29 oct 2011

Réouverture du bolchoï... sans la culture et la civilisation

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Hier 28 octobre 2011, le théâtre bolchoï de Moscou a connu sa réouverture en grande pompe, après six années de travaux entachées de multiples scandales de corruption et de travail bâclé.

 

C'est un exemple significatif de la situation de la Russie, avec un Etat bureaucratique au service d'une oligarchie tentant de maintenir le pays au niveau des pays impérialistes. 

 

La réouverture du Bolchoï est censée montrer que la Russie est encore "au niveau", il s'agit d'un événément de grande portée symbolique, avec un rayonnement international.

 

On pouvait donc voir hier sur Arte une émission spéciale consistant en le « Gala de réouverture »... Alors qu'à Moscou, on trouvait sur le marché noir des places pour ce gala qui se vendaient à pas moins de 50 000 euros!

 

Être présent lors d'un tel événement est "historique" pour quelqu'un qui veut une Russie capitaliste et appartient aux classes dominantes.

 

Tout cela forme un symbole très important en effet, car la réouverture du théâtre bolchoï correspond à une rénovation qui est surtout la liquidation des symboles communistes s'y trouvant.

 

Sur la façade comme sur le rideau, la planète marquée par le marteau et la faucille est remplacé par l'aigle impérial tsariste.

 

C'est un symbole culturel d'une importance extrême.

 

En Russie le théâtre bolchoï est considéré comme le plus prestigieux; on y joue des pièces de théâtre, mais également des des opéras et des ballets.

 

Ce « grand théâtre », comme le signifie son nom (c'est la même racine « bolch » que pour bolchevik, qui signifie « majoritaire »), date de la fin du 18ème siècle, et symbolise le développement de la culture en Russie.

 

De nombreux tsars s'y sont fait couronnés, afin de montrer qu'ils étaient à la tête du progrès de la culture et de la civilisation.

 

 

La révolution de 1917 a prouvé le contraire, et l'URSS a assumé la culture et la civilisation.

 

L'URSS a assumé le meilleur du passé, et compris ce qu'était le réalisme socialiste.

 

Le théâtre bolchoï a donc possédé sous le socialisme une très grande signification symbolique, au point que c'est en son sein qu'a été proclamé la fondation de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques, tout comme le plan d'électrification de l'URSS et enfin sa première constitution.

 

C'est également au bolchoï que se tenaient les congrès du Parti Communiste d'Union Soviétique (bolchévik) et de l'Internationale Communiste, ainsi que les réunions centrales du soviet de Moscou.

 

Lénine y a parlé 36 fois, et même pendant la guerre civile d'après Octobre 1917, en période de pénurie, le bolchoï n'a pas fermé et son équipe est restée intact.

 

Le théâtre bolchoï a reçu l'Ordre de Lénine en 1937, et pendant la seconde guerre mondiale, il n'a pas fermé non plus.

 

Tout cela est dire son importance ! Le théâtre bolchoï est une des expressions les plus élevés du socialisme, de la bataille pour la civilisation!

 

Dans le cadre du socialisme, on y a joué nombre d'opéras, depuis Prokofiev jusqu'à Moussorgski en passant par Tchaïkovsky, de l'opéra « Les flammes de Paris » de Boris Asaf'ev (joué en partie hier au gala d'ailleurs) jusqu'au ballet révolutionnaire « Le pavot rouge » (1927) de Reinhold Glière (Reinhold Glière était un compositeur soviétique révolutionnaire d'une importance extrême en URSS, il a été le dirigeant du comité d'organisation de l'Union des compositeurs soviétiques, et a remporté de nombreux prix Staline).

 

Staline venait également très souvent au bolchoï, étant un connaisseur en matière d'opéra (on peut voir ici une vidéo d'Arte à ce sujet).

 

Enlever les symboles socialistes pour ouvrir un « bolchoï » capitaliste était donc d'une importance vitale pour l'oligarchie russe.

 

Le théâtre bolchoï a désormais des cafétérias, sa superficie a doublé pour passer à 80.000 m², le tout ayant coûté pas moins de 500 millions d'euros officiellement, et un milliard d'euros sans doute !

 

Cela révèle bien le caractère décadent de la réouverture d'un pseudo bolchoï, qui ne sera jamais en mesure de porter la culture et la civilisation.

 

La culture et la civilisation ne sauraient naître « par en haut », à notre époque seul le socialisme peut amener un réel développement. Comment peut-il y avoir de la culture dans une société décadente, avec un mode de production empêchant la vie de se développer ?

 

Et affirmons le : lorsque nous aurons fait la révolution socialiste en France, nous aurons notre bolchoï, nous aurons nous aussi le réalisme socialiste, et ainsi en fait nous n'aurons pas un, mais une multitude de bolchoï, la France entière sera un bolchoï!

 

Citons ici Gorki, le grand écrivain soviétique, qui exprime ce point de vue communiste:

 

Nous détruisons, naturellement, le vieux monde, car il est nécessaire d'affranchir l'homme des restrictions diverses qui limitent sa croissance intellectuelle, de le libérer de la prison des idées nationales, religieuses et de classe, ainsi que de ses superstitions.

Le but principal du processus culturel de l'Union des Soviets est la réunion des hommes du monde entier en un tout unique.

Cette oeuvre est indiquée et commandée par toute la marche de l'histoire de l'humanité ; elle est le commencement de la renaissance non seulement nationale, mais mondiale.

Des individualités comme Campanella, Thomas, More, Saint-Simon, Fourier rêvaient déjà cette renaissance dans un temps où les données techniques industrielles nécessaires à la réalisation de ce rêve étaient encore inexistantes.

Maintenant ces données existent: le rêve des utopistes est fondé scientifiquement, et des masses de plusieurs millions d'hommes s'emploient à sa réalisation.

Encore une génération et, dans la seule Union des Soviets, il y aura près de 200 millions de travailleurs qui opéreront sur ce champ d'action. On croit aveuglément quand on ne veut pas ou qu'on n'a pas la force de comprendre.

L'instinct de classe, la mentalité du petit possédant et la philosophie des défenseurs aveugles de la société de classe font croire aux intellectuels que l'individu est opprimé et asservi dans l'Union des Soviets, que l'industrialisation du pays s'effectue à l'aide du travail forcé, d'une manière analogue à celle qui présida à la construction des pyramides d’Égypte.

C'est là un mensonge tellement évident que, pour l'accepter comme vérité, il faut avoir perdu toute personnalité, être dans un état de dégénérescence et d'épuisement complet au point de vue de l'énergie intellectuelle et du sens critique.

La rapidité de la croissance du nombre des gens talentueux dans toutes les branches de la vie, dans l'art, les sciences et la technique, démontre irréfutablement la fausseté de cette légende sur l'oppression de la personnalité en U.R.S.S. Il ne pouvait en être autrement dans le pays où toute la masse de la population participe à l'oeuvre culturelle.

Sur vingt-cinq millions de «propriétaires privés», paysans presque entièrement illettrés, opprimés par l'autocratie des Romanov et par la bourgeoisie foncière, douze millions ont déjà compris le caractère rationnel et les avantages de l'économie collective.

Cette nouvelle forme de travail libère le paysan de son esprit conservateur et anarchique, ainsi que de la mentalité bestiale propre au petit propriétaire. Elle lui procure des loisirs qu'il emploie à s'instruire. En 1931, en U.R.S.S. cinquante millions d'adultes et d'enfants étudient ; on prévoit, pour cette même année, la publication de huit cent millions de livres ou trois milliards et demi de feuilles d'imprimerie.

Les besoins de la population atteignent déjà cinq milliards de feuilles, mais les fabriques ne suffisent pas à la production du papier. La soif d'instruction croît. En treize ans, plusieurs dizaines d'instituts d'études scientifiques, de nouvelles universités et d'écoles polytechniques ont été créés.

Tous, ils regorgent d'étudiants. Des milliers d'ouvriers et de paysans reviennent en qualité de travailleurs culturels travailler au sein de la masse dont ils sont sortis.

Un Etat bourgeois s'est-il jamais donné pour but l'éducation culturelle de toute la masse du peuple travailleur ? L'histoire répond négativement à cette simple question. Le capitalisme n'a aidé au développement intellectuel des travailleurs que dans la mesure où c'était nécessaire et avantageux pour l'industrie et le commerce.

Le capitalisme a besoin de l'homme en qualité de force plus ou moins chère qui sert à défendre le régime établi. Il n'est pas encore arrivé et ne pouvait pas arriver à la compréhension que le sens et le but de la culture véritable sont dans le développement et l'accumulation de l'énergie intellectuelle.

Pour que cette énergie puisse se développer sans interruption et aider le plus rapidement possible l'humanité à utiliser toutes les forces, tous les dons de la nature, il est nécessaire de libérer le plus possible d'énergie physique du travail inepte et anarchique accompli dans les intérêts étroits et mercantiles des capitalistes, rapaces et parasites de l'humanité travailleuse.

Les idéologues du capitalisme sont tout à fait étrangers à l'idée de l'homme en tant que source immense d'énergie intellectuelle.

Malgré toutes les ruses et fioritures orales, l'idéologie des protagonistes de la soumission de la majorité à la minorité est essentiellement bestiale.

L'Etat de classe est construit sur le type des jardins zoologiques, où tous les animaux sont enfermés dans des cages de fer. Dans l'Etat de classe, ces cages, plus ou moins bien construites, servent à enfermer les idées qui, divisant l'humanité, rendent impossible le développement de la conscience que chaque homme a de ses intérêts, de même qu'elles empêchent la croissance d'une culture réelle unique de l'homme.

Dois-je nier que, dans l'Union soviétique, l'individu est limité ?

Naturellement, non. En U.R.S.S. la volonté de l'individu est limitée chaque fois qu'elle est dirigée contre la volonté de la masse qui a conscience de son droit à l'édification de nouvelles formes de vie, contre la volonté de la masse qui s'est assigné un but inaccessible à un seul individu, quelque génial qu'il soit.

Les détachements d'avant-garde des ouvriers et des paysans de l'Union des Soviets marchent vers leur but élevé en surmontant héroïquement une quantité d'obstacles et d'incommodités d'ordre extérieur.

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