28 mar 2018

Face au hold-up révisionniste sur le matérialisme dialectique

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le matérialisme dialectique désigne la philosophie du marxisme, sous la forme d'un concept théorisé d'abord par Friedrich Engels devenu idéologie officielle de l'URSS de Staline et de la Chine populaire de Mao Zedong en tant qu’États.

Historiquement, le trotskysme ne s'est jamais revendiqué du matérialisme dialectique, reconnaissant seulement le matérialisme historique. C'est-à-dire que le trotskysme ne reconnaissait pas la « dialectique de la nature » : le matérialisme dialectique dit que la matière est en mouvement en dialectique, que la dialectique est partout dans la nature, et que par conséquent le principe s'applique aussi à l'histoire.

Lorsque les partis communistes sont devenus révisionnistes, ils ont également largué la dialectique de la nature. Et, dans les faits, le PCF (MLM) a été le premier Parti assumant la dialectique de la nature en France depuis le PCF des années 1950, voire même pratiquement en Europe depuis les années 1950 également.

L'impact de l'affirmation du matérialisme dialectique a été bien entendu immense ; les dossiers publiés sur lesmaterialistes.com comme sur le réalisme socialiste, ou bien entendu la liste importante des articles directement sur le matérialisme dialectique, sont d'un niveau inégalé et inégalable.

Aussi, pour cette raison, tout comme le maoïsme a pu être « récupéré » par des éléments petits-bourgeois cherchant à se donner une image radicale pour masquer leur propre nature, le matérialisme dialectique « réapparaît » ici et là.

C'est à la fois l'ombre de l'activité du PCF (MLM) et, en même temps, une réaction de la contre-révolution pour tenter de pourrir l'affirmation du matérialisme dialectique depuis l'intérieur.

Portons un petit regard sur une des énièmes tentatives petites-bourgeoises de hold-up sur les apports du PCF (MLM).

L'organisation Voie Prolétarienne, qui se revendique du maoïsme mais rejette Staline, a ainsi expliqué il y a peu avoir formé des gens au matérialisme dialectique :

« C’est pourquoi nous avons organisé récemment des journées de formation ouvertes à nos sympathisants et d’autres personnes avec qui nous militons. La formation avait pour thème : « Comprendre les bases du matérialisme dialectique ». Il ne s’agit pas d’un exposé académique long et complexe, mais plutôt d’études de cas concrets pour découvrir les divers concepts du matérialisme dialectique. Avec le but d’être accessible à toutes et tous, comment en témoigne la diversité du public : étudiants, personnels de l’éducation et de la santé, ouvriers, techniciens, sans-papiers, retraités etc. »

Il va de soi que c'est mensonger, puisque le matérialisme dialectique a été défini, comme dit plus haut, par Friedrich Engels et l'URSS de Staline, que Voie prolétarienne rejette. Cette organisation n'a certainement pas formé des gens à ce qu'elle rejette…

L'Unité Communiste de Lyon prétend également se revendiquer du matérialisme dialectique. Elle dit ainsi :

« Le matérialisme-dialectique et le matérialisme historique  forment l’étape la plus juste et la plus efficace de la théorie. Non pas parce que cela plaît à l’Unité Communiste de Lyon, mais bien parce que cette conception philosophique est vérifiable, rationnelle, scientifique. Elle est un moyen d’explication, d’analyse, de compréhension, mais également un moyen de transformation de la société. »

On s'attend alors, naturellement, à ce que le matérialisme dialectique soit expliqué en tant que tel. Il ne l'est bien entendu pas, parce qu'on est ici, comme pour Voie Prolétarienne, dans l'ombre du PCF (MLM). En cherchant bien, on peut trouver quelques passages qui tentent de résumer pourtant le matérialisme dialectique, et c'est assez pathétique pour être cité et expliqué comme contre-exemple.

On apprend par exemple que le matérialisme dialectique aurait été défini par Mao Zedong, car Karl Marx et Friedrich Engels se seraient trompés ! Une thèse bien farfelue, expliquée ainsi :

« L'apport de Mao sur cette question est de dire que Hegel, mais également ceux qui reprennent certaines de ses conceptions, dont Marx et Engels, se sont trompés en analysant la dialectique. En effet, il ne considère pas que la synthèse est la méthode principale dans la résolution des contradictions. Dans la compréhension qu’en pose Mao, ce qui prime ce n’est pas le deux fusionne en un, mais l’inverser, le un se divise en deux. »

Il va de soi que cela ne veut strictement rien dire. Il n'y a pas d'opposition entre la « fusion » et la « division », pour la simple raison que le marxisme n'a jamais parlé de « fusion ». De plus ce que dit Mao Zedong c'est que le monde ne consiste pas en la « division », mais en l'unité des contraires (peut-être est-ce la « fusion » dont il est parlé?).

La première phrase de De la contradiction est très claire :

« La loi de la contradiction inhérente aux choses, aux phénomènes, ou loi de l'unité des contraires, est la loi fondamentale de la dialectique matérialiste. »

Il n'est pas ici parlé de « division », mais d'unité comme loi fondamentale. En fait, l'Unité Communiste de Lyon n'a tout simplement rien compris au matérialisme dialectique, parce que pour elle, il y a d'un côté le matérialisme, de l'autre la dialectique.

Elle dit ainsi :

« Les bases philosophiques du communisme sont ainsi les suivantes : elles sont matérialistes et elles sont dialectiques. »

La dialectique est ainsi une sorte de… quelque chose qui « traverse » tout. Cela donne par exemple, pour citer une monstruosité :

« Or, le monde est en mouvement perpétuel. «Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », est une découvert importante de Lavoisier dans les sciences.

C'est le même constat avec le Monde, rien n’existe de toute éternité. Le mouvement dialectique traverse toute chose et les choses ne peuvent pas rester, ne restent jamais stationnaires, c’est une des lois de la nature: celle de l’entropie, la tendance général au chaos.

L'unité des contraires, que nous retrouvons comme un des aspects de base de la dialectique, c'est que le mouvement est déterminé par des contradictions.

Il y a dans une étoile une contradiction entre la gravitation et l'énergie nucléaire, c'est ce qui fait que certaines forces poussent l'étoile à s'effondrer, d'autres à exploser, comme ces deux forces s'équilibrent, l'étoile reste globalement d’un diamètre constant on parle pour cette étoile d’équilibre hydrostatique. Cependant, lorsqu’un des paramètre évolue, lorsque l’hydrogène s’épuise, l’étoile évolue.

Notre Soleil, par exemple, se changera en géante rouge lorsque l’hydrogène de son noyau sera épuisé. Cette loi ne se limite pas qu’aux étoiles, elle interagit partout.

Si nous posons un objet sur une étagère, il tient. C’est le résultat de l'équilibre entre deux forces contraires: la gravité qui entraîne l’objet vers les entrailles de la Terre, et la force électro-magnétique de la matière qui compose l’étagère qui l'empêche de passer à travers. »

Il y a ici tellement d'erreurs du point de vue du matérialisme dialectique qu'il est difficile d'établir une critique sans s'y perdre.

Rien que dire que le matérialisme dialectique correspond à « la tendance générale au chaos » est en contradiction fondamentale avec le noyau même du matérialisme dialectique : au contraire la matière va à toujours plus de complexité et d'organisation.

Dire que « le mouvement est déterminé par des contradictions » est totalement aberrant, car c'est le mouvement lui-même qui est dialectique, contradiction. Il n'est pas déterminé par des contradictions, il est la contradiction, c'est la base de la dialectique de la nature.

Mais, on l'aura compris, on a affaire à une lecture professorale, bornée, petite-bourgeoise, qui réduit, classiquement à la française, la dialectique à une méthode.

Quand on en arrive à trouver comme exemple qu'un objet tient sur une étagère parce la gravité s'oppose à la force éléctro-magnétique de l'étagère, c'est qu'on fait de la dialectique quelque chose d'extérieur à la matière, alors que le matérialisme dialectique dit que la contradiction est interne à la matière elle-même.

De plus, l'explication est fausse elle-même, car il n'y a certainement pas « équilibre » entre la gravité et la force électromagnétique de l'étagère, car cela voudrait dire qu'il y a fin du mouvement, annulation de la dialectique. Or, c'est justement impossible selon le matérialisme dialectique..

Qu'y a-t-il, alors ? Justement non pas un « équilibre » qui fascine tant les faux marxistes à la française, mais ce qu'on appelle une contradiction. Comme quoi lesmaterialistes.com n'est pas correctement étudié, mais bien plutôt pillé au service d'une vantardise.

Concluons sur une autre terrible vantardise, consistant en un document pdf de 286 pages intitulé « Contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit », sous-titré « Contribution à l’utilisation du matérialisme-dialectique ».

Ce sont les Éditions prolétariennes – formé par des militants du PCMLF des années 1970, qui considèrent toujours que la Chine actuelle est socialiste – qui la diffusent.

L'ouvrage consiste en un bricolage intellectuel assez facile à comprendre : c'est une sorte de collage dadaïste, où il est d'ailleurs expliqué en long en large et en travers que la Chine actuelle est socialiste, son président Xi Jinping un grand dirigeant utilisant le matérialisme dialectique pour développer la Chine de manière adéquate. Comme quoi par contre le dossier sur le révisionnisme de Deng Xiaoping n'a pas été lu...

Citons un passage éloquent de mensonge, de démagogie, ou plutôt de folie de par la situation catastrophique de la Chine sur tous les plans : socialement, écologiquement, politiquement, etc.

« L'économie chinoise continue de progresser, développe son commerce intérieur, les échanges sud-sud, et transforme qualitativement son économie pour la rendre plus propre et plus technologique. Seule la direction macroéconomique de l’État et du Parti communiste permet ce développement coordonné, à l'opposé de l'anarchie du système capitaliste. »

Pour le reste, on prend des citations de physiciens affirmant que la matière n'existe pas réellement, des remarques sur la gauche, la droite ou le Front national, des citations de Lénine dans Matérialisme et empirio-criticisme ou encore d'autres auteurs, on place au milieu des questions politiques ou des considérations philosophiques sur le relativisme, des dénonciations de l'idéalisme, des commentaires sur l'histoire du PCF, etc.

On ajoute, pour faire « haut niveau », quelques termes comme « modèle des quarks », « chromodynamique quantique »,

Mais alors qu'est-ce que le matérialisme dialectique ? On ne le sera jamais, à part par quelques passages qui témoignent d'une incompréhension jusqu'à l'absurde de ce qu'est le matérialisme dialectique.

Voici ce qu'on lit par exemple :

« Le matérialisme-dialectique distingue donc d'une part les formes spécifiques, particulières, des matières existantes, et d'autre part la représentation conceptuelle, abstraite de la matière en général.

En résumé : la matière réelle existe hors de notre conscience, qui en émerge et ne la crée pas. Mais en retour, le concept abstrait de matière - à la différence des matières déterminées existantes - est un produit de la conscience. »

Prétendre vouloir mettre en avant le matérialisme dialectique tout en disant que la matière « en général » n'existe pas, peut-on faire plus absurde ? Il y aurait « des matières », mais pas la matière ?

Tout ça pour ça !! Mais quelle perte de temps. Et pour conclure comment ? Que la boussole n'est donc pas le mouvement de la matière en général – le noyau du matérialisme dialectique, avec le concept de mode de production pour le matérialisme historique – mais le syndicalisme :

« Il en découle pour les communistes la nécessité d'adopter l'attitude matérialiste, de « partir des faits », de définir leur action à partir d'une analyse des classes, des contradictions matérielles qui les opposent et de leurs rapports sociaux dans la production, et non des étiquettes et des labels de « gauche », « radical », « insoumis », « frondeurs » et tutti quanti.

Partir des faits c'est partir également des besoins matériels des plus larges masses, des salaires, des conditions de travail, des droits sociaux, du logement, de la santé du peuple, de son droit à l'instruction : ces besoins immédiats et la révolution prolétarienne sont comme le cadran et l'aiguille d'une boussole qui guide l'action des communistes. »

Cela étant, ces remarques sur cette tentative de hold up sur le matérialisme dialectique rappelle une chose importante. Le « maoïsme » à la française avant le PCF (MLM) n'est qu'un empirisme réfutant toute idéologie bien déterminée et voyant en la dialectique une méthode pour débloquer les perspectives ou les luttes.

C'est un volontarisme néo-syndical, qui remplace le syndicat par une affirmation de la nécessité du rentre-dedans. Ce n'est pas pour rien que les débris des années 1970 ont terminé, au mieux, à la CGT ou à la CNT, selon le degré de radicalisme syndicaliste.

Heureusement qu'il a été mis un terme à toute cette catastrophe anti-intellectuel et que lesmaterialistes.com a émergé comme outil théorique indispensable et incontournable.

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