12 juin 2014

La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne et les marxistes-léninistes en France

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La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne (GRCP) en Chine populaire a eu une gigantesque influence de par le monde. Nous sommes alors à la fin des années 1960, et des petits noyaux révolutionnaires soutenant Mao Zedong parviennent alors à se structurer, en s'appuyant sur l'élan de la GRCP, ce qui aboutit à l'apparition dans de nombreux pays d'un « Parti Communiste Marxiste-Léniniste », comme le Parti Communiste de Turquie / Marxiste-Léniniste (TKP/ML), le Parti Communiste d'Espagne (Marxiste-Léniniste), le Parti Communiste d'Inde (Marxiste-Léniniste), etc.

Rares sont cependant les organisations qui ont su se maintenir, malgré parfois un rôle historique certain dans leur pays, notamment le PC d'Espagne (ML) à travers la phase armée du Front révolutionnaire antifasciste et patriote.

En France, la situation relève pareillement de l'échec. En fait, initialement, il y a bien la formation d'un Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France (PCMLF), qui a la reconnaissance de la Chine populaire et se revendique de la GRCP. Toutefois, la direction relevait d'un semi-révisionnisme qui fut toujours plus franc, et passa au soutien de la fraction réactionnaire en Chine, celle de Deng Xiaoping.

Un exemple parlant fut la republication de l'ouvrage Le printemps révolutionnaire de 1968, écrit par le dirigeant du PCMLF Jacques Jurquet. Toutes les références à la GRCP en furent expurgées.

Le PCMLF soutint donc la Chine populaire reniant la GRCP ainsi que les ¾ des enseignements de Mao Zedong, alors qu'une bonne partie fonda une nouvelle organisation, le Parti Communiste des Ouvriers de France, sur une ligne « pro-albanaise », suivant les enseignements de l'albanais Enver Hoxha qui renia pareillement la GRCP mais de manière ouverte, la considérant finalement comme une simple bataille au sein de l'appareil du Parti Communiste de Chine, comme une simple révolution de palais.

Le PCMLF n'avait donc réussi ni à assumer la GRCP, ni à avoir une pensée-guide – la ligne était de faire du Maurice Thorez en rejetant Thorez . C'était une déviation droitiste.

Il y avait cependant également une déviation gauchiste. S'appuyant sur la tendance d'ultra-gauche apparue en Chine, les gauchistes assumaient la GRCP pour en réalité liquider tant le matérialisme dialectique que les principe de Parti Communiste.

A la base, il y a en fait la formation par des étudiants de l'Union de la Jeunesse Communiste Marxiste-Léniniste, qui considère que le PCMLF n'assume pas, justement, les apports de la GRCP. L'UJCML considère ainsi qu'on ne peut pas fonder le Parti à l'écart des masses, qu'il faut se tourner vers elles et que c'est seulement à un certain point de diffusion idéologique qu'on peut assumer le Parti.

En fait, l'UJCML cherchait à formuler le principe du besoin d'une pensée-guide, mais elle ne connaissait pas ce principe. L'UJCML avait compris qu'on ne peut pas donner naissance au Parti de manière formelle, il faut une dynamique ancrée dans la réalité.

En 1967, on peut lire dans Édifions en France un Parti Communiste de l'époque de la révolution culturelle :

« Au moment où les militants marxistes-léninistes ont pour tâche principale d'implanter la théorie marxiste-léniniste sous sa forme la plus générale dans les masses ce qui est le cas quand une longue période de dégénérescence opportuniste a obscurci leur connaissance et les a sevrées d'un mode de pensée correct, au moment où les militants marxistes-léninistes ont pour tâche principale de pénétrer dans les différentes couches du peuple et d'acquérir l'expérience du travail militant dans ces différentes couches et classes ;

au moment où les marxistes-léninistes doivent inventer les formes nouvelles de travail, d'élaboration et d'organisation dans lesquelles se développera la lutte des classes ;

à ce moment-là, qui correspond à l'étape de la naissance et de la première implantation du mouvement marxiste-léniniste, étape préalable à la naissance du Parti proprement dit l'exigence de décentralisation et d'hétérogénéité l'emporte de loin sur l'exigence de centralisation (décentralisation doit être pris ici en son sens le plus fort : l'absence de centre unique dans cette étape ; si le processus d'édification respecte cette exigence, le Parti pourra ensuite appliquer la « décentralisation » au sens courant).

L'impératif fondamental de cette étape est que les militants marxistes-léninistes se dispersent dans les masses, non qu'il s'assemblent centralement en un point de fixation. »

Seulement, le problème est que l'UJCML n'a jamais réussi cet objectif. La « longue marche » dans les masses n'a pas donné naissance à une pensée-guide. Par conséquent, la majorité de l'organisation a capitulé, s'éparpillant ou rejoignant le PCMLF.

Quant à la minorité, elle a fait comme d'autres courants du même type : elle a interprété la GRCP de manière gauchiste, tentant pratiquement de la réaliser, sous le nom de « Gauche Prolétarienne », en France, exactement de la même manière qu'en Chine dans de toutes autres conditions.

Propagande, opposition aux chefs, appels à la révolte : l'action des « révolutionnaires prolétariens » en Chine était reproduite en France, pays pourtant non socialiste ! Une telle démarche ne pouvait aboutir qu'à de l'ultra-démocratisme et vite sombrer.

Ce processus « ultra-démocratique » amena bien sûr la liquidation de toutes les références au mouvement communiste historique, au profit du « maoïsme » comme nouvelle idéologie.

Tant les actuels Parti Communiste Maoïste d'Italie et Parti Communiste Révolutionnaire du Canada à l'étranger que l'OCML-VP et le « philosophe » Alain Badiou en France affirment avoir une idéologie totalement nouvelle : l'histoire du mouvement communiste dans leur propre pays ne les intéresse absolument pas

Le « maoïsme », ce serait la révolte complète, la lutte pour la démocratie totale. Le « maoïsme » consiste ici en quelques principes, nullement en une idéologie, en une science. C'est une sorte d'équivalent de la tendance d'ultra-gauche en Chine populaire.

Ainsi, en France, il y a eu des droitistes pour qui la GRCP était simplement une sorte de « rectification » au sein du Parti Communiste de Chine, et il y a eu des gauchistes pour qui la GRCP remettait absolument tout en cause.

Les droitistes profitaient de leur rejet de la GRCP pour appuyer leur démarche formelle et conservatrice, les gauchistes feignaient de soutenir la GRCP pour procéder à la liquidation du matérialisme dialectique, au nom de la « révolte ».

C'est pour cela que « Parti Communiste Marxiste-Léniniste-Maoïste » a été choisi : il rejette tant les droitistes et leur position « marxiste-léniniste » que les gauchistes et leur « maoïsme ».

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