Amadeo Bordiga

20 sep 2016

Le gauchisme – 10e partie : la «gauche italienne»

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Le KAPD a été le centre historique de la « gauche germano-hollandaise », avec un important centre intellectuel aux Pays-Bas. L'Italie, la Belgique et la France ont été par contre les pays touchés par la « gauche italienne ».

Initialement, la gauche italienne s'appuie sur la position d'Amadeo Bordiga, qui sera l'opposant historique à Antonio Gramsci dans la bataille pour la direction du Parti Communiste d'Italie...

20 sep 2016

Nous avons refusé le mot d'ordre d'ultra-gauche «Ni Dieudonné, ni Valls» ; voici comment cela fut perçu par le « Parti Communiste International », dont l'idéologie est celle de la « gauche italienne ».

Cette attitude – «Ni Dieudonné, ni Valls» – a été dénoncée par un groupe intitulé «Parti Communiste Marxiste-Léniniste Maoïste» comme étant le «retour d’Auschwitz ou le grand alibi».

Selon ce groupe, c’est «l’influence» qu’aurait sur ces courants notre brochure qui expliquerait leur position (1)!..

29 aoû 2016

Le gauchisme – 2de partie : la source du gauchisme

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Le gauchisme n'est pas sorti de nulle part ; il n'est nullement une tendance radicale spontanée qui serait le fruit d'une vague révolutionnaire, comme les gauchistes le prétendent pourtant. Il est issu des courants défaits par la social-démocratie et renouvelant leurs formes.

Il suffit de voir ainsi quelle était la situation aux Pays-Bas, pays où le gauchisme en tant que courant organisé fut particulièrement fort. Il est d'ailleurs parlé, chez les gauchistes, de la « gauche germano-hollandaise » et de la « gauche italienne »...

22 juil 2016

Le grand problème posé par le fascisme au gouvernement est de savoir comment l'en sortir. Le PCI considère que pour l'extirper, il faut nécessairement changer de régime. Le PSI, basculant toujours plus à droite, pense qu'il est possible justement de s'appuyer sur le régime pour le chasser.

Il y a toutefois pire comme problématique : personne ne pense que le fascisme puisse se maintenir. Tout le monde pense que Benito Mussolini pousse dans la brutalité des chemises noires justement afin de parvenir à un compromis et de s'institutionnaliser...

13 juil 2016

L'Internationale Communiste, depuis le début, a un problème avec la direction du PCI, qui n'hésite pas à faire comme bon lui semble, au nom de la révolution qui serait imminente dans toutes les situations, ce qui nécessiterait une position ultra-gauchiste afin d'apparaître comme la seule option aux yeux des masses.

Lorsque l'Internationale Communiste exige que le Parti Communiste d'Italie fusionne avec le Parti Socialiste italien, Amadeo Bordiga qui est emprisonné parvient à exposer sa ligne dans ses messages : il faut dire non et rejeter l'Internationale Communiste. La rupture est alors complète et l'Internationale Communiste peut enfin remplacer la direction du PCI, ce qui se réalise à la mi-1924, avec enfin un poste de secrétaire général qui est formé, Antonio Gramsci assumant cette fonction...

6 juil 2016

Né en 1889, Amadeo Bordiga a été le premier dirigeant du Parti Communiste d'Italie, sa grande figure théorique. A ce titre, il a une responsabilité absolue dans la défaite du PCI.

Amadeo Bordiga était quelqu'un se plaçant directement dans la lignée du syndicalisme révolutionnaire, rejetant la politique : à ses yeux, le Parti Communiste jouait le rôle moteur, comme le syndicat pour les syndicalistes révolutionnaires, et c'était absolument suffisant pour le processus révolutionnaire...

5 juil 2016

Pendant que les forces du PCI sont harcelées et débordées sur tout le territoire, des antifascistes se regroupent spontanément, principalement des anciens combattants progressistes, des républicains du Parti Populaire Italien (catholique), des anarchistes, des socialistes...

En quelques mois, ce phénomène de cellules autonomes, les Arditi del Popolo, prend une ampleur telle que leur nombre atteint 20 000 hommes pour 144 sections. Le style des Arditi del Popolo était au moins en partie problématique, car il reprenait le principe de la brigade de choc de la première guerre mondiale, l'esthétique rebelle sans démilitations culturelles et politiques, etc. C'était une révolte populaire épidermique, née sur le terrain de la contre-violence face aux violences fascistes...

30 juin 2016

Les fascistes avaient réussi à s'organiser et à développer une réelle pratique. Qu'en était-il à gauche ? Tout dépendrait de cela.

Soit la gauche s'épuisait, soit elle avançait réellement et alors elle pouvait faire face au fascisme. L'aile droite du PSI ne le voulait pas, appelant à « tendre l'autre joue », à respecter la « civilité socialiste » à tout prix, pensant que le fascisme n'était qu'un phénomène faible et passager...

28 juin 2016

Au lendemain de la Première Guerre mondiale impérialiste, ce n'est pourtant pas le nationalisme qui a immédiatement l'initiative, mais le mouvement ouvrier, avec deux années d'intenses mobilisations.

Le drame historique est qu'il n'y eut pas de développement d'un contenu idéologique et culturel conséquent; pour cette raison, le « bienno rosso » - les « deux années rouges » - ont abouti directement à renforcer le fascisme en lui laissant un espace majeur.

De fait, le Parti Socialiste italien disposait en 1919 d'une base solide. Il avait 200 000 membres, ayant encore ses structures intactes en s'étant surtout mis en veilleuse pendant la Première Guerre mondiale, sur une ligne refusant tant le soutien à la guerre que son refus, synthétisé par le mot d'ordre « ni adhérer ni saboter »...

21 juin 2016

Il serait totalement erroné de penser que le volontarisme subjectiviste modernisateur se soit cantonné dans les arts et la littérature de l'Italie du début du XXe siècle ; en réalité, les arts et la littérature sont le reflet culturel-idéologique de toute lame de fond sociale et intellectuelle.

De la même manière qu'en France, le marxisme a été largement incompris en Italie. Cela a donné, comme en France, la combinaison d'un réformisme politique « socialiste » et d'une ligne « ultra » de type syndicaliste-révolutionnaire...

27 mar 2012

Quand les victimes deviennent coupables

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Une forme de négationnisme insidieux et dégoûtant se répand déjà sur l'attentat antisémite du Lundi 19 Mars. Il se répand aujourd'hui principalement par le biais de personnes et d'organisation d'Extrême-Gauche ou de « gauche de la gauche » d'une part et par le biais de personnes musulmanes fortement influencée par le salafisme ou les thèses néo-salafistes de Tariq Ramadan...

13 aoû 1923

Dans le récent discours prononcé à la Chambre pour arracher l'approbation de la nouvelle loi électorale, Mussolini a encore une fois répété avec ostentation la critique de la démocratie parlementaire, allant jusqu'à se battre contre les pauvres ombres de Cavallotti et de Brofferio. Et il a fait appel à l'argument, guère nouveau, selon lequel les adversaires les plus radicaux du fascisme sont anti-démocrates et anti-parlementaires et selon lequel en Russie les garanties démocratiques sont abolies pour tous les partis opposés au régime bolchevik.

Il est vrai qu'il y a une espèce de convergence, sur cette question, des points de vue des deux groupes politiques extrêmes. Mais l'argument ne s'adresse qu'à une bien petite partie des opposants du fascisme – les communistes – puisque les autres partis socialistes sont, dans leurs divers comportements théoriques, à la fois imbibés et avides de parlementarisme; quant aux syndicalistes-révolutionnaires et aux anarchistes, a-parlementaires il est vrai, ils s'opposent eux à toutes les dictatures...

27 fév 1922

L’emploi de certains termes dans l’exposition des problèmes du communisme engendre bien souvent des équivoques du fait des sens différents qu’on peut leur donner. C’est le cas des mots démocratie et démocratique. Dans ses affirmations de principe, le communisme marxiste se présente comme une critique et une négation de la démocratie; d’autre part les communistes défendent souvent le caractère démocratique, l’application de la démocratie au sein des organisations prolétariennes : système étatique des conseils ouvriers, syndicats, parti.

Il n’y a évidemment là aucune contradiction, et rien qu’on puisse opposer à l’emploi du dilemme : démocratie bourgeoise ou démocratie prolétarienne, en tant que parfait équivalent de la formule : démocratie bourgeoise ou dictature prolétarienne...

30 Jan 1922

Les présentes thèses ont pour objet le problème général des critères auxquels le Parti communiste doit obéir dans son action pour réaliser son programme et atteindre son but, de la méthode qu'il doit suivre pour déterminer les initiatives à prendre et la direction à donner à ses mouvements.

Dans les différentes sphères de l'action du Parti (question parlementaire, syndicale, agraire, militaire, nationale et coloniale, etc.), ce problème revêt des aspects particuliers, qui ne seront pas traités ici séparément car ils font l'objet d'autres discussions et résolutions des congrès internationaux et nationaux...

29 nov 1921

Amadeo Bordiga – Le programme fasciste (1921)

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En même temps que le manifeste du parti, le quotidien fasciste a publié un article destiné (ainsi qu'une série d'autres) à défendre le mouvement contre l'accusation de n'avoir ni programme ni idéologie ni doctrine qui a été portée de toutes parts contre lui.

Le leader fasciste répond à ce chœur de reproches avec une certaine irritation: Vous réclamez de nous un programme ? Vous le réclamez de moi ? Il ne vous semble pas que j'ai réussi à le formuler dans mon discours de Rome ? et il trouve une parade non dépourvue de valeur polémique : les mouvements politiques qui disent avoir été déçus dans leur attente auraient-ils donc eux-mêmes un programme ?...

17 nov 1921

Amadeo Bordiga – Le Fascisme (1921)

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Le mouvement fasciste a apporté à son congrès [de trois jours à Rome, en 1921, marqué par une grève générale antifasciste d'une semaine] durant  le bagage d'une puissante organisation, et tout en se proposant de déployer spectaculairement ses forces dans la capitale, il a également voulu jeter les bases de son idéologie et de son programme sous les yeux du public, ses dirigeants s'étant imaginés qu'ils avaient le devoir de donner à une organisation aussi développée la justification d'une doctrine et d'une politique "nouvelles".

L'échec que le fascisme a essuyé avec la grève romaine n'est encore rien à côté de la faillite qui ressort des résultats du congrès en ce qui concerne cette dernière prétention. Il est évident que l'explication et, si l'on veut, la justification du fascisme ne se trouvent pas dans ces constructions programmatiques qui se veulent nouvelles, mais qui se réduisent à zéro aussi bien en tant qu'œuvre collective qu'en tant que tentative personnelle d'un chef: infailliblement destiné à la carrière d'"un homme politique" au sens le plus traditionnel du mot, celui-ci ne sera jamais un "maître"...

28 juil 1920
  1. Le Parlement est la forme de représentation politique propre au régime capitaliste. La critique de principe que font les communistes marxistes du parlementarisme et de la démocratie bourgeoise en général démontre que le droit de vote ne peut empêcher que tout l’appareil gouvernemental de l’Etat ne constitue le comité de défense des intérêts de la classe capitaliste dominante. En outre, bien que ce droit soit accordé à tous les citoyens de toutes les classes sociales dans les élections aux organes représentatifs de l’Etat, ce dernier ne s’en organise pas moins en instrument historique de la lutte bourgeoise contre la révolution prolétarienne.

  2. Les communistes nient carrément que la classe ouvrière puissent conquérir le pouvoir en obtenant la majorité parlementaire. Seule la lutte révolutionnaire armée lui permettra d’atteindre ses objectifs. La conquête du pouvoir par le prolétariat, point de départ de l’œuvre de construction économique communiste, implique la suppression violente et immédiate des organes démocratiques qui seront remplacés par les organes du pouvoir prolétarien : les Conseils ouvriers...

27 juin 1920
  1. Le communisme est la doctrine des conditions sociales et historiques de l'émancipation du prolétariat. L'élaboration de cette doctrine commença dans la période des premiers mouvements prolétariens contre les effets du système de production bourgeois; elle prit forme dans la critique marxiste de l'économie capitaliste, la méthode du matérialisme historique, la théorie de la lutte des classes et la conception des développements que présentera le processus historique de la chute du régime capitaliste et de la révolution prolétarienne.
     
  2. C'est sur la base de cette doctrine, dont la première et fondamentale expression systématique est le Manifeste du Parti communiste de 1848, que se constitue le Parti communiste...
22 fév 1920

Les agitations des derniers jours en Ligurie ont montré un phénomène qui se répète depuis peu avec une certaine fréquence et qui mérite d’être noté en tant que symptôme d’un état d’esprit spécial des masses travailleuses.

Les ouvriers, plutôt que d’abandonner le travail, se sont, pour ainsi dire, emparés des usines et ont cherché à les faire fonctionner pour leur propre compte ou mieux sans la présence des principaux dirigeants. Ceci veut avant tout dire que les ouvriers s’aperçoivent que la grève est une arme qui ne répond pas à tous les besoins, spécialement dans certaines conditions...

26 Jan 1920

A propos des propositions et des initiatives prises pour la constitution des Soviets en Italie, nous avons recueilli du matériel que nous voulons exposer dans l’ordre. Pour l’instant nous ferons quelques considérations d’ordre général, considérations que nous avons déjà exposé dans les numéros précédents.

Le système de représentation prolétarien, qui a été introduit pour la première fois en Russie, exerce des fonctions de deux ordres politique et économique...

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