26 avr 2012

Hollande veut (presque) renouer avec le gaullisme

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Si nous avons publié hier la première partie d'une série d'articles intitulé « gaullisme, néo-gaullisme et fascisme », c'est que nous pensons que le gaullisme est au cœur de l'actualité de la société française (et qu'il se transforme de plus en plus en un pré-fascisme). 

Nous ne nous sommes pas trompés. Hier même, François Hollande déclarait lors de sa conférences de presse :

« Il est très important qu'il puisse y avoir cette rencontre entre la presse et le président. C'était d'ailleurs une tradition sous la Ve République, qui a été perdue, y compris au temps de François Mitterrand, qui avait commencé lui aussi à faire des conférences de presse et y avait renoncé. Mais lui c'était peut-être parce qu'il voulait rompre avec le gaullisme, alors que moi je voudrais presque renouer avec lui ! »

Cela est très révélateur. François Hollande dit vouloir (presque) renouer avec le gaullisme, alors que, historiquement, la social-démocratie s'oppose, au moins dans la forme, au gaullisme. Ce clin d'oeuil de la part de François Hollande signifie une chose bien précise : c'est que François Hollande doit donner des gages à la bourgeoisie financière et aux groupes monopolistes.

En fait, comme nous l'avons expliqué avant-hier, en tant que représentant d'une bourgeoisie moderniste que nous avons qualifiée de « planiste », François Hollande a déjà des liens important avec la bourgeoisie financière.

Mais pour autant, en tant que moderniste, il est un promoteur de l'Union Européenne et ne répond pas directement au désir d'autonomie du Capital financier français qui se fait, et se fera, de plus en plus fort. Alors en attendant, il doit convaincre que pour le moment l'Union Européenne reste la meilleure option pour l'impérialisme français.

Pour cela, lors de sa conférence de presse, il a principalement cherché à montrer qu'avec lui, c'est la France qui conduirait la politique européenne, ou du moins qu'elle l'influencerait largement, outrepassant s'il le faut les institutions européennes. 

Il a donc indiqué que dès le lendemain de son élection, s'il est élu, il irait renégocier le traité européen de discipline budgétaire – ce à quoi s'oppose en fait Mario Draghi le directeur de la Banque Centrale Européenne. 

Mais François Hollande doit composer avec plusieurs forces, il fait un jeu d'équilibriste et a malgré tout rappelé son alignement sur la Banque Centrale Européenne et dit qu'il soutenait l'action de son directeur. François Hollande cherche à obtenir – et semble obtenir – un compromis avec Mario Draghi autour de l'idée d'un « pacte de croissance ». 

Il veut élaborer des « plans » pour relancer l'économie et sortir l'impérialisme français de la crise, ce qu'il appelle lui « la crise de la zone euro ». Il a donc détaillé toute une série de mesures « planistes » à établir dans le cadre européen : création d'euro-bonds, libération de « possibilités des  financements de la Banque Centrale d'investissement » pour « financer des projets industriels d'infrastructure », etc. 

Pour un aperçu de ce que cela peut signifier, on peut se référer à notre article sur la dette publique, un pilier du système impérialiste. En effet, les questions qui se posent là tournent autour de la gestion de la dette publique.

Actuellement, la BCE et la bourgeoisie industrielle incarnée par Nicolas Sarkozy ou le MEDEF en France veulent accentuer sur la rigueur budgétaire, afin de résorber la dette. Le « plan » de Hollande est plutôt de « libérer » la croissance. Il se pose alors la question d'obliger la BCE à abaisser ses taux d'intérêt qu'elle maintient pour garantir une « stabilité des prix », c'est à dire de limiter l'inflation. Le « plan » de Hollande consiste en quelque sorte à faire sauter cette barrière pour permettre une relance de la croissance économique.

C'est en cela qu'Hollande se dit presque « gaulliste », il veut incarner l’indépendance de la France et proposer des solutions concrète au capital financier français pour se relancer, grâce aux institutions européennes – à l'instar de l'impérialisme allemand qui le fait à son compte. François Hollande a donc en effet prononcé un discours très « gaulliste » lors de sa conférence de presse d'hier :

« La France ne retrouvera sa place dans l'Union Européenne et son rang dans la mondialisation que si elle est capable d'infléchir le cours de la construction européenne, d'investir dans la croissance et dans l'emploi, d'où la dimension que je veux donner au futur traité pour qu'il prenne la priorité de l'emploi, de la croissance, des grandes infrastructures. »

Le pari de François Hollande, c'est de miser et faire croire le plus longtemps possible à une stratégie de croissance. Mais derrière ses « plans », il y a bien le capital financier français, qui pousse de plus en plus dans son désir d'autonomie à mesure que la crise s'accentue.

Et la crise s'accentue bel et bien. La Banque Mondiale a affirmé il y a quelques jours que l'économie mondiale « traverse une passe dangereuse », et cela concerne particulièrement la zone euro qui devrait connaître une croissance négative en 2012. Le « gaullisme » de François Hollande, et en fait la social-démocratie de manière générale, est une dernière tentative de la bourgeoisie pour essayer de préserver son cadre pseudo-démocratique.

Mais cela pave inévitablement la route au fascisme, car en arrière-plan, il y a Marine Le Pen en embuscade avec son néo-gaullisme, prête à donner complétement les rênes du pouvoir au Capital financier et à la bourgeoisie impérialiste française. 

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