16 mai 2012

Le protocole aristocratique de passation de pouvoir entre présidents

Submitted by Anonyme (non vérifié)

La France est une république bourgeoise qui fonctionne de manière quasi monarchique, le protocole aristocratique encadrant la cérémonie de passation des pouvoirs entre les présidents de la République illustrant parfaitement cela.

 

François Hollande qui promettait que le « changement c'est maintenant » et s'est appuyé sur une large dynamique de démagogie social-démocrate montre maintenant qu'il ne changera rien à rien et qu'il s'inscrit totalement dans la tradition bourgeoise française.

 

La bourgeoisie française a bousculé la Noblesse au XVIIIe siècle et fait décapiter Louis XVI en 1793. Elle a fait sa révolution pour remplacer la Noblesse. Mais après cela, elle a gardé et perpétué les codes et les valeurs aristocratiques qui ont façonné la nation française dans sa genèse.

 

Ainsi on a vu ce mardi 15 mai les commentateurs suivre le « cortège » de François Hollande défilant toute la journée à travers Paris, acclamé par la foule. On a vu l'ancien président Nicolas Sarkozy remettre « les clés » de la France à son successeur dans une cérémonie archi rigide où le nouveau président arrive et marche seul sur un tapis rouge, précédé par sa compagne et entouré de militaires habillés d'uniformes semblant avoir traversé les siècles. 

 

On a vu enfin le président du Conseil constitutionnel « introniser » le nouveau président de la République sur fond de Marche Consulaire, la musique à la gloire de Napoléon, et de lustres et d'ornement de murs dorés. Un militaire devant ensuite remettre une sorte de sceaux à François Hollande, l'élevant ainsi « à la dignité de Grand-croix de la Légion d’Honneur. »

 

Cette cérémonie « républicaine » consiste en un véritable couronnement.

 

Ce protocole est tellement rigide et encadré que des commentateurs ont pu s'amuser à relever des évolutions ou bien des « ratés », comme le fait que François Hollande soit rentré directement dans l’Élysée alors que la voiture de Nicolas Sarkozy n'était pas encore partie, ou autres détails ridicules.

 

Mais que dire alors de la cérémonie suivant la passation de pouvoir dans la salle des fêtes du « palais » de l’Élysée ? Nous avions là un tableau digne des pièces de Molière, une vaste comédie mettant en scène les acteurs de la fausse démocratie française.

 

Voilà que les courtisans se massaient autour du président, comme la Cour autour du Roi à Versailles, chacun cherchant à se montrer en bonne compagnie et s'assurant de ses bonnes manières.

 

Le rôle et l’intérêt apportés à la « première dame de France », la compagne du président, contribue aussi largement à conférer ce caractère monarchique à la présidence française.

 

Le président monarque doit « incarner » la France, il doit être au dessus de la France et donc, soi-disant, de la politique. Selon cette logique « apolitique », François Hollande a expliqué qu'il ne s’occuperait plus des affaires du Parti Socialiste et sa compagne se voit attribuer un rôle important pour « incarner » le pays.

 

Valérie Trierweiler assume et assurera parfaitement ce rôle. Elle a d'ailleurs affirmé regretter que celui-ci ne soit pas formalisé par un protocole et a lancé un appel pour trouver un nouveau terme afin de designer la « première dame de France ».

 

La France est une république bourgeoise qui fonctionne de manière quasi monarchique ; elle est administrée par une élite aristocratique qui se connaît, se reconnaît et s'entretient elle-même en recrutant les meilleurs élements issus du peuple.

 

Nous avions évoqué comment François Hollande est lié à la très haute bourgeoisie française notamment par les liens qu'il a pu tisser pendant ses études. De manière tout aussi aristocratique, François Hollande a logiquement désigné des personnes issues de la même promotion de l'Ecole Nationale d'Administration que lui (la promotion « Voltaire » de 1980) à des postes très importants : le préfet Pierre-René Lemas comme secrétaire général de l’Elysée ainsi que Sylvie Hubac comme directrice de cabinet par exemple

 

Ces deux postes souvent méconnus sont très importants pour le fonctionnement de l’État bourgeois, ce sont des fonctions stratégiques. Rien d'étonnant à ce que François Hollande y désigne les siens alors que les ministres sont par contre un peu plus soumis aux attentes de « l'opinion publique ».

 

En respectant ainsi et autant le protocole présidentiel, François Hollande démontre profondément sa nature bourgeoise. Il prouve bien qu'il ne représente aucun changement, ni sur ne plan culturel ni sur le plan politique.

 

Voilà envolées bien loin les terribles illusions dans l’alternance socialiste qu'avaient pu partager des milliers de jeunes, principalement des jeunes en provenance des quartiers populaires de la banlieue parisienne, venus en masse à la Bastille célébrer la victoire de François Hollande le 6 mai dernier.

 

Mais il fallait s'y attendre. Sans un changement de fond sur le plan culturel, sans un bouleversement profond des valeurs aristocratiques de la bourgeoisie française, les masses populaires n'auront rien. Elle n'auront que les miettes de démocratie que la bourgeoisie veut bien lâcher – tant que cela ne bouleverse pas trop son ordre.

 

Mais le spectacle n'a que trop duré, le tonnerre prolétarien gronde à l'horizon ! Que sonne enfin le dernier acte, que triomphe la révolution prolétarienne de cette vieille comédie bourgeoise française !

 

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