6 fév 2012

Quelques réflexions sur le document du MPP

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le dernier document du MPP a attiré l'attention de par sa qualité, et il est toujours bien de faire quelques précisions, de rappeler quelques points.

 

Le MPP est le « Mouvement Populaire Pérou », soit un « organisme généré par le Parti Communiste du Pérou pour le travail à l'étranger. » Ce travail vise en premier lieu à soutenir la guerre populaire au Pérou, mais aussi à aider à la reconstitution des Partis Communistes dans les autres pays.

 

En France, il y a ainsi eu un « Comité Sol-Pérou », puis une section française du MPP. Cette structure informait sur la guerre populaire et avait obtenu un succès relativement important dans la communauté péruvienne de Paris dans la première partie des années 1990.

 

Il faut dire également qu'à ce moment là, aucun média n'oubliait de mener une propagande acharnée contre le « sentier lumineux. »

 

Et d'ailleurs, au moment où la guerre populaire au Pérou avançait, il y a eu bien entendu certains soutiens opportunistes, comme celui par exemple de « Voie Prolétarienne », qui après l'arrestation de Gonzalo en 1992 n'a bien sûr plus jamais parlé de la guerre populaire au Pérou.

 

Cela donne justement paradoxalement cette affirmation dans la plate-forme politique de « Voie Prolétarienne » :

 

« La Guerre Populaire dirigée par le Parti Communiste du Pérou montre le chemin à reprendre vers le communisme, et la voie d’une libération véritable pour les peuples dominés. Le soutien au PCP, même s’il s’accompagne de certaines critiques secondaires, est aujourd’hui une délimitation importante pour les révolutionnaires du monde entier. »

 

Si l'on prend ce critère même, et qu'on voit que « Voie Prolétarienne » a oublié la guerre populaire au Pérou depuis le début des années 1990, alors on doit logiquement en tirer la conclusion que « Voie Prolétarienne » a abandonné sa propre exigence par rapport au « chemin à reprendre vers le communisme. »

 

C'est précisément ce genre d'opportunisme que critique le MPP dans son document, lorsqu'ils expliquent qu'une certaine pseudo solidarité saute d'une guerre populaire à une autre, selon que celle-ci soit « à la mode. »

 

Il faut dire qu'il y a de quoi être dégoûté, du point de vue péruvien, de voir certains se prétendant des amis de la cause de la guerre populaire au Pérou abandonner purement et simplement celle-ci, pour soutenir unilatéralement le prachandisme.

 

Notons ici qu'alors que nous avons critiqué le prachandisme dès 2006, c'est en décembre 2007 que se montre un « comité de Solidarité Franco-Népalais », notamment soutenu par « Voie Prolétarienne. »

 

Cette histoire est exemplaire, car à partir de cette date en France apparaissent des gens se prétendant maoïstes au nom d'une guerre populaire au Népal qui n'existe plus en raison des « accords de paix. »

 

Le dénominateur commun est évidemment la négation des apports de Gonzalo et de la guerre populaire au Pérou. Au mieux cette guerre populaire est saluée et « soutenue », mais jamais en termes d'économie politique son contenu est abordé.

 

Ce que constate également le MPP – nous l'avons fait également, mais ce n'était pas difficile – c'est que les pro-Prachanda se reconvertissent en pro-guerre populaire en Inde.

 

Ces lignes du document du MPP frappent très fort :

 

« Les opportunistes vont suivre et soutenir tout parti ou mouvement qui à l'heure actuelle a le plus d'armes ou obtient le plus de publicité dans la presse bourgeoise - parce qu'ils sont tellement désireux d'une victoire rapide, si désireux d'obtenir des rôles importants pour eux-mêmes comme « grandes personnalités » au sein de la période de leur propre vie, espérant obtenir des postes.

 

Nous, les communistes ne devons pas tomber dans ce piège. Nous devons être préparés pour la guerre prolongée, pour de longues années de lutte, et comprendre que si la ligne idéologique et politique est incorrecte, nos victoires seront en fait pas des victoires du tout. »

 

Il y a ici, au-delà du rejet de l'opportunisme, un rappel de la primauté de l'idéologie. Ici, il n'est pas difficile de voir que la seule présentation et la seule réflexion en France sur la ligne des maoïstes d'Inde, on la trouve chez nous ; de leur côté, les opportunistes soutiennent la guerre populaire « en général », ce qui est anti-politique et surtout abstrait.

 

Et tout cela aide la stratégie de pacification impérialiste. Ici, il nous faut rappeler un document du PCMLM et datant d'août 2006, où déjà il était expliqué que « la ligne de Prachanda sert le révisionnisme moderne et la pacification impérialiste. »

 

Voilà ce qui est y notamment dit :

 

« Il faut être clair : c'est Gonzalo qui a le premier défini la notion de « marxisme-léninisme-maoïsme », c'est le Parti Communiste du Pérou qui a le premier engagé la guerre populaire en se fondant sur cette idéologie.

 

En attaquant les marxistes-léninistes-maoïstes du Pérou et Gonzalo, Prachanda veut réduire le marxisme-léninisme-maoïsme à un « maoïsme anti-stalinien » qui a été l'étendard de tous les pseudos maoïstes d'Europe des années 1970 pour tout liquider, se transformer dans le parti des Verts (écologistes bourgeois), en intellectuels, journalistes, hauts fonctionnaires, etc.

 

Ces pseudos-maoïstes ont fait la même chose que Prachanda fait aujourd'hui, ils se sont fait les apôtres du relativisme : Lénine n'était pas si bien, Staline n'a servi à rien, la révolution culturelle n'a abouti à rien de concret, il faut tout recommencer en partant de la base, l'idéologie est souvent superflue par rapport aux principes démocratiques, etc.

 

C'est le principe classique des intellectuels qui jouent à « appliquer le maoïsme au maoïsme », la dialectique à la dialectique, coupe les cheveux en quatre pour finalement tout liquider.

(…)

Il [Prachanda] contribue subjectivement à la pacification des luttes armées et des guerres populaires dans les pays opprimés, en valorisant les discussions avec des éléments du vieil Etat; il a même ouvertement conseillé aux marxistes-léninistes-maoïstes de profiter de l'exemple népalais.

 

Il soutient objectivement les projets « alter-mondialistes » et « démocratiques populaires » des Chavez, Morales, Lula, bref de toutes ces bourgeoisies moyennes et nationales qui veulent prendre le pouvoir et finissent rapidement par se transformer en bourgeoisie compradore au service des impérialistes du bloc France-Allemagne-Russie, concurrent quotidien des USA dans le cadre de l'affrontement inter-impérialiste.

 

La ligne de Prachanda sert le révisionnisme moderne et la pacification impérialiste. »

 

(Comment évaluer Prachanda dans le cadre de l'affrontement entre révolution et contre-révolution?, août 2006)​

 

Ce qu'il ressort de tout cela, c'est que nous avons raison de ne pas soutenir le prachandisme de 2006 à récemment. Ceux qui ont voulu voir une « ligne rouge » au Népal l'inventent pour essayer de masquer leur opportunisme, et leur « soutien » à la révolution indienne est un pas de plus en ce sens.

 

En ce sens, le document du MPP est très intéressant et ne dit que des vérités, des vérités essentielles, des vérités basiques.

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