12 Jan 2013

Mariage gay et lesbien, adoption, PMA, GPA : ce que les progressistes doivent en penser

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Comme tout le monde l'a bien compris ces dernières semaines, la question du mariage gay et lesbien est bien plus compliqué qu'elle n'en a l'air. Car en arrière-plan, il y a la questions des enfants.

D'ailleurs, le projet de loi dit du « mariage pour tous » ne porte pas que sur le mariage. Il vise également à ouvrir le droit à l'adoption pour les personnes gays et lesbiennes, et à élargir dans un second temps à la procréation médicalement assistée et à la grossesse pour autrui (les « mères porteuses »).

En effet, si un couple hétérosexuel n'arrivant pas à avoir d'enfants peut avoir une procréation médicalement assistée, alors deux lesbiennes peuvent exiger le même droit, et alors deux gays peuvent demander de voir reconnu une grossesse pour autrui afin eux aussi d'avoir des enfants.

Seulement, alors, la société se réveille. Prête à accepter le mariage gay et lesbien, elle s'aperçoit qu'il y a la question des enfants, et là c'est la panique.

Une panique d'autant plus forte qu'elle n'a droit qu'à deux discours : celui des cathos fachos expliquant que l'homosexualité ne serait pas naturelle, et celui des décadents qui ne voient pas de mal au phénomène des mères porteuses.

Capitalistes old school contre capitalistes new school : voilà le choix imposé.

Alors, qu'est-ce que les progressistes doivent en penser ?

Il faut d'abord voir ce que disent les faits. Toute personne progressiste ne peut qu'être attristée de voir une jeune femme de 18 ans poussant un landeau, ou de voir un vieil homme de 80 ans devenir père. Il s'agit là de phénomènes incompatibles avec un niveau de conscience sociale élevée.

Ce ne sont pas les seuls phénomènes relevant du libéralisme qui peuvent choquer. Par exemple, dans le socialisme, l'adoption des enfants orphelins devra être une pratique encouragée, puis généralisée. Car offrir un cadre de développement épanouissant à tous les enfants est un devoir socialiste ; un devoir dont doit s'acquitter chaque famille, car les enfants des masses appartiennent aux masses.

Mais en attendant le socialisme, le capitalisme nous présente l'horreur, l'attitude proprement barbare des personnes procédant au véritable rapt d'enfants des pays semi-coloniaux semi-féodaux. Le déracinement d'enfants, sous le prétexte fallacieux de leur « offrir une vie meilleure », qui sont arrachés à leur famille, aux masses auxquelles elles appartiennent et donc à leur propre histoire, est une pratique absolument abominable. C'est une pratique typiquement impérialiste à laquelle toutes les personnes progressistes doivent s'opposer fermement.

Et finalement, pour les personnes comprenant le communisme, c'est toute la question des enfants qui se pose.

Pourquoi cela ? Parce que le droit bourgeois à l'enfant est intolérable. Les enfants sont mal accueillis, ils sont bien trop souvent le fruit d'une volonté de pérenniser sa propriété. Leurs personnalités sont littéralement écrasées par des parents aigris de leur vie sociale, forçant les enfants à assumer leurs propres rêves.

L'enfant est alors une simple marchandise, un être maltraité psychologiquement et affectivement. Et c'est une réalité absolument banale en France. Être un enfant, une personne jeune dépendante de ses parents, c'est très vite apprendre à mentir pour avoir la paix, pour avoir un espace de liberté, voire de dignité.

La famille bourgeoise, et plus encore quand elle a gardé les stigmates du féodalisme, est un lieu de souffrances, de brimades, de mépris, d'apprentissage à la soumission à l'arbitraire.

Ainsi, la première chose est de prendre toute la mesure de l'importance de l'acte de faire des enfants. Et donc mettre en œuvre les conditions du plein épanouissement des enfants avant même de le faire.

Faire un enfant cela se planifie et se prépare. Et la société n'a pas à payer le prix de l'absence de préparation de personnes individualistes. Faire un enfant, cela ne peut se faire qu'au sein d'un couple stable, ensemble depuis un certain temps et donc prêt à offrir une structure stable comme cadre du développement des enfants.

Et comme déjà dit faire des enfants, cela ne peut se faire trop jeune non plus, car la jeunesse est une étape importante dans la vie des individus. De la même manière, passée un certain âge, faire des enfants est du simple égoïsme, vu qu'on ne les verra pas grandir ni commencer leur vie.

Il ne faut pas non plus être dupe de la fonction du mariage dans le capitalisme. La famille bourgeoise est au centre de la structuration de sa société. En tant que structure sociale du capitalisme, elle est basée sur la propriété privée et l'accaparement, dont elle permet la reproduction.

D'ailleurs, en pratique, et malgré les quelques progrès, la femme appartient au mari et les enfants appartiennent aux parents. La famille et donc les enfants sont des faire-valoir des parents, ils représentent un signe de réussite sociale. Le centre de la famille bourgeoise est le droit des parents et principalement du père.

Mariage gay et lesbien, adoption, PMA, GPA : qu'est-ce que les progressistes doivent alors en penser ?

Eh bien déjà que le mariage hétérosexuel traditionnel coule avec la société capitaliste, et que déjà apparaît la nécessité du mariage socialiste, celui fondé sur la romance. Une romance qui peut être hétérosexuelle ou homosexuelle.

Une romance qui permet aux enfants de s'épanouir et d'être vraiment désirés et voulus, et c'est ce qui compte.

Nous, communistes, ne somme pas des anarchistes ; nous rejetons la famille bourgeoise, pas la famille en général. La famille bourgeoise est un scandale, elle est réactionnaire, opportuniste, le plus souvent. Elle doit être révolutionnée, avec comme critère de vérité la romance.

Et les masses sont d'accord : la famille est un besoin, un besoin pour les enfants. Les enfants ne peuvent vivre seuls. Ils ont besoin de personnes pour s'occuper d'eux, pour leur apprendre des choses, leur donner une structure qui sera la base de leur identité individuelle. Un enfant est né d'une mère, provient d'une rencontre et est donc le prolongement d'une histoire. Histoire dont il se saisit pour se structurer puis la dépasser.

La famille est donc un droit... mais un droit pour les enfants !

Son absence elle aussi est une cause de souffrance, de sentiment d'abandon et de rejet de la part de société qui parque les enfants orphelins dans des « centres » où ils apprennent eux aussi la soumission aux adultes et à l'arbitraire et où leurs droits sont la plupart du temps purement et simplement niés.

La question de l'adoption par des personnes gays et lesbiennes est donc à comprendre dans ce cadre. Un couple de personnes homosexuelles peut tout à fait être une structure propice au plein épanouissement d'un enfant... s'il correspond aux critères de stabilité évoqués avant et s'il met le développement de l'enfant en son centre.

En ce sens la procréation médicalement assistée, une société socialiste peut la reconnaître pour un couple de lesbiennes dont la relation est fondée sur la romance.

Par contre, et c'est certainement le malheur des gays, une société socialiste ne pourra nullement reconnaître le principe des « mères porteuses. » La « Gestion Pour Autrui », c'est l'esclavage des femmes prolétaires et des femmes des pays semi-coloniaux semi-féodaux au profit des couples bourgeois ou petit-bourgeois des pays impérialistes.

A la question « Mariage gay et lesbien, adoption, PMA, GPA : qu'est-ce que les progressistes doivent alors en penser ? », la réponse est donc oui, oui, oui et non.

C'est ce qui différencie les progressistes tant des réactionnaires que des décadents.

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