4 nov 2011

Koh-Lanta, le fascisme en prime time

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Koh-Lanta est actuellement l'émission récurrente la plus regardée de la télévision. Ce programme existe depuis plus de 10 ans. Chaque diffusion de l'émission bat des records d'audience, même s'il faut rappeler ici que la mesure d'audimat est réalisée à partir d'un millier de foyers équipés d'un appareil spécial. Les chiffres d'audience en millions de spectateurs n'ont donc aucun sens et représentent juste des projections statistiques à partir d'échantillons de téléspectateurs, ce qui n'empêche nullement les multiples commentaires sur l'audimat qui n'ont, en réalité, rien de sérieux.

Néanmoins, Koh-Lanta constitue un phénomène de notre époque caractérisée par la progression du fascisme sous fond de crise générale du capitalisme.

Car Koh-Lanta est indéniablement une émission fasciste en raison de la vision du monde que cette émission propage.

Dans Koh-Lanta, des candidats sont envoyés sur une île et le but consiste à « survivre » dans des conditions « extrêmes ». Le programme est parsemé d'épreuves pour tester la résistance des candidats et donner une « immunité » aux vainqueurs les préservant d'une élimination. Chaque émission s'achève justement par une « séance du conseil » où les candidats décident d'éliminer l'un d'entre eux.

Koh-Lanta joue sur un folklore réinventé en donnant des noms de tribus aux deux équipes qui s'affrontent. Le programme est aussi l'occasion de flatter la France « du terroir » dans sa dimension arriérée « sociale-féodale » et mystique. Ainsi, lors de l'émission du 21 octobre, une candidate expliquait face caméra qu'elle avait trouvé précédemment un « collier d'immunité » en priant Saint-Antoine (le « patron » des objets perdus). La suite coule de source : elle se met à prier Saint-Antoine une nouvelle fois et, bien entendu, trouve encore le fameux « collier d'immunité »... la moralité suggérée de toute la séquence étant qu'il faudrait s'en remettre à la religion.

La même mystique s'est exprimée lors de l'émission du 28 octobre lors d'une épreuve de résistance où le vainqueur regarde longuement le ciel et embrasse sa médaille.

Plus généralement, Koh-Lanta met en exergue les stratégies d'élimination, les dissimulations et les manœuvres « machiavéliques » que les règles du jeu décidées par la production encouragent.

Koh-Lanta est en réalité une émission produite par la perte de contact avec la nature de l'humanité dans le capitalisme. Mais Koh-Lanta est une émission réactionnaire qui promeut l'idée d'un retour à la nature où les candidats, rebaptisés « aventuriers » ne doivent pas vivre en harmonie avec la nature mais au contraire l'affronter.

Koh-Lanta reproduit ainsi le schéma classique du fascisme de l'être qui fait face à la nature.

Nous, communistes, affirmons au contraire que l'être humain est une composante de la biosphère, vit à l'intérieur de la nature et doit retrouver le chemin du bonheur naturel pour mener une vie facile.

L'idée maîtresse de Koh-Lanta repose sur la notion de survie en milieu hostile. Dans Koh-Lanta, les individus cherchent à se surpasser pour devenir eux-mêmes, ce qui correspond complètement à une conception fasciste selon laquelle la vie doit être éprouvée.

L'émission Koh-Lanta représente une énorme boursoufflure de la société capitaliste dénaturée. Elle propose de tester la capacité de survie de candidats mais, en réalité, elle crée de toutes pièces une mise en scène totalement artificielle.

Sur notre planète, il existe réellement des peuples qui vivent sur des territoires reculés. Mais ces peuples ne fantasment pas sur le concept de survie, le principe de loi du plus fort, et la compétition individualiste (« Il ne peut en rester qu'unE ») que sous-tend l'émission. Au contraire même, ces peuples ont souvent une structure sociale égalitaire et un profond respect pour la nature issus du communisme primitif. Pour vivre en harmonie avec la nature, il ne faut nullement d'instaurer la loi du plus fort et d'éliminer les plus faibles mais bien de planifier l'existence de tout un chacun pour partager au mieux les ressources disponibles. Il ne s'agit pas de sur-vie mais bien de vie et de bonheur naturel.

Bien entendu, en tant que révolutionnaires, nous ne souhaitons pas imiter ces cultures car nous sommes tendus vers l'avenir : nous sommes pour le dépassement du capitalisme (et non un retour artificiel à la la nature) pour construire une société futuriste (et non pas passéiste) en harmonie avec la nature.

Du reste, dans de véritables conditions extrêmes subies, il n'existe pas d'autres moyens de survie que la planification et l'organisation en communauté. Par exemple, les 33 mineurs chiliens de Copiapo ont réussi à survivre pendant 69 jours à près de 700 mètres de profondeur précisément car ils ont su collectivement s'organiser et se rationner.

Tel n'est pas le message de Koh-Lanta qui défend une approche social-darwiniste reposant sur l'élimination des plus « faibles » et l'exaltation des « forts » qui seuls peuvent prétendre devenir l'ultime survivant.

Les épreuves de Koh-Lanta viennent encore renforcer l'artifice fasciste de « la survie en milieu hostile ». Le fait d'affronter une nature hostile se traduit notamment dans l'émission par une de ses épreuves la plus connue, à savoir « la dégustation ». Il s'agit de présenter aux candidats de la nourriture peu habituelle pour eux (mygales, yeux de barracuda, etc.) et de les contraindre à l'ingurgiter en un minimum de temps. Cette épreuve est censée tester la volonté de survie des candidats qui doivent se montrer « prêts à tout » pour « rester dans l'aventure ».

Là encore, Koh-Lanta construit un artifice pour bourgeois et petit-bourgeois en mal de sensations. Pour beaucoup de peuples sur la planète, la nourriture n'est pas un jeu pour éprouver des sensations fortes mais un besoin quotidien rempli en fonction des conditions spécifiques de l'environnement. Dans ces contextes particuliers, il n'y a aucune notion de cruauté envers les animaux.

Mais ce n'est pas le cas de Koh-Lanta qui véhicule ici l'idée d'une domination de la nature. Selon cette vision fasciste du monde, les animaux ne sont que des accessoires à la libre disposition des humains et il est donc concevable de les tuer pour le seul plaisir de se sentir dans la peau d'un guerrier qui n'a peur de rien. D'ailleurs, dans un climat tropical, les candidats de Koh-Lanta ne sont jamais montrés en train de manger des fruits alors que la pêche occupe une large part de l'émission.

Koh-Lanta est une émission qui ne peut exister que si les êtres humains ont perdu tout contact réel avec la nature. Avec Koh-Lanta, le capitalisme profite de cette dénaturation de l'être humain pour produire un « spectacle » célébrant la loi du plus fort et une conception fasciste du monde.

La révolution socialiste fera reculer le béton des villes pour que les humains se sentent comme partie intégrante de la biosphère et puissent s'épanouir dans un bonheur simple avec la nature.

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