13 mai 2017

Le vote pour le Front National de Marine Le Pen dans l'Ouest de la France

Submitted by Anonyme (non vérifié)

 

Les régions Bretagne et Pays-de-la-Loire ont largement rejetées Marine Le Pen. C'est un fait majeur de cette élection présidentielle 2017, marquant le clivage géographique entre l'Ouest, le Centre et le Sud-Ouest de la France d'un côté, et le Nord, l'Est et le Sud d'autre part.

Les terres catholiques et traditionnellement marquées à gauche de l'Ouest ont confirmé la tendance politique en cours depuis plusieurs années. Bien que le Front National y progresse sensiblement, Marine Le Pen ne s'est qualifiée au second tour de l'élection présidentielle que dans un seul département (la Sarthe) des neuf que comptent les régions Bretagne et Pays-de-la-Loire. Mise à part la Sarthe, elle a systématiquement été rejetée au second tour avec un score inférieur à sa moyenne nationale dans ces deux régions.

Cependant, le Front National a réalisé une importante percée dans le nord de la Normandie et placé Marine Le Pen en tête des suffrages dans cette région au premier tour. Au second tour elle y réalise un score supérieur à la moyenne nationale avec 38,4 %.

Voici une analyse détaillée des résultats du Front National de Marine Le Pen dans l'Ouest de la France, au premier et au second tour des élections présidentielles 2017.

[Légende pour les scores électoraux : EM = Emmanuel Macron ; FF = François Fillon ; MLP = Marine Le Pen ; JLM = Jean-Luc Mélenchon ; BH = Benoît Hamon ; NDA = Nicolas Dupont-Aignan ; A = abstention ]

 

La Bretagne, orientée à gauche et au centre gauche

Cela n'est pas une nouveauté mais une confirmation, les masses de Bretagne votent majoritairement à gauche ou au centre gauche.

Le résultat de cela est que Marine Le Pen y a fait des scores remarquablement bas par rapport à sa moyenne nationale. Au premier tour elle arrive en 3e position dans le Morbihan et seulement en 4e position dans les trois autres départements bretons, ainsi qu'en Loire-Atlantique.

Toutefois, le FN y est en progression, mais légèrement moins proportionnellement par rapport à la moyenne nationale.

Au second tour, Emmanuel Macron réalise des scores élevés toujours au dessus des 70 %.

 

Morbihan

1er tour

EM 27,86%

FF 20,88%

MLP 17,69% soit 82 927 voix contre 71 715 voix en 2012 (15,55%)

JLM 17,49%

BH 7,33%

 

2nd tour

EM 71,56 %

MLP 28,44 % avec 115 076 voix soit 32 149 voix de plus qu'au premier tour

A 20,32 %

 

Dans ce département plutôt marqué à droite par rapport au reste de la Bretagne, Marine Le Pen n'arrivait en tête des suffrages que dans une seule commune en 2012. Elle arrive en tête dans 57 communes en 2017 au premier tour et dans 4 communes au second tour. Il s'agit de communes rurales, loin de l'activité économique de la côte et peu peuplées. Marine Le Pen gagne plus de 11 000 voix dans le département par rapport à 2012 au premier tours et bénéficie d'un report de voix important au second tour.

 

Finistère

1er tour

EM 29,45%

JLM 19,67%

FF 17,94%

MLP 13,89% soit 77 366 voix contre 67 101 voix en 2012 (11,98%)

BH 10,91%

 

2nd tour

EM 77,33 %

MLP 22,67 % avec 108 890 voix soit 31 524 voix de plus qu'au premier tour

A 20,93 %

 

Ce département est très marqué à gauche. Marine Le Pen y arrive en tête au premier tour dans moins de 10 communes, toutes rurales, et son score est très en dessous de la moyenne nationale. François Fillon n'y est pas qualifié au second tour.

Elle gagne cependant plus de 10 000 voix par rapport à 2012 et bénéficie d'un report de voix conséquent au second tour (mais n'arrive en tête dans aucune commune).

 

Côte d'Armor

1er tour

EM 27,99%

JLM 20,27%

FF 18,38 %

MLP 16,46% soit 61 703 voix contre 51 552 voix en 2012 (13,58%)

BH 8,60%

 

2nd tour

EM 73,47 %

MLP 26,53 % avec 85 554 voix soit 23 851 voix de plus qu'au premier tour

A 19,23 %

 

Ce département est lui aussi très marqué à gauche, mais Marine Le Pen y gagne au premier tour plus de 10 000 voix par rapport à 2012, essentiellement dans des communes rurales. Elle bénéficie aussi d'un report de voix conséquent au second tour (mais n'arrive en tête dans aucune commune).

François Fillon n'y est pas qualifié au second tour.

 

Ille-et-Vilaine

1er tour

EM 30,26%

JLM 19,70%

FF 19,03%

MLP 14,12% soit 84 648 voix contre 71 727 voix en 2012 (12,39%)

BH 8,91%

 

2nd tour

EM 77, 67 %

MLP 22,33 % avec 115 942 voix soit 31 294 voix de plus qu'au premier tour

A 20,40 %

 

En 2012, seulement 5 communes avaient placées Marine Le Pen en tête des suffrages. En 2017, elles sont 69, mais là encore rurales, peu peuplées, et situées dans le centre de la région (où l'industrie agroalimentaire est importante, mais en difficulté). Son score est très en dessous de la moyenne nationale, mais progresse avec près de 13 000 voix supplémentaires par rapport à 2012. François Fillon n'y est pas qualifié au second tour.

Au second tour, Marine Le Pen bénéficie d'un report de voix assez important, mais n'arrive en tête dans aucune commune.

 

Loire-Atlantique

1er tour

EM 28,66%

JLM 21,98%

FF 19,68%

MLP 13,70% soit 111 194 voix contre 94 249 voix en 2012 (12,18%)

BH 8,03%

 

2nd tour

EM 77,14 %

MLP 22,86 % avec 157 184 voix soit 45 990 voix de plus qu'au premier tour

A 21,62 %

 

Les résultats de la Loire-Atlantique montrent clairement son appartenance culturelle, et donc ici électorale, à la Bretagne. Il s'agit là encore une fois d'un département marqué à gauche, avec seulement 25 communes plaçant Marine Le Pen en tête des suffrages au premier tour, et toujours dans des communes rurales et peu peuplées. François Fillon n'y est pas qualifié au second tour.

Marine Le Pen progresse cependant de près de 17 000 voix dans le département par rapport à 2012 et bénéficie d'un report de voix conséquent au second tour (mais n'arrive en tête que dans une seule commune).

 

Autour de la Bretagne, une tendance similaire

La tendance est relativement similaire dans les départements limitrophes de la Bretagne, avec surtout des scores élevés pour le Front National dans les communes rurales isolées. La différence d'avec la Bretagne (sauf le Morbihan) est que François Fillon y est systématiquement qualifié pour le second tour, et avec un score important.

 

Maine et Loire

1er tour

EM 26,51%

FF 23,73%

JLM 17,06%

MLP 16,98% soit 77 935 voix contre 63 252 voix en 2012 (13,88%)

BH 6,44%

 

2nd tour

EM 72,82 %

MLP 27,18 % avec 107 781 voix soit 29 846 voix de plus qu'au premier tour

A 21,36%

 

Mayenne

1er tour

FF 27,06%

EM 26,04%

MLP 16,90% soit 30 465 voix contre 26 930 voix en 2012 (14,77%)

JLM 14,87%

BH 5,69%

 

2nd tour

EM 72,02 %

MLP 27,98 % avec 43 581 voix soit 13 116 voix de plus qu'au premier tour

A 20,79 %

 

Sarthe

1er tour

FF 28,61%

MLP 20,80% soit 67 083 voix contre 62 516 voix en 2012 (19,17%)

EM 20,04%

JLM 17,63%

BH 5,33%

 

2nd tour

EM 63,33 %

MLP 36,67% avec 98 523 voix soit 31 440 voix de plus qu'au premier tour

A 23,30 %

 

Vendée

1er tour

EM 26,26%

FF 25,50%

MLP 18,53% soit 77 590 voix contre 61 859 voix en 2012 (15,18%)

JLM 15,08%

NDA 5,78%

BH 5,10%

 

2nd tour

EM 69,92 %

MLP 30,08 % avec 109 524 voix soit 31 934 voix de plus qu'au premier tour

A 20,05 %

 

Le cas de la Vendée est particulier. Le département est véritablement clivé avec des communes rurales mais industrielles plus favorables à Emmanuel Macron, au contraire de la côte (économiquement développée) et d'autre communes rurales mais moins peuplées, plus favorables à François Fillon.

Les communes ayant placé Marine Le Pen en tête des suffrages au premier tour s'insèrent globalement parmi les communes plus favorables à François Fillon. La progression du Front National en Vendée est assez importante, avec une progression de plus de 3% par rapport à 2012, soit 15 700 voix supplémentaires.

En 2012, Marine Le Pen n'arrivait en tête que dans 2 communes, en 2017 elle arrive en tête dans 67 communes.

Au second tour Marine Le Pen a bénéficié d'un report de voix important mais n'arrive en tête que dans 3 petites communes.

 

De forts clivages en Normandie

Région

1er tour

MLP 23,93% soit 452 702 voix contre 358 330 voix en 2012 (150 810 voix en basse Normandie et 207 520 voix en Haute-Normandie)

EM 22,36%

FF 19,57%

JLM 19,16%

BH 6,01%

 

2nd tour

EM 61,96%

MLP  38,4 % avec 621 552 voix soit 168 850 voix de plus qu'au premier tour

A 22,82 %

Le score du Front National est très élevé en Normandie, au dessus de la moyenne nationale au premier et au second tour. Marine Le Pen y gagne près de 100 000 voix par rapport à 2012 et arrive en tête du scrutin. Au second tour, elle gagne près de 170 000 voix sur la région. Ce résultat est cependant plus nuancé lorsque l'on regarde dans le détail des départements.

Le sud (ancienne Basse-Normandie) semble s'apparenter au vote breton ligérien, au moins de manière diffuse. Marine Le Pen est assez nettement disqualifiée au second tour dans la Manche (limitrophe de l'Ille-et-Vilaine) et disqualifiée de peu au second tour dans le Calvados. Elle se qualifie par contre assez nettement dans l'Orne, derrière François Fillon.

 

Manche

1er tour

EM 24,85%

FF 21,59%

MLP 20,51% soit 61 736 voix contre 50 927 voix en 2012 (16,64 %)

JLM 16,99%

BH 6,40%

 

2nd tour

EM 67,23 %

MLP 32,77 % soit 86 137 voix

A 21,85 %

 

Calvados

1er tour

EM 24,83%

FF 20,50%

MLP 20,36% soit 81 770 voix contre 65 126 voix en 2012 (16,22 %)

JLM 18,83%

BH 6,80%

 

2nd tour

EM 67,12 %

MLP 32,88 % soit 114 102 voix

A 21,89 %

 

Orne

1er tour

FF 24,74%

MLP 23,81% soit 39 532 voix contre 34 757 voix en 2012 (20 %)

EM 21,57%

JLM 14,78%

NDA 5,81%

BH 5,21%

 

2nd tour

EM 61,64 %

MLP 38,36 % soit 55 070 voix

A 21,84 %

La situation est par contre bien plus tranchée en ce qui concerne le nord de la Normandie, l'ancienne Haute-Normandie, qui semble plus subir l'influence des Hauts-de-France où le Front National progresse fortement. Au premier tour Marine Le Pen arrive très nettement en tête en Seine-Maritime, devant Jean-Luc Mélenchon. Elle fait un score extrêmement haut dans l'Eure, prêt de 10% au dessus du second Emmanuel Macron, et avec plus de 22 000 voix supplémentaires par rapport à 2012.

 

Seine Maritime

1er tour

MLP 24,90% soit 170 943 voix contre 131 416 voix en 2012 (18,9 %)

JLM 22,20%

EM 21,23%

FF 17,24%

BH 6,05%

 

2nd tour

EM 60,41 %

MLP 39,59 % soit 232 826 voix

A 24,03 %

 

Eure

1er tour

MLP 29,31% soit 98 716 voix soit 76 104 voix en 2012 (22,75 %)

EM 19,89%

FF 18,84%

JLM 17,47%

NDA 5,67%

BH 5,05%

 

2nd tour

EM 54,35 %

MLP 45,65 % soit 133 417 voix

A 22,76 %

À titre de comparaison, voici les scores dans le département de l'Eure et Loire au premier tour (région centre Val de Loire), proche sociologiquement de l'Eure. Il s'agit de deux départements semi-ruraux, avec beaucoup de centres urbains de petites tailles et une grande part de la population qui est urbaine et défavorisée économiquement et culturellement, ainsi qu'une grande proportion de populations d'origines immigrées.

MLP 25,08% soit 58 886 voix contre 49 067 voix en 2012 (20,72 %

FF 21,84%

EM 21,74%

JLM 16,20%

NDA 6,01%

BH 5,25%

 

Les villes de l'Ouest rejettent globalement Marine Le Pen

Comme partout en France, le clivage entre des communes rurales votant fortement pour Marine Le Pen et des centres urbain la rejetant est très net dans l'Ouest de la France.

 

Nantes

1e tour

EM 30,83%

JLM 25,47%

FF 20,25%

BH 10,98%

MLP 7,12% soit 10 644 voix contre 11 213 voix en 2012 (7,78%)

Marine Le Pen est relégué en 5e position du scrutin et connaît même une légère baisse en terme de voix par rapport à 2012. Les résultats sont similaires dans toute l'agglomération nantaise, avec parfois le candidat Emmanuel Macron remportant le scrutin avec plus de 35 % des suffrages.

Au second tour les choses sont encore plus nettes avec un large rejet de Marine Le Pen

EM 86,52 %

MLP 13,48 % soit 17 081 voix

A 25,09 %

C'est le même ordre d'arrivée au premier tour à Brest, Quimper ou Rennes, et globalement le même schéma dans toutes les grandes agglomérations de l'Ouest.

Il est important toutefois de remarquer la dilution du vote en faveur d'Emmanuel Macron à mesure que l'on s'écarte du cœur des agglomérations. Le cas de l'aire urbaine nantaise est tout a fait révélateur et visible sur cette carte où l'on voit que les communes de Nantes Métropole sont presque toutes à plus de 80 % de votes en faveur d'Emmanuel Macron et que ce score décline à mesure qu'on s'éloigne du centre.

En Normandie, à Caen, Marine Le Pen arrive au coude à coude avec Benoît Hamon pour la 4e place (10%) et à Rouen elle est 4e devant Benoit Hamon (12 % contre 9,5%). Les communes périphériques de ces deux villes ont également placé Emmanuel Macron en tête du scrutin, marquant dans le cas de la Seine-Maritime un net îlot au sein du département. Comme pour la plupart des grandes villes, Marine Le Pen y est largement rejetée au second tour avec des score inférieurs à 20 %, malgré une forte abstention.

En ce qui concerne la ville ouvrière de Saint-Nazaire, historiquement à gauche mais très courtisée par le Front National, Marine Le Pen n’enregistre qu'une légère progression par rapport à 2012 et n'arrive qu'en 4e position au premier tour

EM 29,02%

JLM 26,75%

FF 14,28%

MLP 13,54% soit 5 079 voix contre 4 273 voix en 2012 (11,60%)

BH 9,27%

Le second tour est marqué par un net rejet de Marine Le Pen, mais aussi par une très forte abstention

EM 77,15 %

MLP 22,85 % soit 7 202 voix

A 27,09 %

Marine Le Pen obtient cependant des scores importants dans les deux petites communes ouvrières environnantes de Saint-Nazaire, où Jean-Luc Mélenchon fait également un score élevé.

 

Trignac

1er tour

JLM 28,71%

EM 24,25%

MLP 22,83% soit 947 voix contre 783 voix en 2012 (18,59%)

FF 9,38%

BH 6,10%

 

2nd tour

EM 63,76 %

MLP 36,27 %

A 25,80 %

 

Montoir de Bretagne

1er tour

JLM 29,94%

MLP 23,59% soit 917 voix contre 702 voix en 2012 (17,70%)

EM 22,66%

FF 8,15%

BH 6,20%

 

2nd tour

EM 59,90 %

MLP 40,10 %

A 23,86 %

 

Globalement, c'est le même schéma qui s'applique à la ville ouvrière du Havre en Seine-Maritime, avec une abstention particulièrement importante au second tour.

 

1er tour

JLM 29,81%

EM 21,42%

MLP 20,25% soit 15 414 voix contre 13 994 voix en 2012 (17,40%)

FF 14,92%

BH 6,32%

 

2nd tour

EM 67,33 %

MLP 32,67 %

A 32,33 %

 

Le résultat de la petite ville de Harfleur (agglomération du Havre) est assez remarquable, avec Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen faisant tous les deux des scores importants, puis Marine Le Pen arrivant au coude-à-coude avec Emmanuel Macron au second tour, bénéficiant du fort taux d'abstention.

 

1er tour

JLM 34,58%

MLP 29,45% soit 1 211 voix contre 975 voix en 2012 (22,67%)

EM 15,10%

FF 8,17%

BH 5,13%

 

2nd tour

EM 50,39 %

MLP 49,61 % soit 1604 voix

A 29,32 %

 

C'est le même schéma qui s'applique dans les petites villes voisines Gainneville et Gonfreville-l'Orcher.

 

Quel conclusions tirer de ces résultats électoraux du Front National de Marine Le Pen dans l'Ouest de la France ?

Bien que cela soit difficile à mesurer précisément, le poids culturel de la religion catholique dans l'Ouest de la France est une des causes majeures du comportement des électeurs de ces régions par rapport au Front National.

Ce poids culturel se voit aussi dans le fait qu'une figure catholique traditionnelle comme François Fillon a fait de très bon scores dans de nombreuses communes, malgré les « affaires » le concernant. Cela est évident pour les départements surtout ruraux du Maine-et-Loire, de la Vendée, de la Mayenne et de la Sarthe (d'où il vient).

Ce vote catholique traditionnel inhibe certainement en grande partie le vote en faveur du Front National dans ces communes. Cela d'autant plus que les éléments les plus réactionnaires ont pu se satisfaire de François Fillon, appuyé par le groupe « Sens Commun », émanation de la « Manif pour tous ».

Toutefois, les reports de voix ont été important dans ces département au second tour et le nombre d’électeurs de Marine Le Pen a presque doublé dans certain cas entre le premier tour 2012 et le second tour 2017.

Cela ne montre pas forcément une adhésion en tant que telle à Marine Le Pen, d'autant plus que son score y reste (sauf dans la Sarthe) inférieur à la moyenne nationale, mais traduit le fait qu'elle est de plus en plus considérée par un nombre important d'électeurs d'autre partis comme étant un choix possible parmi d'autres, et en l’occurrence un choix préférable à Emmanuel Macron.

Bien qu'elle ne soit pas hégémonique dans ces départements ruraux de l'Ouest, la tendance est favorable pour Marine Le Pen.

En ce qui concerne la Bretagne, le vote en faveur de François Fillon au premier tour est beaucoup moins évident. Cela n'empêche pas l'existence d'un large courant catholique, plutôt marqué à gauche, qui explique là aussi au moins en partie le rejet de Marine Le Pen. Benoît Hamon, originaire de la région de Brest est une figure de cela, et son faible score y compris en Bretagne n'y change pas grand-chose. Benoit Hamon est au Parti Socialiste mais assume son fort héritage « catholique de gauche ». « Ma culture prend ses racines dans une tradition catholique en Bretagne » avait-il pu dire durant la campagne.

La nette résistance de la Bretagne au vote Front National de Marine Le Pen est un point d’appui évident pour les progressistes, dans la perspective d'un Front populaire et d'une résistance antifasciste.

Le vote Front National, mis à part dans le nord de la Normandie, apparaît comme surtout rural et isolé. Les villes et leurs agglomérations, comme ailleurs en France, apparaissent comme nettement réfractaires au Front Nationale, de potentiels bastions culturels et politiques opposées aux campagnes qui optent largement pour le replis nationaliste.

A l'échelle nationale, la géographie du vote pour Marine Le Pen au premier tour apparaît comme un négatif de celle du vote pour Emmanuel Macron. Cela est également vrai, lorsque que l'on regarde plus en détail, à l'échelle de l'Ouest de la France.

Il y a donc une cristallisation entre deux visions du monde, toutes les deux bourgeoises, mais l'une surtout libérale et opportuniste vis-à-vis du capitalisme, l'autre plus réactionnaire et agressive, et prétendument sociale.

La tâche des progressistes en France est donc de travailler à l'unification des masses qu'elles habitent dans les grandes villes, les moyennes et petites villes ou bien les régions rurales afin de faire face à ces deux courants dévastateurs, mais en considérant que le second est l'aspect principal par rapport au premier. Cela nécessite de considérer, de manière fine et dialectique, l'importance de ces endroits où le Front National n'est pas en position de force.

L'Ouest de la France et particulièrement la Bretagne sont à grande échelle l'un de ces endroits. Ce donc devenir une place forte pour les progressistes en France qui ont la tâche urgente et immensément importante d'y développer leurs positions.

Cela nécessite une grande analyse socio-culutrel et une réflexion aboutie sur les spécificités de l'Ouest, et particulièrement de la Bretagne. Cela nécessite de déterminer comment considérer et prendre en compte le catholicisme en général, et le « catholicisme de gauche » en particulier, notamment quand il n'est pas considéré subjectivement comme tel par les personnes le portant.

Cependant, une analyse des secteurs où Jean-Luc Mélenchon a fait des score importants, souvent des communes populaires, montre que l'abstention a été importante et que le vote Marine Le Pen a beaucoup progressé au second tour. Cela signifie que, même dans l'Ouest de la France, une grande partie des masses ne considère pas le fascisme comme le danger principal et le mettent sur le même plan que le libéralisme bourgeois.

Cette position, favorisée par la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon, doit être combattue avec force. C'est un danger qu'il ne faut pas sous-estimer, c'est potentiellement une brèche dans le Front populaire contre le fascisme dans l'Ouest de la France.


 

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