14 nov 2011

Garm Hawa (1973) de M. S. Sathyu

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Garm Hawa – vent chaud – est un film incontournable du sous-continent indien. C'est un chef d'oeuvre, d'un raffinement absolu ; c'est une œuvre conforme au réalisme socialiste, national dans sa forme, socialiste dans son contenu, c'est une œuvre admirable, d'une force incroyable, qui fait naître pour toute personne du sous-continent indien qui est conscientisée une émotion au plus profond de son être.

Salim Mirza produit des chaussures, mais fait face à une crise économique, alors que de nombreuses familles de ses coreligionnaires musulmans quittent l'Inde pour le Pakistan. La situation au lendemain de la partition est montrée, avec sa dimension tragique humainement et culturellement.

Sa fille Amina vit elle une idylle d'un romantisme dans l'esprit de la culture musulmane moghole, mais est trahie par une jeune qui finit par aller au Pakistan. La seconde fois où une histoire similaire lui arrive, elle se suicide, son sang coulant en lieu et place du sang menstruel. Dans l'esprit de précision raffinée du sous-continent indien, ce genre de détails, d'allusions, pullulent dans tout le film (le reflet du couple dans l'eau, symbole d'unité digne d'un océan de pureté, etc.).

A la fin du film, Salim Mirza et son film Sikander décident de partir pour le Pakistan. Mais ils sont bloqués par une manifestation en ville, où les drapeaux rouges côtoient les banderoles écrites en hindi et en ourdou (soit la langue hindoustanie, dans ses variantes graphiques hindoue et musulmane).

Sikander veut rejoindre le cortège, ce que Salim Mirza accepte. Ce dernier donne la clef de la maison à sa femme – allusion comme quoi il lui confie une responsabilité, tout en soulignant son arriération culturelle qu'il faudra combler – et se met en queue de la manifestation, montrant que les vieux doivent suivre les exigences de la jeunesse, du nouveau.

Le film se conclut alors sur des paroles poétiques, là aussi dans l'esprit culturel musulman indien :

Jo door se toofan ka karte haiN nazara

Un ke liye toofaan wahaaN bhi hai, yahaaN bhi

Dhaare meiN jo mil jaaoge, ban jaao ge dhaara

Hai waqt ka elaan, wahaaN bhi hai, yahaaN bhi

« Ceux qui voient simplement de loin la tempête

Pour eux elle est à la fois ici et là

Rejoins la vague, et tu deviendras le courant

C'est l'appel des temps, ici et là »

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