2 avr 2017

Élections présidentielles de 2017 : Marine Le Pen, candidate du Front National

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La fin de l'Algérie française décidée par Charles De Gaulle a provoqué l'émergence d'un nationalisme virulent, aux revendications principalement anti-communistes et ultra-libérales sur le plan économique. Jean-Marie Le Pen en a été le principal représentant, avec le Front National.

Ce parti n'espérait pas réellement prendre le pouvoir ou y participer, comme en témoigne la réaction presque épouvantée de Jean-Marie Le Pen lors de son accession au second tour des élections présidentielles de 2002.

Avec la crise idéologique et économique marquée par le « Non » au projet de constitution européenne en 2005, le PCF(mlm) avait annoncé qu'il y aurait une réémergence du Front National alors moribond : ce fut effectivement le cas.

Avec la crise générale du capitalisme, le Front National s'est par conséquent entièrement transformé, passant d'une formation ultra-réactionnaire et stupidement raciste, dont la fonction était simplement d'exercer une pression sur la société, à une véritable structure fasciste en quête du pouvoir.

Marine Le Pen a pris la tête d'une formation combinant nationalisme et revendications sociales, avec la prétention de réorganiser la communauté nationale sur une base qui serait saine, car revenant aux valeurs du passé, tant sur le plan social qu'identitaire.

Quelles sont les forces sociales qui portent
la candidature de Marine Le Pen ?

Marine Le Pen représente toutes les forces capitalistes françaises dont la position est menacée de manière significative par des forces capitalistes d'autres pays. C'est ce qui lui permet d'avoir un discours de « patriotisme économique ».

Néanmoins, à cette position défensive s'ajoute une dimension offensive, car la candidature de Marine Le Pen s'appuie sur les fractions les plus réactionnaires de la bourgeoisie, c'est-à-dire le capitalisme financier, qui veut que la France fasse cavalier seul pour élargir sa domination.

Quelle est par conséquent la nature
du projet de Marine Le Pen ?

Le projet de Marine Le Pen conjugue une ligne de politique intérieure corporatiste à une ligne de politique extérieure agressive.

Dans ce dernier cas, elle est allée officiellement rencontrer le président russe Vladimir Poutine à Moscou fin mars 2017, en pleine campagne électorale. Mais elle s'est aussi prononcée pour que, en cas « d'éclatement de la Belgique », la Wallonie soit rattachée à la France, alors qu'en même temps la partie flamande du pays est largement sous influence de l'extrême-droite.

Le quotidien bourgeois d'économie La Tribune a également bien résumé l'approche militariste de Marine Le Pen, en titrant un de ses articles Budget défense : « Marine Le Pen promet la lune aux militaires », avec non seulement une augmentation de 50 % du budget (qui passerait de 2 à 3 % du PIB) , mais aussi avec comme objectif de :

« recréer des champions nationaux autour des maîtres d'œuvres nationaux comme Dassault Aviation, DCNS, Nexter pour recréer un tissu cohérent, avec un actionnariat national public et privé pérenne »

À cela s'ajoute « davantage d’avions, de navires, de blindés », un second porte-avions, 50 000 soldats en plus, bien sûr quitter le commandement militaire intégré de l’OTAN ; etc.

Lors d'une invitation au grand oral du MEDEF, elle a justifié ainsi devant les représentants du patronat sa volonté de sortir de l'euro :

« Si je veux une monnaie nationale, ce n'est pas pour me replier, pas pour monter des frontières mais au contraire pour partir à la conquête du monde. » 

À cette agressivité extérieure s'ajoute une ligne nationaliste à l'intérieur du pays, l'objectif étant « de remettre la France en ordre ». Marine Le Pen associe la mobilisation contre une gauche de gouvernement et une dénonciation anticapitaliste romantique :

« Je veux aussi rendre leur argent aux Français, parce que depuis de trop nombreuses années, notre politique sociale et fiscale appauvrit les classes moyennes et populaires, alors qu’elle enrichit les multinationales et dilapide l’argent public via une immigration totalement incontrôlée. »

Par conséquent, Marine Le Pen entend mener la bataille pour la « souveraineté », ce qui implique des mesures principalement dans trois domaines : législatif, territorial, économique, monétaire.

Quelles sont par conséquent les mesures
qu'elle entend appliquer dans le domaine législatif ?

Afin d'assurer sa domination politique, Marine Le Pen exige que sur le plan parlementaire, il y ait une proportionnelle « intégrale », mais en réalité sa proposition ne correspond pas à cela, car elle demande en même temps « une prime majoritaire de 30 % des sièges pour la liste arrivée en tête et un seuil de 5 % des suffrages pour obtenir des élus ».

Cela l'aiderait à avoir une majorité systématique, tout en empêchant l'émergence de nouvelles formations politiques, surtout que le nombre de députés serait pratiquement divisé par deux.

En rapport avec cette question du pouvoir législatif, Marine Le Pen a comme objectif, traditionnel à l'extrême-droite, de démanteler la Police, afin d'en faire une annexe militaire. Pour cette raison, aux recrutements massifs et aux modernisations matérielles s'ajoutent une ligne de soutien principal aux gendarmes et au principe d'intervention.

Afin que l'appareil judiciaire soit également modifié et happé dans sa prise de pouvoir, Marine Le Pen entend supprimer l’École Nationale de la Magistrature et recruter de nouveaux magistrats.

Quelles sont par conséquent les mesures
qu'elle entend appliquer dans le domaine territorial ?

Marine Le Pen s'appuie idéologiquement sur « la France profonde » et il s'agit pour elle de la renforcer. Pour cette raison, elle compte maintenir les divisions en communes et départements, avec l'État en arrière-plan direct de la domination des notables, et supprimer les régions, les arrondissements (dépendant des sous-préfets) et les cantons.

C'est une centralisation présentée comme une décentralisation, ce qui s'accompagne d'un discours insistant sur l'accès aux services publics dans les zones rurales, c'est-à-dire sur la convergence idéologique État/France profonde.

Elle entend également « transformer la Politique Agricole Commune en Politique Agricole Française. Garantir le montant des subventions dont les critères seront fixés par la France », ce qui placerait le secteur agricole dans un rapport direct avec l’État.

Quelles sont par conséquent les mesures
qu'elle entend appliquer dans le domaine économique et monétaire ?

Marine Le Pen joue ici sur deux tableaux : renforcer les capitalistes se sentant menacés, aider l'offensive des plus forts.

Sur le plan défensif, il y a « la mise en place un plan de ré-industrialisation dans le cadre d’une coopération associant l’industrie et l’État-stratège pour privilégier l’économie réelle face à la finance spéculative ». C'est ici placer le capitalisme industriel sous l'hégémonie du bloc État/capital financier français.

Ce dernier verrait sa position renforcée également par « le rétablissement d’une monnaie nationale adaptée à notre économie, levier de notre compétitivité » ; on passe du marché unique au niveau européen au marché unique à l'échelle de la France.

Cela se passe bien entendu par l'exercice, pour les « secteurs stratégiques et porteurs » dont le choix est décidé arbitrairement par l’État, « d'un contrôle des investissements étrangers qui portent atteinte aux intérêts nationaux grâce à une Autorité de Sûreté Économique », ainsi que par le création « sous la tutelle de la Caisse des Dépôts et Consignations d'un fonds souverain avec la double mission de protéger les entreprises des fonds vautour ou des OPA hostiles et de prendre des participations dans des secteurs porteurs ».

Afin de mobiliser les masses en faveur de ce plan de relance du capitalisme industriel sous la supervision du capital financier épaulé par l’État, Marine Le Pen compte également appuyer le corporatisme, avec l'autorisation de « la négociation sur l’allongement du temps de travail exclusivement au niveau des branches professionnelles ».

Comme « carottes » sociales, il y a une « Prime de Pouvoir d’Achat » sur les petits salaires payée par une taxe sur les importations, une baisse de 5 % les tarifs réglementés du gaz et de l’électricité, l'âge légal de la retraite à 60 ans avec 40 annuités de cotisations pour percevoir une retraite pleine, la défiscalisation des heures supplémentaires, etc.

Afin de renforcer le capital en général, il y a également la mesure visant à « renforcer la solidarité intergénérationnelle en permettant à chaque parent de transmettre sans taxation 100 000 euros à chaque enfant tous les cinq ans (au lieu de quinze ans actuellement) ».

Dès lors, en quoi Marine Le Pen représente-t-il le fascisme ?

La candidature de Marine Le Pen est celle de la subversion de l’État par les forces plus agressives du capitalisme, celles qui ne veulent pas simplement imposer par en haut (la droite) au lieu de moderniser (la social-démocratie), mais modifier radicalement les institutions.

C'est par conséquent la candidature du nationalisme, du corporatisme et de la marche à la guerre impérialiste.

Comment résumer la nature de la candidature de Marine Le Pen?

Marine Le Pen représente le fascisme, menace n°1 pour les vastes masses, la classe ouvrière, les principes de démocratie. Elle représente l'ennemi principal à l'époque de la crise générale du capitalisme.

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