28 mar 2012

Merah méritait-il la mort ? L'appel de son père, l'instrumentalisation "républicaine" et le jeu "civilisé" de Marine Le Pen

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Merah mérite-il de la compassion ?

Il est évident que dire oui signifie trouver dans son geste une portée « sociale », même détournée. L'antisémitisme sous-jacent à cette logique est évidente.

C'est bien ainsi qu'il faut prendre évidemment le rassemblement d'une trentaine de personne dans le quartier toulousain des Izards (où a grandi Mohamed Merah) pour « saluer » sa mémoire.

L’État bourgeois a eu beau jeu de jouer là-dessus pour se mettre en avant comme « civilisé. »

On a la même chose avec le « scandale » d'hier. L'ensemble du personnel politique bourgeois étatique était en émoi en raison des propos de Mohamed Benalel Merah , père de Mohamed Merah :

« Je vais engager les plus grands avocats et travailler le reste de ma vie pour payer les frais. »

« La France est un grand pays qui avait les moyens d'arrêter mon fils vivant. Ils auraient pu l'assommer avec du gaz et l'arrêter, ils ont préféré le tuer. »

Des affirmations totalement décalées par rapport à la réalité. Et c'est très intelligemment que le personnel politique bourgeois étatique que a protesté, en s'appuyant sur la dynamique de de la « république assiégée. »

Les propos du père sont mis en avant comme une provocation liée à une agression caractérisée du corps national déjà meurtri. Cela permet de nier la question sociale intérieure.

Il est vrai déjà que le père nie la perspective génocidaire, voire de meurtre tout court, pour se placer dans un appel à une « justice » égoïste et absurde. Des gens comme Merah méritent 12 balles dans la peau et rien d'autres.

Cependant, et justement, le personnel politique bourgeois étatique nie également la perspective génocidaire, pour présenter Merah comme simplement un monstre, un élément assiégeant la « république. »

L'Etat bourgeois est dominée par la bourgeoisie traditionnelle, qui entend nier toute contradiction bouleversant la stabilité du régime. Pour cela donc, Merah doit « disparaître. »

Juppé dit : « Si j'étais le père d'un tel monstre, je me tairais dans la honte », Guaino le conseiller du président a expliqué : « C'est son droit, mais je n'ai qu'un seul mot à la bouche : indécence. »

Guéant (ministre de l'intérieur) a affirmé que "Les propos du père de Mohamed Merah sont particulièrement odieux, indécents. Je voudrais lui rappeler que son fils a tué de sang-froid sept personnes, dont trois enfants exécutés à bout portant en les pourchassant dans une cour d'école. »

Et Sarkozy a fait de même : « Je veux rappeler à cet homme que son fils avait filmé ses crimes, et pris le soin diabolique de faire parvenir ses images ignobles à une chaîne de télévision »

Diabolique : voilà le ton « républicain » au sujet de Merah. Ce dernier n'est même plus antisémite, c'est juste un « fou. » C'est une tactique politique de mobilisation en faveur de la « république unie. »

C'est là une tentative de nier les contradictions, c'est la pratique du veilleur de nuit qui passe dire « dormez braves gens », on veille pour vois.

Paradoxalement et par conséquent et c'est là mortellement dangereux, c'est Marine Le Pen qui reprend la bannière de la civilisation, à sa manière.

Pour ce faire, elle se fonde sur les propos sociaux-démocrates du responsable du parti « communiste » français, Pierre Laurent. Ce dernier avait expliqué que

« dans une affaire comme celle-là, la détresse du père, on peut peut-être la comprendre aussi. Mais évidemment, c'est une affaire qui le regarde, je veux dire. Bon, moi je n'ai pas de commentaire particulier à faire sur la détresse du père de ce jeune homme. »

Une remarque apparemment humaniste et en fait totalement décalée et ridicule voire absurde.

Mais ce n'est pas tout, elle est également très utile à Marine Le Pen. Car comme la démarche de Merah n'a plus rien de personnel de par sa dimension, Marine Le Pen a en effet une brèche pour intervenir prétendument au nom de la civilisation.

Elle explique ainsi :

« L’équipe de campagne de Marine Le Pen condamne très fermement cette déclaration nauséabonde de Pierre Laurent. Elle en dit long sur l’état d’esprit de Jean-Luc Mélenchon et de ses soutiens : toujours mépriser les victimes et excuser les criminels.

Jean-Luc Mélenchon et son équipe vont devoir s’expliquer sur leur attitude inique depuis ces attentats terroristes. Sont-ils du côté de la France, de la justice et de la sécurité ? Ou vont-ils continuer à entretenir cette ambiguïté malsaine et encourager, par leur absence de réaction ferme, le développement de l’islamisme radical, du fascisme vert et du terrorisme dans notre pays ? »

Sous-entendu : ces gens sont des naïfs, moi je vois (avec le peuple) les contradictions et je veux les résoudre.

Reprenant le fait que le père de Merah ait été condamné et que son frère soit un islamiste assumé, elle explique d'ailleurs dans son communiqué « La bonne famille Merah » :

« Au nom de la non-stigmatisation, la société française refuse de voir la réalité en face. Si rien n’est fait dans les cinq années à venir pour lutter contre ces clans, la France perdra définitivement la maîtrise de sa sécurité intérieure et sera régulièrement frappée par des actes terroristes. »

C'est là une proposition stratégique, une proposition fasciste, qui triomphera dans les masses si la fausse analyse de la réalité y est suffisamment diffusée, si elle ne se brise pas sur le matérialisme dialectique.

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