28 oct 2011

Suppressions d'emplois et chômage partiel chez PSA et ArcelorMittal

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le taux de chômage continue de grimper, estimé à près de 1% d'augmentation sur les 12 derniers mois par l’État, avec des bonds faramineux dans certaines régions du pays, + 6,4 % dans l’Aisne ou encore +8,2% en Champagne-Ardenne. Les annonces faites Mercredi 26 Octobre par la direction de PSA Peugeot Citroën ne vont rien arranger au problème. Elle parle d'une suppression de 6000 emplois et au moins 800 intérimaires. Et sans l'ombre d'une gène le groupe faisait part en même temps de l'augmentation du chiffre d'affaire de 3,5%.

Encore une fois, les intérimaires seront en première ligne de ces baisses d'effectif. Le recours aux intérimaires a justement été généralisé par le capital afin de pouvoir exploiter les prolétaires à sa guise et s'en débarrasser quand bon lui semble. 

Mais le recours massif au travail précaire ne suffit pas à la bourgeoisie qui ne se gêne plus pour remettre en cause la garantie que représente le CDI, avec le recours au chômage partiel. C'est le cas par exemple sur une chaîne de l'usine PSA de Mulhouse ou bien à l'usine ArcelorMittal de Fos-sur-Mer. Une partie des employés devraient y être mis au chômage pendant plusieurs jours d'ici à la fin de l'année. Cela sans être payé bien sûr, c'est le principe. 

En cherchant à maximiser son taux de profit, la bourgeoisie intensifie l'exploitation des travailleurs. Mais comment s'y prend-elle pour dégager du profit ? Quelle est la raison de toutes ces réductions d'effectifs ? 

Les richesses ne sortent pas de nulle part, elle n'apparaissent pas par enchantement grâce au bon « génie » des services marketing ou la roublardise avisée des commerciaux. Les richesses, les marchandises donc, sont produites par les prolétaires. C'est en volant les richesses produites par la classe ouvrière que la bourgeoisie peut s'enrichir. 

Dans le mode de production capitaliste, la force de travail des prolétaires est une marchandise qui appartient au capitaliste qui l'emploie. Karl Marx explique ainsi dans le Capital (Livre 1, Section III, chapitre VII) : 

« Le procès de travail, en tant que consommation de la force de travail par le capitaliste, ne montre que deux phénomènes particuliers.

L'ouvrier travaille sous le contrôle du capitaliste auquel son travail appartient. Le capitaliste veille soigneusement à ce que la besogne soit proprement faite et les moyens de production employés suivant le but cherché, à ce que la matière première ne soit pas gaspillée et que l'instrument de travail n'éprouve que le dommage inséparable de son emploi. »

Mais surtout, il est important de comprendre ce que Marx rajoute ensuite :  

« En second lieu, le produit est la propriété du capitaliste et non du producteur immédiat, du travailleur. Le capitaliste paie, par exemple, la valeur journalière de la force de travail, dont, par conséquent, l'usage lui appartient durant la journée, tout comme celui d'un cheval qu'il a loué à la journée. L'usage de la marchandise appartient à l'acheteur et en donnant son travail, le possesseur de la force de travail ne donne en réalité que la valeur d'usage qu'il a vendue. Dès son entrée dans l'atelier, l'utilité de sa force, le travail, appartenait au capitaliste. En achetant la force de travail, le capitaliste a incorporé le travail comme ferment de vie aux éléments passifs du produit, dont il était aussi nanti. A son point de vue, le procès de travail n'est que la consommation de la force de travail, de la marchandise qu’il a achetée, mais qu'il ne saurait consommer sans lui ajouter des moyens de production. Le procès de travail est une opération entre choses qu'il a achetées, qui lui appartiennent. Le produit de cette opération lui appartient donc au même titre que le produit de la fermentation dans son cellier »

La chose est donc très simple du point de vue des capitalistes. Ils achètent de la force de travail afin de la consommer, c'est à dire de mettre des machines et des matières premières dans les mains des travailleurs, afin de produire de nouvelles marchandises. Ou plutôt, au sens strict, d'ajouter de la valeur aux marchandises. En assemblant les pièces d'une automobile, les ouvriers de PSA ajoutent de la valeurs aux marchandises arrivées dans leur main, le moteur, la carrosserie, la transmission, etc.  

Le but de cette manœuvre pour le capitaliste est de produire des marchandises.

« Or, pour notre capitaliste, il s'agit d'abord de produire un objet utile qui ait une valeur échangeable, un article destiné à la vente, une marchandise. Et, de plus, il veut que la valeur de cette marchandise surpasse celle des marchandises nécessaires pour la produire, c'est à dire la somme de valeurs des moyens de production et de la force de travail, pour lesquels il a dépensé son cher argent. Il veut produire non seulement une chose utile, mais une valeur, et non seulement une valeur, mais encore une plus value. »

La « plus-value », là est tout le secret de la production capitaliste. Pour le capitaliste, le travail est donc une marchandise, mais elle est une marchandise particulière puisqu'elle produit de la valeur, elle ajoute de la valeur aux autres marchandises qu'elle transforme. C'est la plus-value. Et le but de les capitalistes est systématiquement d'augmenter le taux de plus-value, d'augmenter son bénéfice réalisé par l'exploitation du travail. 

Nous ne nous étendons pas ici sur le processus de réalisation de la plue-value mais nous y reviendrons prochainement. Contentons-nous de poursuivre en cherchant à comprendre comment le capital  essaye d'augmenter son taux de plus-value. Pour cela il y a deux moyens. D'abord en augmentant la production de plus-value absolue. En augmentant par exemple la durée d'une journée de travail, en réduisant les pauses, en optimisant le plus possible la chaîne de production afin d'éviter les « temps morts », etc. 

Mais les capitalistes cherchent également à augmenter la production de plus-value relative. C'est ce qui se passe ici chez PSA. Reprenons avec le Capital de Marx (Livre I, Section IV, Chapitre XII) :

« Un cordonnier peut, par exemple, avec des moyens donnés faire en douze heures une paire de bottes. Pour qu'il en fasse dans le même temps deux paires, il faut doubler la force productive de son travail, ce qui n'arrive pas sans un changement dans ses instruments ou dans sa méthode de travail ou dans les deux à la fois. Il faut donc qu'une révolution s'accomplisse dans les conditions de production.

Par augmentation de la force productive ou de la productivité du travail, nous entendons en général un changement dans ses procédés, abrégeant le temps socialement nécessaire à la production d'une marchandise, de telle sorte qu'une quantité moindre de travail acquiert la force de produire plus de valeurs d'usage. Le mode de production était censé donné quand nous examinions la plus-value provenant de la durée prolongée du travail. 

Mais dès qu'il s'agit de gagner de la plus-value [..], il ne suffit plus que le capital [...] se contente d'en prolonger simplement la durée. Alors il lui faut au contraire transformer les conditions techniques et sociales c'est-à-dire le mode de la production. Alors seulement il pourra augmenter la productivité du travail, abaisser ainsi la valeur de la force de travail et abréger par cela même le temps exigé pour la reproduire. 

Je nomme plus-value absolue la plus-value produite par la simple prolongation de la journée de travail, et plus-value relative la plus-value qui provient au contraire de l'abréviation du temps de travail nécessaire et du changement correspondant dans la grandeur relative des deux parties dont se compose la journée.»

En clair il s'agit d'intensifier le travail afin d'augmenter la productivité. Mais il s'agit aussi d'augmenter le nombre de machines, d'optimiser l'organisation du travail afin d'exploiter moins de prolétaires par unité de production tout en augmentant la production. On le comprend, « exploiter moins de prolétaire » signifie exploiter encore plus celles et ceux qui ne sont pas licenciés ou envoyés ailleurs, les faire produire une quantité supérieure de valeur mais sans les payer mieux pour autant (et comme l'explique Marx en les payant relativement moins).

Chez ArcelorMittal à Fos-sur-Mer - ou bien lorsque PSA invoque une baisse des commandes - c'est exactement le même processus qui est en cours, sauf qu'il est inversé. En prévision de l'augmentation des prix des matières premières nécessaires à la fabrication de l'acier, les hauts-fourneaux de l'usine de Fos-sur-Mer ont tourné à plein régime afin d'augmenter les stocks et vendre à meilleur marché. Seulement, aujourd'hui la direction affirme que ses clients possèdent des quantités suffisantes d'acier et que la demande va baisser. Il faut donc réduire la production. 

Mais il est difficilement envisageable pour les capitalistes que d'imaginer payer autant d'ouvriers à produire moins de marchandises. Alors, quand cela est possible, ils s'en séparent temporairement, grâce au chômage partiel (et à l'intérim surtout). Cela ne pose absolument aucun problème du point de vue du capitaliste, puisque la force de travail des prolétaires est une marchandise. Quand les capitalistes n'ont plus besoin de telle matière première, il ne l’achètent pas. Ils entendent faire pareil avec les travailleurs, afin de garantir le taux de plus-value et maximiser les profits. 

Seul la force peut permettre à la classe ouvrière de faire plier la bourgeoisie et ses plans machiavéliques. Et fondementalement, seule la mise à mort totale et définitive du vieux mode de production capitaliste pourra permettre aux prolétaires de se prémunir totalement contre les conséquences terribles du travail précaire, du chômage partiel ou des licenciements. 

Il faut bien comprendre que le capitalisme n'est pas aménageable par des choix de production qui serait meilleurs. Le seul aménagement, c'est la dictature du prolétariat, pour mater la bourgeoisie avide de profits et bâtir un monde nouveau. Un monde de progrès, de partage, de science et d'abondance, le socialisme !

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