6 oct 2011

Défilé fasciste du 8 Octobre à Lille : un pas de plus dans l'encerclement des masses

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Samedi 8 Octobre, les fascistes de la mouvance auto-dénommée  " solidariste " organisent une manifestation nationale à Lille.

Cette manifestation est un signe important. En effet, si les fascistes manifestaient tous les ans de manière centralisée à Paris le 9 Mai et organisaient des défilés locaux, ils n'avaient pas encore créé de nouvelle initiative d'envergure nationale. En effet, le défilé fasciste du 9 Mai existe depuis 1994, est lié historiquement à toute l'extrême-droite et ne représente pas d'enjeu autre que symbolique.

Là, la mouvance " solidariste " organise son événement propre avec pour premier objectif de démontrer son développement et sa capacité de mobilisation en tant que force politique autonome. D'une certaine manière cette manifestation doit pour cette mouvance servir de saut qualitatif dans sa structuration.

De fait, depuis plus d'un an, la mouvance solidariste se développe rapidement qualitativement et quantitativement. C'est-à-dire qu'elle se structure organisationnellement et qu'elle produit une synthèse politique.

Comme nous l'avons déjà dit, le fascisme est un mouvement qui ne se structure définitivement qu'aux portes du pouvoir. Avant cela, il voit naître un grand nombre de tendances avec une très grande concurrence entre elles pour être celle qui recevra l'aval de la bourgeoisie impérialiste. Le fascisme passe ainsi son temps à se recomposer sans cesse, à muter, à ouvrir des brèches, à inventer des théories et cela au gré des transfuges venus de la social-démocratie ou de la droite réactionnaire.

Le solidarisme n'est qu'une des plus récentes mutations du fascisme d'aujourd'hui. Mais c'est une des moutures qui progresse le plus rapidement ces derniers mois. Cette mouvance est composée de groupes ayant scissionné " sur la gauche " de la mouvance identitaire, des différents petits groupes " nationalistes autonomes " qui essaient d'imiter le mouvement allemand et de groupes venant du nationalisme révolutionnaire.

La nouvelle mouture solidariste n'est pas dans la filiation directe de la tendance nationaliste-révolutionnaire des années 60/70 dont elle a repris le nom. D'ailleurs Serge Ayoub, sa figure centrale, le reconnaît lui-même puisqu'il dit à propos du rapport avec les mouvements des années 60 : « Non, cela n’a rien à voir. Nous avons repris ce terme car nous avons une vision solidaire de notre pays. »

Ce qu'il faut voir c'est que le mouvement solidariste originel fut une des composantes essentielles dans la génèse du Front National. La reprise de ce terme par la mouvance qui se structure autour des initiatives de Serge Ayoub montre très clairement qu'elle marche en complément du Front National de Marine Le Pen. D'un côté la démarche brutale, " de rue ", rebelle à la SA et de l'autre la démarche gestionnaire, sérieuse, partidaire. L'objectif est de prendre en tenaille la classe ouvrière, de la neutraliser avant de conquérir le pouvoir.

Il faut bien comprendre que le rôle du fascisme est d'organiser la mobilisation générale du pays derrière les objectifs de conquête de la bourgeoisie impérialiste. Et la classe ouvrière est la seule force capable d'enrayer définitivement la machine de guerre impérialiste. Neutraliser la classe ouvrière est donc la première phase de la stratégie fasciste ; et le mouvement qui prendra le pouvoir sera celui qui aura démontré sa capacité à mettre en œuvre cette tâche.

C'est en cela que la mobilisation fasciste à Lille ce week-end est d'une grande importance. Car qu'est-ce que le Nord/Pas-de-Calais si ce n'est la région la plus ouvrière de France ? Si ce n'est un des bastions historiques les plus importants du mouvement ouvrier organisé ?

Il aurait certainement été plus facile pour les fascistes de manifester ailleurs qu'à Lille, mais leur but est bien de faire une démonstration de force en marchant dans la capitale de la région.

Qui plus est, ils cherchent aussi clairement à défier la social-démocratie et l'extrême-gauche. Le ville est de Lille est un symbole social-démocrate: elle a toujours été dirigé par le Parti Socialiste, les fédérations socialistes du Nord et du Pas-de-Calais sont les plus grosses de France, et sa maire n'est autre que Martine Aubry l'actuelle secrétaire nationale du Parti Socialiste et une des prétendantes à l'élection présidentielle. C'est aussi un bastion du syndicalisme.

Et symboliquement, c'est à Lille qu'a été écrite l'Internationale. Par ailleurs, c'est encore aujourd'hui une des villes en France avec une extrême-gauche révolutionnaire développée, active et influente (très majoritairement communiste libertaire).

Le message lancé par les fascistes en tentant de faire de Lille leur rendez-vous régulier de rentrée est limpide : ils veulent éliminer la gauche et l'extrême-gauche et prendre d'assaut la classe ouvrière.

La mise en avant de la figure de Roger Salengro comme prétexte à la manifestation a pour but de présenter les fascistes comme les " vrais socialistes ". Marine Le Pen l'avait d'ailleurs déjà fait en 2009 durant les élections européennes.

Ne nous y trompons pas, il y a bien une logique là-dedans. En effet, si Roger Salengro s'était attiré la haine des ligues fascistes à cause de sa loi de dissolution, il fût aussi à l'origine d'une loi raciste permettant l'expulsion d'un grand nombre d'ouvriers immigrés. Roger Salengro était un exemple typique de la dégénérescence social-fasciste de la social-démocratie.

L'aspect coordonné de l'offensive fasciste entre la mouvance solidariste et le Front National de Marine Le Pen apparaît encore une fois clairement. Marine Le Pen ayant fait de la conquête du Nord-Pas-de-Calais un de ses axes stratégiques pour sa marche au pouvoir.

D'ailleurs, derrière l'apparence plus radicale, on voit bien qu'au final les solidaristes et le Front National veulent exactement la même chose d'un point de vue économique. S'ils font tous mine de se présenter comme les vrais " socialistes ", comme des " anti-capitalistes ", etc. au final ils cachent derrière cela un pur projet de collaboration de classe.

Derrière son apparence rebelle et révolutionnaire, le fascisme ne vise pas au changement du mode de production. Ce qu'il vise c'est d'atténuer la lutte de classe, c'est la " réunification " de la Nation derrière la bourgeoisie, c'est de mater la classe ouvirère !

Ce qui est mis en avant tant par la mouvance solidariste que par Marine Le Pen, c'est un Etat fort qu'ils appellent un « Etat stratège » qui orienterait une économie libérale de petits entrepreneurs. Les pseudo-socialistes de Troisième Voie (le groupe central de la mouvance solidariste) disent même carrément dans leur manifeste : « Nous défendons la liberté d’entreprendre comme un droit fondamental. Cette liberté est bien davantage menacée par la concentration croissante des marchés que par la juste intervention ponctuelle d’un état souverain. » C'est pour cela qu'est mis en avant le syndicalisme révolutionnaire ou l'anarchisme petit-bourgeois de Proudhon.

Derrière le look rebelle, les poses révolutionnaires et le discours anti-capitaliste se cache en fait la petite-bourgeoisie aux abois !

La manifestation de Samedi est un pas de plus dans l'encerclement de la classe ouvrière, un pas important dans la marche du fascisme au pouvoir. Ils vont tenter de la transformer en demonstration de force et de radicalité en reprenant l'imagerie « black bloc », dans la journée, et de harceler tout ce que la ville de Lille compte de lieu "de gauche", la nuit.

Il apparaît évident que les fascistes ont un boulevard dans les masses populaires tant l'extrême-gauche a été rendue moribonde par l'opportunisme trotskiste et le néant idéologique syndicaliste révolutionnaire qui ont régné en maître ces 10 dernières années. L'antifascisme "radical" s'est pratiquement effondré et a fini par se vendre à la social-démocratie.

La crise s'accentue et la bourgeoisie impérialiste voit s'ouvrir devant elle des possibilités expansionnistes gigantesques. Le fascisme se sent pousser des ailes et devient de plus en plus audacieux, structuré et agressif.

De leur côté les masses populaires souffrent de plus en plus et grondent. Mais elles sont totalement désorganisées et ont été désarmées par des décennies d'opportunisme révisionniste.

Aujourd'hui, les révolutionnaires sincères doivent comprendre que la bataille à mort avec le fascisme a commencé. Ils doivent comprendre qu'il n'existe qu'une seule manière de la remporter : la mobilisation générale des masses populaires.

Et pour cela, il faut que se développe un antifascisme par en bas, que se développe des comités antifascistes dans les quartiers et les usines. Des comités qui assument un travail d'éducation des masses quotidien, patient et acharné. Des comités qui assurent l'auto-défense contre le fascisme en attendant de pouvoir reprendre l'offensive pour le liquider.

Ainsi, ainsi seulement, la classe ouvrière pourra tenir bon et maintenir son cap vers le pouvoir dans les tempêtes qui s'annoncent !

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