6 fév 2017

Meetings lyonnais : Jean-Luc Mélenchon en Kennedy, Marine Le Pen en La Rocque

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François Fillon a-t-il, en plus de son « erreur » apparente par rapport au salaire d'assistante de sa femme, été victime d'une vaste campagne visant à déboulonner une personnalité pro-Poutine ? On ne le sait pas encore, mais toujours est-il qu'il reste deux autres candidats de ce type : Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

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Hier, tous les deux tenaient un meeting à Lyon, alors que leur ennemi stratégique, Emmanuel Macron, y était lui-même la veille.

Emmanuel Macron représente en effet la ligne ouvertement pro-européenne, en alliance directe avec la ligne de la chancelière allemande Angela Merkel.

Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon se présentent comme l'alternative à cette option qui serait celle du « système », en fournissant tous deux un nationalisme romantique républicain, tourné vers le passé pour Marine Le Pen, vers le futur pour Jean-Luc Mélenchon.

Ce dernier a choisi d'abandonner toute option « mitterrandiste » pour se présenter comme une sorte de nouveau John Fitzgerald Kennedy, tandis que Marine Le Pen reprend le positionnement des Croix-de-feu et du Parti Social Français des années 1930.

John Fitzgerald Kennedy a été élu en se présentant comme le président de la rupture et très certainement que Jean-Luc Mélenchon se dit que, puisqu'Emmanuel Macron reproduit cette approche, il fallait absolument lui damer le pion.

Jean-Luc Mélenchon y a fait ouvertement allusion, dans son discours. John Fitzgerald Kennedy parlait de « nouvelles frontières », par quoi il entendait notamment la conquête de l'espace et la fin de la ségrégation.

Jean-Luc Mélenchon a donc repris le concept, de la manière suivante :

« Nous sommes face à de nouvelles frontières : la mer, l'espace, le numérique ! »

Et effectivement, il a fondé son discours de lancement de sa campagne électorale en utilisant ces thèmes pour se présenter comme le candidat de la modernité, le candidat d'un passé rassurant revenant dans le futur grâce à ses propositions.

Le problème est bien sûr que Jean-Luc Mélenchon fait partie du paysage politique depuis très longtemps, ayant même été sénateur socialiste. Aussi, afin de se crédibiliser, il a considéré qu'il était plus moderne d'utiliser une représentation par hologramme, pour faire deux meetings en même temps.

On a pu le voir claquer des doigts pour « apparaître » dans la seconde salle, sous les hourras, dans un grand moment pathétique où l'on joue sur les impressions pour marquer les esprits.

On est là en plein culte de l'irrationnel et ce n'est pas pour rien que cette démarche a été utilisée surtout par l'ultra-nationaliste hindou Narendra Modi, pour des dizaines de meetings en 2014, avant de devenir Premier ministre indien.

Jean-Luc Mélenchon, donc, est « apparu » à Aubervilliers, en banlieue parisienne, en même temps qu'à Lyon. Il a fondé le ton de son meeting là-dessus, pour se présenter comme celui qui allait renverser les « nouvelles frontières » et même tout renverser tout court.

En termes de slogans, cela donne les choses suivantes :

« Relançons la découverte de l'espace ! »

« Gloire à l'esprit humain et à ses inventions. »

« Le jeu vidéo, c'est un enjeu du XXIe siècle et c'est une industrie d'avenir pour notre pays »

« Le jeu vidéo doit devenir une industrie de pointe de la patrie ! »

« Il faut que d'ici à 2030 on ait l'équivalent de 15 réacteurs nucléaires en énergies marines renouvelables ! »

« Nous allons faire 100 milliards d'euros d'investissements. En commençant par la mer. »

« Ce dont nous ne voulons pas, c'est des combines et des arrangements ! »

« Le sens de ma candidature, c'est l'intransigeance, l'exigence. Je suis le représentant des têtes dures et des insoumis ! »

« Il faut porter en vous la flamme de l'insoumission qui vous lie à tous les autres êtres humains ! »

Ces exemples de populisme en disent long sur la nature de Jean-Luc Mélenchon. Nous ne reviendrons pas ici sur la thématique de l'océan, que nous avons déjà abordé : Jean-Luc Mélenchon est quelqu'un qui, de notre point de vue, veut sauver le capitalisme en attaquant l'océan.

Lien vers le dossier  : Konstantin Tsiolkovsky et la conquête de l'espace

Nous voulons en faire un sanctuaire, il veut en faire la base d'un renouveau du capitalisme. La différence est claire et les interprétations du monde tout à fait lisible, dans leurs différences de substance.

Ce qu'il faut voir, c'est que Jean-Luc Mélenchon n'ose pas assumer son positionnement social et qu'il se tourne systématiquement, dès qu'il sent que cela part trop dans une éventuelle remise en cause du capitalisme, vers des solutions miracles sources d'une sorte de nouveau productivisme merveilleux.

Du côté de Marine Le Pen, il y a la même ambition romantique. Le passé est par contre directement idéalisé, avec un grand brio malheureusement. Le niveau est vraiment très élevé et doit être considéré comme très inquiétant.

On retrouve le même argumentaire néo-républicain que chez les Croix-de-feu et le Parti Social français de François de La Rocque, mais cette fois avec une option anti « mondialisation » virulente.

En cela, elle pratique une démagogie sociale, car les larges masses en ont effectivement assez du chaos provoqué par le libéralisme le plus large, tant économique que culturel.

C'est un point que nous ne cessons de souligner : il faut que les gens vraiment progressistes rompent avec tout ce qui relève du post-modernisme, du libéralisme libertaire, de l'anarchisme sous toutes ses formes, avec toutes les idéologies raisonnant en termes de communauté ou d'individus (ou les deux).

Sans cela, il n'y aura aucune option progressiste d'existante face à une déferlante d'extrême-droite ayant le monopole complet du capitalisme.

Le prolétariat n'en a rien à faire des courants bourgeois modernes qui font des transsexuels et des migrants la grande figure révolutionnaire de notre époque, ni de ceux qui remettent en cause l'existence naturelle des hommes et des femmes au nom de l'idéologie du genre.

Tout comme il n'en a rien à faire de ceux qui nient les cultures démocratiques historiques et leur histoire au nom d'un refus des cadres nationaux, refus qui n'est que le reflet du capital en quête de possibilités de s'installer partout où il le peut.

Et, malheureusement, Marine Le Pen pratique ici une démagogie de très haute volée. Voici quelques lignes de son discours qui parlent, de fait, à chaque prolétaire :

« Nos enfants auront-ils les mêmes droits que nous ?

Vivront-ils selon nos références culturelles, nos valeurs de civilisation, notre art de vivre, et même parleront-ils encore notre langue le français, qui se désintègre sous les coups de boutoir de dirigeants politiques qui dilapident ce trésor national, allant jusqu’à choisir un slogan en anglais pour promouvoir la candidature de Paris aux JO 2024.

Auront-ils le droit de se réclamer de la culture française quand certains candidats à la présidentielle, bouffis de leur propre vide, expliquent qu’elle n’existe pas

Je pose cette question majeure, parce qu’à l’inverse de nos adversaires, je ne m’intéresse pas seulement au patrimoine matériel des Français, mais je veux défendre aussi leur capital immatériel.

Ce capital immatériel n’a pas de prix parce que ce patrimoine là est irremplaçable, en réalité je défends les murs porteurs de notre société.

Or, chacun en a conscience, tout ceci est aujourd’hui remis en cause. »

Seulement, si ces paroles sonnent justes, celles qui les précèdent sont d'une teneur entièrement réactionnaire, mais le prolétariat le remarquera-t-il ? Pas si l'on ne s'adresse pas à lui, et quand on dit s'adresser, cela signifie s'ancrer dans sa réalité en se fondant sur le matérialisme dialectique.

« Je le dis avec gravité : le choix que nous aurons à faire dans cette élection est un choix de civilisation.

La question est, en même temps, simple et cruelle : nos enfants vivront-ils dans un pays libre, indépendant, démocratique ?

Pourront-ils encore se référer à notre système de valeurs ?

Auront-ils le même mode de vie que nous et nos parents avant nous ?

Nos enfants, et les enfants de nos enfants, auront-ils encore un travail, un salaire digne, la possibilité de se constituer un patrimoine, de devenir propriétaire, de fonder dans un environnement sûr une famille, d’être soignés correctement, de s’élever à l’école, de vieillir dignement ? »

Marine Le Pen a ici une critique réactionnaire du renforcement du capitalisme, une critique romantique car idéalisant le passé.

Elle défend la propriété, le mode de vie traditionnel dans le capitalisme, bref fait miroiter au prolétariat une progression sociale apparente, que le capitalisme actuel ne propose plus et qui ne pourrait être rétabli que par le nationalisme niant l'universel.

Au lieu de cela, nous pensons qu'il faut affirmer que le temps de l'ancien mode de vie est venu, que l'ère des monopoles annonce la socialisation générale de la production, que désormais la culture française va connaître un saut qualitatif en reconnaissant l'universel.

On ne soulignera jamais assez comment les masses ont compris le danger que représentent les idéologies post-modernes comme l'art contemporain, l'affirmation de l'absence de frontières, le libéralisme généralisé à tous les domaines de la vie.

On ne soulignera jamais assez combien il y a d'immenses possibilités pour que l'avant-garde communiste se développe de manière rapide et efficace dans les masses, à condition de suivre la ligne développée par le PCF (mlm) : affirmer la bataille pour la démocratie populaire comme réponse à la décadence du capitalisme.

Marine Le Pen entend faire un hold-up sur la compréhension des masses de la situation actuelle, en proposant un discours radical rejetant la « mondialisation », en niant qu'il s'agit en réalité de l'impérialisme.

C'est une critique, fausse, de l'oligarchie qui existerait et non de la bourgeoisie, du capitalisme financier qui serait « virtuel », comme flottant au-dessus du capitalisme qui serait, quant à lui, sain.

Voici ce qu'a dit notamment Marine Le Pen, dans un élan tout à fait fasciste extrêmement bien maîtrisé dans la forme et le contenu :

« Nos dirigeants ont choisi la mondialisation dérégulée, ils la voulaient heureuse, elle s’est révélée affreuse.

Procédant uniquement de la recherche par certains de l’hyper profit, elle se développe à un double niveau, la mondialisation d’en bas avec l’immigration massive, levier du dumping social mondial, et la mondialisation d’en haut avec la financiarisation de l’économie.

La mondialisation qui était un fait avec la multiplication des échanges, ils en ont fait une idéologie : le mondialisme économique qui refuse toute limitation, toute régularisation de la mondialisation et qui, pour cela, a affaibli les défenses immunitaires de la Nation, la dépossédant de ses éléments constitutifs : frontière, monnaie nationale, autorité de ses lois conduite de l’économie, permettant ainsi à un autre mondialisme de naître et croître : le fondamentalisme islamiste.

Ce dernier a lui grandi au sein d’un communautarisme délétère, lui-même enfant de l’immigration de masse, subie année après année par notre pays.

Nous avons ainsi rempli notre premier acte politique qui est de désigner l’adversaire.

Ces deux mondialismes, aujourd’hui, se font la courte échelle :

* Le mondialisme financier  et affairiste dont l’Union européenne, la finance et l’essentiel d’une classe politique domestiquée sont les serviteurs zélés ;

* Le mondialisme djihadiste qui porte atteinte à nos intérêts vitaux à l’étranger, mais aussi qui s’implante sur notre territoire national, dans certains quartiers, dans certains lieux, dans certains esprits faibles.

Et l’un et l’autre œuvrent à la disparition de notre nation c’est-à-dire de la France telle que nous la vivons, telle que nous l’aimons, c’est pourquoi les Français ont un sentiment de dépossession.

Ces deux idéologies veulent soumettre nos pays.

L’une au nom de la finance mondialisée, c’est-à-dire de l’idéologie du tout commerce, l’autre au nom d’un islam  radicalisé, c’est-à-dire de l’idéologie du tout religieux.

Face à ces deux totalitarismes qui menacent nos libertés et notre pays, nous n’avons plus le temps, ni les moyens de l’angélisme, des faux semblants, des petits arrangements, des grandes lâchetés (…).

Le premier, le mondialisme économique et financier, invoque la liberté du commerce, la liberté de circulation, la liberté d’installation ; tous ceux qui s’avisent de révéler ses échecs sont taxés d’ignorance, accusés de je ne sais quelle dérive idéologique, frappés d’opprobre morale.

Ils sont mis au ban de la bonne société pour crime contre la bienséance économique ; le mondialisme économique et financier s’appuie sur une pseudo expertise économique qui ne cède jamais, pas même devant l’évidence de son échec économique et de la dévastation sociale qu’il provoque ;

L’objectif est de réduire l’homme à son rôle de consommateur ou de producteur.

Les pays ne sont plus des nations, unies par un élan de cœur, mais des marchés, des espaces où la marchandisation de toute chose et de tout être humain est envisageable, possible, admise et même organisée. »

Voilà un discours fasciste, un vrai discours fasciste, au sens historique du terme. Cela fait bien de Marine Le Pen l'ennemi principal.

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