11 sep 2011

La contradiction entre les villes et les campagnes - 2e partie

Submitted by Anonyme (non vérifié)

« Certes, la civilisation nous a laissé, avec les grandes villes, un héritage qu’il faudra beaucoup de temps et de peine pour éliminer. Mais il faudra les éliminer et elles le seront, même si c’est un processus de longue durée… »
(Engels)

Les villes doivent reculer : telle est la conclusion que nous avons vue dans une première partie au sujet de la contradiction entre les villes et les campagnes.

Cela découle nécessairement du point de vue communiste. Mais ce point de vue a-t-il été en tant que tel celui des fondateurs du marxisme, les immenses Karl Marx et Friedrich Engels ?

Oui, tel a été leur point de vue. Les grandes villes sont quant à elles nées avec le capitalisme, et elles mourront avec lui : telle est la thèse du marxisme.

Voici comment Friedrich Engels résume la thèse communiste sur la naissance des villes :

La lutte de la bourgeoisie contre la noblesse féodale est la lutte de la ville contre la campagne, de l’industrie contre la propriété foncière, de l’économie monétaire contre l’économie naturelle, et les armes décisives des bourgeois dans cette lutte furent leurs moyens de puissance économique accrus sans arrêt par le développement de l’industrie, d’abord artisanale, puis progressant jusqu’à la manufacture, et par l’extension du commerce.

(Anti-Dühring)

Rappelons qu’avant le féodalisme (vaincu par le capitalisme), il y a eu le mode de production esclavagiste, et encore auparavant le communisme primitif.

Il est donc logique de considérer que le capitalisme et ses villes céderont la place à un rapport à la nature, qui sera le même que lors du communisme primitif.

Pour que l’être humain soit véritablement un être humain, il doit épanouir toutes ses facultés, et le capitalisme, le travail non communiste en général, exploite ses facultés, en emprisonnant l’être humain sur le plan émotionnel, sur le plan mental, sur le plan moral, sur le plan physique…

Par conséquent, les villes doivent être dépassées, tout comme le capitalisme qui lui a donné naissance. Car comme l’explique Friedrich Engels, les villes sont l’expression, pour ainsi dire développée à l’échelle de la planète, de la contradiction entre le travail manuel et le travail intellectuel.

Dans toute société dont la production suit un développement naturel – et la société actuelle est dans ce cas – ce ne sont pas les producteurs qui dominent les moyens de production, mais les moyens de production qui dominent les producteurs.

Dans une telle société, tout levier nouveau de la production se convertit nécessairement en un moyen nouveau d’asservissement des producteurs aux moyens de production.

Cela est vrai surtout pour le levier de la production qui, avant l’introduction de la grande industrie, était de loin le plus puissant : la division du travail.

La première grande division du travail elle-même, la séparation de la ville et de la campagne, a condamné la population rurale à des milliers d’années d’abêtissement et les citadins chacun à l’asservissement à son métier individuel.

Elle a anéanti les bases du développement intellectuel des uns et du développement physique des autres.

Si le paysan s’approprie le sol et le citadin son métier, le sol s’approprie tout autant le paysan et le métier l’artisan.

En divisant le travail, on divise aussi l’être humain. Le perfectionnement d’une seule activité entraîne le sacrifice de toutes les autres facultés physiques et intellectuelles.

(Anti-Dühring)

C’est à cette œuvre de Friedrich Engels que fait référence Staline, lorsqu’il rappelle en 1951 dans « Les problèmes économiques du socialisme » que le socialisme a comme tâche le dépassement de la contradiction entre les villes et les campagnes.

Quelle est la position de Friedrich Engels ? Ce dernier nous dit très clairement que le développement de la civilisation vers le communisme exige la disparition des grandes villes, c’est-à-dire des villes telles qu’elles se sont développées dans le capitalisme.

Lisons ici les propos de Friedrich Engels, qui sont d’un grand enseignement pour le PCMLM :

Seule une société qui engrène harmonieusement ses forces productives l’une dans l’autre selon les lignes grandioses d’un plan unique peut permettre à l’industrie de s’installer à travers tout le pays, avec cette dispersion qui est la plus convenable à son propre développement et au maintien ou au développement des autres éléments de la production.

La suppression de l’opposition de la ville et de la campagne n’est donc pas seulement possible.

Elle est devenue une nécessité directe de la production industrielle elle-même, comme elle est également devenue une nécessité de la production agricole et, par-dessus le marché, de l’hygiène publique.

Ce n’est que par la fusion de la ville et de la campagne que l’on peut éliminer l’intoxication actuelle de l’air, de l’eau et du sol ; elle seule peut amener les masses qui aujourd’hui languissent dans les villes au point où leur fumier servira à produire des plantes, au lieu de produire des maladies. [...]

La suppression de la séparation de la ville et de la campagne n’est donc pas une utopie, même en tant qu’elle a pour condition la répartition la plus égale possible de la grande industrie à travers tout le pays.

Certes, la civilisation nous a laissé, avec les grandes villes, un héritage qu’il faudra beaucoup de temps et de peine pour éliminer. Mais il faudra les éliminer et elles le seront, même si c’est un processus de longue durée.

(Anti-Dühring)

Le socialisme est donc par définition écologique, c’est-à-dire reconnaissant que la planète n’est pas un caillou et que l’humanité est une composante de la nature : le socialisme pose l’objectif communiste du dépassement des villes, par la naissance de grands centres semi-urbains semi-ruraux, qui n’entrent pas en conflit avec la nature, mais en sont même d’une certaine manière une composante, en tant qu’élément de la biosphère.

Les grandes questions: 
Rubriques: