans les banlieues populaires
 
En croyant la certainement la combattre, ce genre de point de vue accentue la crispation qui est vécue par les masses populaires, notamment les masses filles et fils d'immigrés arabes et africains. Cela empêche de saisir la réalité à bras-le-corps et de faire avancer les positions progressistes au sein du peuple. 
 
Mais par dessus tout, ce type de raisonnement réactionnaire « sans le vouloir » est le témoin de la décomposition du prolétariat, de l'absence criante d'un Parti Communiste authentique en France qui soit capable de porter la civilisation et de faire vivre un véritable point de vue démocratique – progressiste. C'est pour cela que le PCMLM existe, pour combler ce manque, pour que triomphe enfin le socialisme contre la barbarie produite par le capitalisme en crise.
 
Sans cela, social-démocratie et fascisme s'appuient l'un et l'autre, et la barbarie triomphe immanquablement!
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