21 nov 2011

Marine Le Pen 2012, un programme où la supercherie est typiquement française

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Contrairement à ce qu'elle prétend, Marine Le Pen ne s'embarrasse pas avec la cohérence. Ce qui l'intéresse c'est de mobiliser autour de son projet fasciste. Mais lorsque l'on cherche à s'attirer la sympathie des masses alors que l'on n'a pas de contenu réellement populaire, les contradictions sautent aux yeux.

 

C'est cela dont nous allons parler, brièvement aujourd'hui, et au fur et à mesure en long, en large et en travers.

 

Nous communistes, voulons résoudre la contradiction travail manuel/travail intellectuel, la contradiction villes/campagnes.

 

Marine Le Pen fait, elle, semblant de s'attaquer à ces contradictions... Ce qui est intenable et saute aux yeux quand on regarde sa démarche.

 

Prenons un exemple. Sur la dizaine de photographies accessibles sur son nouveau site de campagne dévoilé ce week-end, on voit côte à côte des images de Marine Le Pen avec un chat (histoire de se la jouer « amie des animaux ») et d'autres de Marine Le Pen prenant l'air sérieuse ou bien souriante devant des cadavres d'animaux (une fois au MIN de Rungis, lors de son opération de communication du 21 septembre où elle s'adresse à des bouchers, l'autre fois sur un marché où elle salue chaleureusement une personne vendant des cadavres de poissons).

 

Alors elle peut bien faire semblant de vouloir tenir compte de la « souffrance animale », comme elle l’affirme en introduction de la partie « Écologie, sécurité alimentaire et industrielle, protection animale » de son programme, le fait est qu'elle est incapable d'assumer et de se plier aux exigences que demandent la prise en compte des animaux.

 

Ce qu'elle veut, c'est faire semblant d'apparaître comme proche des masses et de leur valeur, tout en soutenant les capitalistes.

 

Voilà ce Marine Le Pen entend par « La protection animale » :

« La législation concernant l’élevage en batterie sera revue afin d’offrir un espace vital décent aux animaux ; un crédit d’impôt aidera les éleveurs à transformer leurs installations en conformité avec les nouvelles normes.

L’interdiction de l’abattage des animaux destinés à la consommation sans étourdissement préalable, qui s’impose pourtant à la France, sera respecté.

La législation concernant les expérimentations sur des animaux sera durcie, notamment pour les cas où la recherche permet de les éviter.

Les programmes de lutte contre l’abandon d’animaux de compagnie seront soutenus par l’octroi par l’Etat de plages de publicité gratuites sur le service public audiovisuel, et un soutien accru aux associations engagées dans ce combat. »

Cela est totalement incohérent, on ne peut pas dire que l'on veut protéger les animaux et en même temps aménager les conditions de leur exécution massive (« élevage en batterie », « abattage », « expérimentations sur les animaux »).

 

D'ailleurs, ce ne serait même pas à l'industrie de payer les aménagements, mais aux masses, ce qui en fait est uniquement un prétexte pour que les masses paient pour la modernisation du capitalisme!

 

De la même manière, cela est totalement incohérent de prétendre vouloir lutter « contre l’abandon d’animaux de compagnie » mais de ne pas entreprendre d'interdire les animaleries, c'est à dire l’esclavage et la vente d'êtres vivants, notamment à crédit.

 

Tant qu'un animal n'aura aucune valeur à part celle marchande de quelques euros (voire de quelques centaines), il y aura des abandons.

Seul un rapport communiste au monde et à la vie peut changer la situation.

 

Mais Marine Le Pen n'entend pas choisir entre l'industrie du meurtre de masse d'animaux d'un coté et le sentiment populaire d'affection pour les animaux de l'autre. Et elle ne veut pas non plus se couper des traditions réactionnaires françaises. Alors elle réussit l'exploit de faire cohabiter une « conseillère à la protection animale» avec un « conseiller à la chasse ». Plus que de l'incohérence, c'est carrément de la supercherie.

 

Mais, il est vrai, une supercherie typiquement française!

Un soit disant avenir

Sur son nouveau site, Marine Le Pen présente son projet 2012 en parlant d'avenir.

« J’ai voulu mettre l’accent sur ce qui doit changer. La France et les Français ont soif de changement, ils aspirent à une espérance en l’avenir, celui de leurs enfants et de leurs petits-enfants. Chacun des thèmes de mon projet présidentiel répond à cette exigence, dans tous les secteurs de notre vie publique : l’économie, le social, l’emploi et le pouvoir d’achat, la sécurité, l’immigration, les valeurs, la reconstruction républicaine, l’innovation. »

Pourtant, c'est bien vers le passé qu'elle se tourne quand elle se présente de manière intime dans un entretien vidéo présent après sa biographie sur le site.

 

On y voit une mise en scène totalement folklorique dans la maison de campagne familiale avec le feu de cheminée et les vieux outils en arrière plan, l'évocation de ses souvenirs d'enfance avec le sol en terre battue et un seul point d'eau, l'énumération des ses aïeuls marins-pêcheurs ou paysans, la naissance de son père dans cette maison, etc.

 

Marine Le Pen met en avant ses « racines » à la manière identitaire, elle fait part d'un attachement « charnel » à son territoire, son identité. C'est du Maurice Barrès dans le texte. Elle prouve là son caractère profondément réactionnaire, typiquement fasciste.

 

Parler d'avenir tout en faisant l'apologie de la France profonde, enracinée et tranquille, cela ne tient pas, c'est totalement incohérent.  

L'arnaque du discours anti-système

Marine Le Pen aime à se présenter comme n'étant pas comme les autres et prétendre représenter le changement face aux « carriéristes qui nous gouvernent » (discourt de présentation du projet).

 

Mais lorsque l'on regarde d'où viennent les membres de son équipe de campagne, la supercherie saute aux yeux encore une fois. Toutes et tous, ou presque, sont soit des cadres de l’appareil d’État français, soit des chefs d'entreprises ou des cadres commerciaux.

 

Rien que sur les cinq porte-paroles de la campagne, on trouve deux avocats, une ancienne cadre commercial à Air France-KLM et un Haut fonctionnaire, diplomé d'HEC, ancien de l'ENA. Le palmarès du cinquième, Paul-Marie Coûteaux, étant lui encore plus « impressionnant » : collaboration dans des ministères, coordination du sommet franco-africain de Rabat en 1988, présence au cabinet du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies de 1991 à 1993, chargé de mission au cabinet de Philippe Seguin alors Président de l’Assemblée Nationale en 1993, etc.

 

Et sur les 28 membres du bureau de campagne, plus d'une personne sur trois exercent dans le domaine du droit (avocat, juriste, docteur en droit, etc.)

 

Cela n'est pas étonnant, Marine Le Pen n'entend pas renverser la superstructure impérialiste française, son rôle est de restructurer l’appareil d’État pour justement relancer l'impérialisme français, de manière ultra-agressive.

La candidate de l'impérialisme français

« Totalement désarmée par trente d’ans d’inaction et de reculades face à la mondialisation, la France doit revenir dans le jeu des Nations. »

 

Le programme de Marine Le Pen est clair. Pour elle, l'impérialisme français doit affirmer une position dominante sur la scène internationale. Elle représente les intérêts de la partie la plus agressive de la bourgeoisie française, celle qui rêve de devenir toute puissante. L'arrière plan du programme de Marine Le Pen est simple : c'est la guerre impérialiste.

« Parce qu’il ne peut y avoir de grande Nation sans grande armée, notre politique de défense se doit d’être à la hauteur de notre ambition nationale et internationale. »

Et cette « ambition » est soutenue par des propositions bien concrètes.

« Revenir à un effort de défense suffisant en parvenant progressivement sur cinq ans à 2% du PIB nécessaire à la pérennité des programmes, à la modernisation des matériels et au maintien des effectifs. »

 

« Organiser une Garde Nationale de 50.000 réservistes hommes et femmes, sur l’ensemble du territoire (Outre-Mer compris) et mobilisable dans un bref délai. »

 

« Reconstituer les filières industrielles de la Défense, notamment en coopération avec certains partenaires européens, y compris la Russie. Un tel effort sera bénéfique pour l’économie du pays et les nombreuses entreprises du secteur. »

 

« Sur le plan des matériels, les programmes en cours de modernisation des équipements seront poursuivis et de nouveaux programmes stratégiques seront lancés, en priorité dans le domaine spatial, où les compétences enviables que la France avait acquises dans les 25 premières années de la Vè République sont aujourd’hui en jachère, notamment la coopération franco-russe en ce domaine doit être relancée. »

Et les orientations stratégiques sont clairement définies. D'abord contre l'Asie :

« Face à la montée en puissance des marines asiatiques, et compte tenu de notre espace maritime (le deuxième après les Etats-Unis), un effort s’impose quant à nos bâtiments de surface, nos sous-marins d’attaque, et un deuxième porte-avions. »

Mais aussi contre l’ennemi historique de la bourgeoisie impérialiste française, l'impérialisme américain, et donc l'OTAN :

« Recentrer notre stratégie et assurer notre indépendance. Il faut que la France soit en mesure de défendre par elle-même ses intérêts et de garantir sa sécurité. Pour cela, il faut dénoncer la participation de la France au commandement intégré de l’OTAN. »

L'enjeu de cette guerre impérialiste vers laquelle Marine Le Peuple veut entraîner les masses populaires de France est simple. Il s'agit du contrôle des ressources économiques de la planète, comme elle le présente elle même :

« Au-delà de sa seule dimension militaire, la politique de la mer, sera, pour la France de demain, une priorité absolue. Les sources d’énergie, mais aussi d’alimentation du futur sont dans les mers et les océans. Les enjeux de souveraineté maritime de l’Arctique jusqu’à l’Antarctique, vont se radicaliser, d’où le caractère crucial d’une puissante flotte de guerre française. Nos territoires d’outre-mer, notre tradition de droit international, nous prédisposent à devenir une puissance de médiation dans le domaine maritime. »

Le poison nationaliste

Marine Le Pen n'est pas au service du Peuple, son rôle est de mobiliser les masses derrière ce projet ultra-agressif de restructuration de l'impérialisme français.

 

Pour cela, elle doit à tout prix convaincre qu'elle porte un projet social pour les masses populaires. Son but est donc d'essayer de faire croire que l’intérêt populaire réside dans la défense de la Nation. Sa tactique consiste alors à mélanger subtilement intérêts nationaux et préoccupations sociales. En tant que fasciste, Marine Le Pen veut faire rimer « social » avec « national ».

 

Et tout au long de son programme l'État apparaît comme l'élément principal de l'unité nationale. Un État dans une version particulièrement agressive, ultra-centralisé et omniprésent comme le montre toute la partie de son programme intitulé « État fort ».

« Mon projet fixe un cap pour la France. Sa cohérence, c’est le rétablissement partout de l’autorité de l’Etat, face aux puissances d’argent, aux communautarismes, aux féodalités et à l’effondrement de la morale publique. »

La vision de l'État qu'a Marine Le Pen est un appareil ultra-rigide régi par des sortes de super-administrateurs totalement soumis.

«Dans le cycle de formation des fonctionnaires des trois fonctions publiques, l’accent sera mis sur le sens de l’Etat et le patriotisme. »

 

« L’Ecole Nationale d’Administration (ENA) veillera en particulier à recruter des hauts fonctionnaires patriotes, ayant le sens de l’État. » 

Le programme de Marine Le Pen n'a absolument aucun contenu démocratique, d’ailleurs la partie consacrée à cela est absolument vide de sens. Là encore Marine Le Pen essaye de masquer son absence de contenu sur le sujet en habillant la forme. Son but est de confondre démocratie et nationalisme. Pour elle la « démocratie » est un prétexte pour s'en prendre à l'Union Européennes et mettre en avant la souveraineté nationale, et en fait l'État.

 

Enfin, à part expliquer comment « alléger le coût du travail » et prétendre vaguement favoriser la hausse du pouvoir d'achat, Marine Le Pen n'offre aucune perspective concrète aux masses populaires qui subissent la crise du capitalisme. Ses promèsses de ré-industrialisation auxquelles sont sensible une importante partie du prolétariat sont totalement floues. Le programme de Marine Le Pen est simplement un ensemble de solutions très techniques pour restructurer l’appareil d’État.

 

L'illusion « sociale » et « populaire » de son programme ne fonctionne que tant que le mythe de la « Nation » comme élément salvateur fonctionne. Tout son programme est articulé autour de cela, la Nation formant l'ossature centrale d'une construction intellectuelle abstraite qui n'a qu'un seul but bien concret : mobiliser les masse derrière le projet impérialiste ultra-agressive de la bourgeoisie monopoliste.

 

Telle est la définition du fascisme.   

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