9 Jan 2017

La primaire citoyenne et «Je suis Charlie»

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Lien vers le portail Elections 2017Le mouvement « Je suis Charlie » a été historiquement une vague progressiste de nature petit-bourgeoise, permettant de vrais débats, sans pouvoir aller jusqu'au fond des choses, mais tout de même.

C'est pour cette raison que la fraction la plus conservatrice de la société a été totalement opposé à ce phénomène, tout comme par ailleurs l'extrême-gauche devenue ultra-gauche.

En fait, le mouvement « Je suis Charlie » correspond à tout un pan de la société qui est l'allié objectif de toute bataille pour une démocratie populaire.

Pourtant, on peut voir que les candidats à la primaire citoyenne n'abordent pas la question du mouvement « Je suis Charlie ». Pire encore, leur approche s'y oppose même pratiquement entièrement pour la plupart d'entre eux.

Les propos aberrants de Vincent Peillon ont, par exemple, il y a quelques jours, défrayé la chronique :

« Certains veulent utiliser la laïcité – ça a déjà été fait dans le passé – contre certaines catégories de population, c’était il y a quarante ans, les juifs à qui on mettait des étoiles jaunes.

C’est aujourd’hui un certain nombre de nos compatriotes musulmans qu’on amalgame d’ailleurs souvent avec les islamistes radicaux. C’est intolérable. »

Liens vers la liste d'articles : L'esprit Charlie hebdo

Outre que ce n'était pas du tout il y a quarante ans, l'assimilation de la laïcité au fascisme de type hitlérien est totalement délirante. Vincent Peillon a bien sûr pratiqué le « rétropédalage » par la suite, mais il reste que ces propos révèlent le fond post-moderne de son approche.

Le post-modernisme raisonne en termes d'identité et de droit, d'individus et de communautés ; il récuse le principe de la lutte des classes.

Benoît Hamon (dont la femme est responsable des Affaires publiques du secrétariat général chez LVMH) contourne la question des classes sociales en proposant un revenu universel défendu historiquement par les capitalistes (et expérimenté à ce titre en ce moment par la Finlande).

Arnaud Montebourg assume pareillement un discours « post-socialiste » : affirmant vouloir « un socialisme incarné de façon contemporaine tant par Dominique Strauss-Kahn que par Jean-Pierre Chevènement », son projet étant socialiste « mais pas seulement. Il est aussi d'inspiration gaulliste, écologique, républicaine ».

Manuel Valls entendait lui-même il y a quelques années supprimer le mot « socialiste » du nom du parti ; Sylvia Pinel du parti centriste PRG se pose ouvertement comme la partisane acharnée de nouveaux droits, comme celui de consommer du cannabis, vieille lune de la bourgeoisie « branchée ».

Jean-Luc Bennahmias de Force démocrate est du même acabit, tout comme François de Rugy.

C'est là la liquidation du Parti Socialiste dans ce qu'il représente historiquement. Il est d'ailleurs devenu un parti politique dont la moitié des adhérents sont des cadres supérieurs.

Lien vers le dossier : PCF(mlm)/Pour une démocratie populaireCe n'est pas du « social-libéralisme » qu'il prône mais du libéralisme moderniste, ou bien social uniquement dans la mesure où c'est post-moderne.

Le mouvement « Je suis Charlie » niait pareillement la lutte des classes. C'est ce qui fait qu'une partie significative de sa base va se tourner vers cette « primaire citoyenne ».

Toutefois, il posait tout de même la problématique historique du progrès et de la civilisation. En ce sens, il a été progressiste et s'oppose par essence même au post-modernisme.

Il y a là une contradiction flagrante, où justement nous nous positionnons.

L'avenir n'appartient pas à une ultra-gauche décomposée, flirtant ouvertement avec l'antisémitisme, résumant le militantisme à du syndicalisme ou du pseudo-hooliganisme.

Il appartient à des gens se tournant vers la culture, le progrès, refusant la décadence qu'apporte le capitalisme. Et ces gens, ce sont les masses, les gens normaux, qui à 99,9 % n'ont jamais rencontré de militant politique.

Ces gens qui voient la crise écologique en cours, comme avec la vallée de l'Arve, qui a marqué dans tout le pays. Qui s'aperçoivent que la tendance à la guerre se renforce – comment ne pas voir le sens que soient pro-Poutine à la fois Marine Le Pen, François Fillon, Jean-Luc Mélenchon ?

Des gens qui accepteront le discours proposant de l'espoir, même trompeur comme celui de BarackObama, comme ils ont cru François Mitterrand en 1981. À moins que les communistes ne réussissent à impulser une élévation du niveau idéologique et culturel.

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