9 mai 2011

Les révolutionnaires ne consomment pas d’huile de palme !

Submitted by Anonyme (non vérifié)

 Son nom est Green, elle est seule dans un monde qui ne lui appartient pas. Elle est une femelle orang-outan, victime de la déforestation et de l’exploitation des ressources.

Ce film est un voyage émotionnel avec les derniers jours de Green. C’est une promenade visuelle présentant les trésors de la biodiversité de la forêt tropicale ainsi que l’impacte dévastateur de l’exploitation forestière et du défrichement de terres pour les plantations de palmiers à huile. »

Tel est le texte de présentation de Green, un film documentaire terrible, saisissant à propos de la déforestation en Indonésie (disponible gratuitement sur le net) et du sort d’une ourang-outan surnommée Green.

On ne peut pas prétendre être communiste si l’on n’est pas touché en plein cœur par le sort de Green, si sa situation ne provoque pas en nous de la haine et une volonté irréversible de changer le monde.

La révolution ne consiste pas en une sorte de formalité administrative visant à simplement redistribuer mieux les « richesses » dans un monde qui n’aurait fondamentalement pas changé, avec ses centrales nucléaires, ses milliers d’avions et d’autoroutes, ses iphones et ses fast-foods.

Au contraire, le point de vue communiste considère que la révolution socialiste est un bouleversement global de la société, qui s’appuie sur une remise en cause généralisée des valeurs du monde capitaliste pourrissant.

Et en quoi consistent justement les valeurs de la société capitaliste ? Elles consistent en la destruction, l’exploitation, la négation de la vie et de la sensibilité au profit de l’appropriation individuelle irrationnelle. Cela a des conséquences désastreuses sur la vie des masses populaires, la vie des animaux, la biosphère en général.

Le mode de production capitaliste fait subir à la planète Terre un véritable écocide et la situation de la forêt tropicale indonésienne en est le terrible symbole.

L’Indonésie produit avec la Malaisie plus de 80% de l’huile de palme mondiale. L’huile de palme est la matière grasse la plus utilisée dans l’industrie agroalimentaire. On la retrouve dans une quantité hallucinante de produit de consommation courante, comme des chips, des sucreries ou des savons, des gâteaux, des cosmétiques, des surgelés, des bouillons de légumes etc. etc.

La consommation d’huile de palme est en constante expansion et cela exige une quantité toujours plus importante de terres exploitables. Seulement les palmiers à huile ne poussent pas partout, et l’Indonésie et la Malaisie présentent justement des terres adéquates… à condition de détruire la forêt tropicale.

La progression des exploitations agricoles sur la forêt est exponentielle. Sur cette carte nous pouvons voir la situation des Iles de Sumatra (Indonésie) et de Bornéo (Indonésie et Malaisie) de 1950 à 2010.

On voit qu’à l’origine la forêt occupe la quasi totalité des îles alors que 60 ans plus tard, la forêt a reculé de près de la moitié de sa superficie à Bornéo et a quasiment disparu à Sumatra. Pour avoir une idée précise de ce dont l’on parle, il faut savoir que l’ile de Bornéo à une superficie plus importante que la France, avec 743 330 km² contre 543 965 km², et que Sumatra à une superficie de 443 065 Km².

Aujourd’hui, rien ne permet de croire que la déforestation va s’arrêter. Les pires scénarios prévoient une disparation totale de la forêt tropicale d’ici une vingtaine d’année sur Bornéo. Cette perspective est tout bonnement terrifiante. Et les conséquences de cette destruction barbare sont épouvantables.

Les orang-outans disparaissent justement à cause de la disparition de ces écosystèmes formidables.

Entre 2005 et 2010 leur population a diminué de moitié, passant de 10000 à seulement 5000 individus, et leur situation continue d’empirer. C’est aussi le cas de très nombreuses espèces, ainsi que de peuples indigènes qui sont tout bonnement jetés dans l’enfer des villes côtières, faute de pouvoir continuer à se nourrir par eux même.

La destruction et la disparition d’espèces végétales et animales est un drame en soi, car l’humanité ne doit pas imposer son mode de vie destructeur à l’ensemble de la biosphère, mais bien vivre en harmonie à l’intérieur d’elle.

De fait, l’écocide a aussi des conséquences sur la survie de l’espèce humaine elle même, à cause notamment du réchauffement climatique.

La forêt tropicale s’est formée sur un sol en tourbière, c’est à dire qui absorbe énormément de carbone. Seulement, l’assèchement des tourbières rejette des quantités monumentales de CO² dans l’atmosphère, ce qui s’ajoute aux émissions de CO² causées par la destruction de la végétation.

Il faut rajouter à cela le fait que les forêts denses ont un rôle de poumon à l’échelle de la planète et leur destruction perturbe largement l’équilibre de la biosphère (à densité égale, les palmiers absorbent 3 fois moins de CO² car ce sont des plantes et non des arbres).

Du fait de la déforestation, l’Indonésie se retrouve être le troisième pays le plus pollueur du monde, derrière les USA et la Chine qui sont largement plus gros. Ceci est simplement hallucinant, et c’est pourtant la réalité.

Pour autant, il ne faudrait laisser aucune place pour les points de vues racistes ou nationalistes qui considèreraient que les pays du Sud seraient incapables de « gérer » correctement « leur » territoire. Cette rhétorique anti « néo-barbare » est totalement absurde car l’écocide est justement un produit direct de l’impérialisme, et donc des pays capitalistes avancés.

Ce n’est pas un hasard si la première plantation de palmier à huile en Malaisie a été lancée par un français, Henri Fauconnier, qui en 1905 a importé des palmiers d’Afrique. L’impérialisme est un parasite qui dévore tout ce qu’il peut à son profit, en exploitant le prolétariat, soumettant les Peuples et détruisant la nature.

Et c’est bien le profit qui est le moteur de l’écocide, ou plus précisément la chute tendancielle du taux de profit. Dans l’article sur la hausse du prix des matières premières, nous montrions justement pourquoi l’huile de palme est au cœur du dispositif de reproduction du capital.

L’exploitation des palmiers à huile offre un des meilleurs rendement agricole du monde, 10 fois plus que pour le soja qui est massivement utilisé pour nourrir le bétail de par son très haut rendement.

C’est pour cela que cette huile est très rentable et revient globalement à 15% moins cher que d’autres matières grasses dans la production de chips par exemple. Mais en même temps, elle contient 4 fois plus de mauvaises graisses que huile de tournesol ou de colza, notamment des acides gras saturés.

En plus d’être meurtrière pour la nature, l’huile de palme est un poison pour les masses populaires; elle est de plus en plus suspectée de favoriser directement des maladies cardio-vasculaire.

Face à ce constat dramatique, il n’y a pas lieu de tergiverser, de s’embourber dans des analyses douteuses qui subordonneraient les problèmes liés à environnement à des questions plus générales, d’ordre «social » ou « économique ». La révolution n’attend pas.

Le communisme est le mouvement révolutionnaire qui rend toute sa dignité au réel pour abolir l’ordre existant. La classe ouvrière reconnaît la dignité du réel et éprouve justement de la sensibilité pour la destruction de l’environnement par la société marchande et exprime son indignation face aux conséquences que le mode de production capitaliste fait subir à la biosphère.

Le film Green est justement très bon car il s’appuie sur notre sensibilité pour dénoncer la situation abominable de la déforestation en Indonésie. Il faut le voir, le diffuser!

L’écologie est une question d’une terrible actualité et face à l’urgence de la situation, il n’y a qu’une seule attitude responsable pour les communistes : catégoriquement refuser de consommer de l’huile de palme et être au cœur d’une nouvelle culture révolutionnaire, tournée vers l’avenir et comprenant la place de l’humanité au sein de la biosphère!

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