14 Jan 2017

Premier débat des «primaires citoyennes» : un drame pour les gens de gauche

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Hier, les médias ne faisaient même pas un vrai effort pour trouver un intérêt réel au premier débat télévisé des primaires citoyennes qui s'est tenu avant-hier à la télévision. Les sept candidats ont été fades, sans envergure.

C'est là que les gens de gauche comprennent le drame : la tendance est soit à aller à Jean-Luc Mélenchon si l'on privilégie une sorte d'altermondialisme et de nationalisme social, soit à aller à Emmanuel Macron si on adhère à l'européisme libéral.

Les deux ont d'ailleurs souligné ces derniers jours le sens de ce positionnement, Jean-Luc Mélenchon en disant que Vladimir Poutine n'était en rien quelqu'un qui amenait la guerre, Emmanuel Macron en expliquant qu'Angela Merkel avait eu tout à fait raison de faire accueillir des centaines de milliers de migrants.

Triste alternative : le passage au nationalisme goût social ou bien l'acceptation du libéralisme modernisateur sauce européenne. Ce qui revient à un véritable suicide pour les gens de gauche, ceux et celles qui ont des valeurs et refuse le libéralisme comme le populisme.

Manuel Valls est le seul à avoir compris qu'il existait ici un espace énorme. Mais il n'a pas les moyens de formuler une véritable ligne de conduit, lui-même entendait abandonner le mot socialiste il y a quelques années. C'est un républicain social, un centriste, un radical-socialiste digne des années 1930, quelqu'un fait pour occuper un strapontin ministériel, rien de plus.

Alors bien entendu il a forcé, expliquant qu'il était lui-même naturalisé, puis lançant des phrases bien préparées :

« Je reste marqué à tout jamais par la manifestation du 11 janvier [2015], je reste marqué par mon propre discours et par la réception à l’Assemblée nationale le 13 janvier (…). Ici je suis Charlie et je serai toujours Charlie et c’est ça qui doit nous rassembler. »

Soit, mais qu'est-ce que cela signifie concrètement ? Manuel Valls ne l'a pas dit, se posant en continuité avec ce que François Hollande a fait, sauf que justement si celui-ci ne s'est pas représenté, c'est que ce positionnement statique est impossible désormais.

Tout périclite, tout s'effondre à gauche : il faut des valeurs. Où sont-elles ? Nous dirions simplement que le premier dénominateur commun réel à gauche serait d'assumer l'application de la Loi Savary non appliquée au début des années 1980 : il faut supprimer le système des écoles privées, ces écoles d'hégémonie religieuse dont les professeurs sont rémunérés par l’État.

Voilà déjà quelque chose qui ferait bien mal aux réactionnaires ! Voilà une bonne base pour un programme de Front populaire.

Sauf que le peuple n'est pas protagoniste ici, nulle part d'ailleurs c'est vrai, mais encore moins chez des socialistes et des centristes passés totalement dans le camp du post-modernisme. Finis le contenu, les valeurs, la morale, l'idéologie : on est désormais au-delà du bien et du mal, par-delà les classes sociales.

Leurs propos, leurs programmes, leurs styles, tout suinte le spontané modernisateur, d'esprit libéral ou nationaliste. Ces gens veulent être élus, voilà tout !

Il n'y a pas de dimension réelle, au mieux des recettes censées apporter du tonus à l'économie, à l'éducation, à l'emploi, aux entreprises.

Benoît Hamon propose ainsi son revenu universel, concept dont l'origine libérale est passée sous silence ; Arnaud Montebourg valorise le protectionnisme, concept dont la teneur nationaliste est évidemment gommée.

Il y a également les incertitudes, les doutes, bref l'amateurisme : Vincent Peillon a pu parler d'une personne en mentionnant son « origine musulmane », alors que Jean-Luc Bennahmias ne connaissait même pas son propre programme mis sur internet, que François de Rugy et Sylvia Pinel servaient littéralement de tapisserie pro-gouvernementale.

Et plus c'est plat, plus cela tend soit vers Jean-Luc Mélenchon, soit vers Emmanuel Macron. Et il n'y a aucune raison de s'en réjouir, car c'est un nivellement par le bas et une entreprise de liquidation : le Parti Socialiste, après avoir trompé, menti, œuvré à la dépolitisation, à la croyance en les illusions réformistes, au respect de la bourgeoisie, se torpille lui-même, avec une logique de terre brûlée sur le plan des idées qui est un dernier coup de poignard dans le dos des masses.

Seule la logique du Front populaire, avec comme projet la démocratie populaire, peut insuffler une dynamique nouvelle, ayant un écho chez tous les progressistes, permettant d'aller de l'avant face à la réaction !

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