8 mai 2012

Résultats du second tour : la France entre fausse rébellion et conformisme

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Nous disions dans notre document sur l'élection de François Hollande que

bien loin de rejeter la bourgeoisie et sa société, le prolétariat, désarçonné idéologiquement, ne peut envisager de porte de sortie qu'au sein du capitalisme. En votant encore plus massivement qu'au premier tour, les masses ont montré à quel point elles faisaient encore confiance dans les institutions de la 5ème République

Cette confiance dans les institutions de la bourgeoisie, cet aspect conformiste - y compris lorsqu'elles font mine de se rebeller - d'une grande partie des masses se révèle clairement en analysant certains chiffres des élections.

 

 

Sur les deux tableaux montrant les résultats par catégories sociales, on voit que, contrairement au premier tour, le comportement électoral des masses populaires est sensiblement le même d'une élection à l'autre. Si François Hollande gagne les élections, c'est parce qu'une partie très importante des cadres (particulièrement ceux de la fonction publique) et de la petite-bourgeoisie a voté pour lui.

Tout d'abord, cela confirme que le Parti Socialiste est porté au pouvoir par une partie de la bourgeoisie. Il est poussé par la petite-bourgeoisie qui voit son monde disparaître avec la crise et cherche à quelle partie de la bourgeoisie se raccrocher pour survivre. Il est aussi poussé par les forces très puissantes de l'Etat et des grands monopoles qui veulent leurs modernisations pour en faire des machines de guerre et asseoir leurs pouvoirs sur l'économie française.

Ensuite, la stabilité des rapports de force électoraux des ouvriers et des masses populaires montrent à quel point le prolétariat est pris dans la gangue du conformisme.

En effet, si le prolétariat voulait le changement, il aurait dû y avoir, en toute logique, une grande mobilisation pour le candidat du Parti Socialiste, qui de plus faisait campagne sur ce thème, ou alors un rejet massif des institutions en boycottant ce scrutin.

Or c'est tout l'inverse qui s'est passé. Les masses se sont déplacées massivement aux urnes et ont voté pratiquement comme en 2007. Pourquoi cela ? Parce que les masses sont infestées de culture conformiste, parce que l'attitude légitimiste de soutien au "chef" prévaut plutôt que la réelle mobilisation.

En l'absence de réelles perspectives, en l'absence de leur parti leur permettant de se saisir d'elles-mêmes comme sujet politique, les masses populaires préfèrent que rien ne change ... ou pas trop.

Un deuxième aspect de ce conformisme est paradoxalement le grand nombre de votes blancs. En effet, si la participation a été en hausse par rapport au premier tour, le nombre de bulletins blancs et nuls a dépassé les 2 millions, soit près de 6% des bulletins de vote.

Ce qui n'est pas en soi inhabituel dans la 5è République (6,42% en 1969, 5,97% en 1995, 5,38% en 2002) ; bien que ce soit le deuxième plus haut taux après 1969 où s'opposait un candidat de centre-droit - Jean Lecanuet -  et un candidat de droite - Georges Pompidou - , et que ce soit le record en terme de nombre de bulletins.

Ce nombre de votes blancs ou nuls fait de François Hollande le plus mal élu des présidents de la 5ème République puisque seulement un peu plus de 48% des personnes ayant voté ont voté pour lui ; mais ce n'est pas la première fois qu'un président recueille moins de 50% des bulletins de vote.

 

Bien évidemment, ce nombre important de votes blanc est en partie lié aux consignes voilées de Marine Le Pen. Cela se vérifie dans certains des "fiefs" du Front National comme Hénin Beaumont, 9,15% des personnes s'étant déplacé pour voter ont voté blanc ou nul ; ou dans les Vosges où Marine Le Pen avait fait 24% au premier tour des élections et où on a dénombré 8,2% de votes blancs ou nuls.

Mais il est seulement en partie lié au Front National. Comme on le voit sur le tableau des reports de voix, on voit que les électeurs centristes et ceux des autres candidats de gauche ont aussi eu recours au vote blanc ou à l'abstention dans de fortes proportions.

Le vote blanc est en fait typique de la culture de fausse rébellion et de "râlage" stérile à la française. Loin d'être un authentique acte de révolte, le vote blanc est au final une manière d'exprimer un forme de conformisme.

C'est une manière d'accepter les institutions bourgeoises et même de le revendiquer. En effet, plutôt que d'agir en dehors du cadre légal, les personnes qui votent blanc montrent par cet acte qu'elles attendent "mieux" de la part de l'Etat. Il n'y a aucune remise en cause du système dans cet acte mais bien plutôt son acceptation de manière très profonde.

Il est d'ailleurs très logique que le candidat le plus symbolique du refus de tout changement, François Bayrou, ait mis en avant la reconnaissance du vote blanc dans son programme.

Cet esprit de fausse rébellion  à la française se voit dans le contenu même de certains bulletins. Ainsi, ont pu être retrouvés des feuilles de papier toilette, des bulletins "comiques" avec inscrits des noms de personnages de bande dessinées ou de film dessus, des messages insultants ou sensés être drôle inscrits sur le bulletin d'un des candidats, etc.

Plutôt que d'essayer de changer les choses, ces personnes acceptent les règles d'expression de la bourgeoisie. Ils acceptent le carcan politique de l'Etat bourgeois et sa fausse démocratie. Dans la démocratie bourgeoise, le peuple n'exerce jamais le pouvoir. Il est convoqué à intervalles réguliers pour arbitrer entre les différentes factions bourgeoises.

Il n'est d'ailleurs pas étonnant que tant Jean-Luc Mélenchon que Marine Le Pen mettent en avant le vote comme une "arme".

Ainsi Jean-Luc Mélenchon, le 1er Avril en Seine-Saint-Denis, avait déclaré : "Si je vous appelle à la révolution citoyenne, ce n'est pas pour vous appelez à l'émeute".

Dans le même esprit, Marine Le Pen avait déclaré le 1er Mai en commentant son résultat : "Vous voyez le poids, l'influence, la puissance du vote. Enfumés depuis des années dans un système électoral cadenassé par le "système UMPS" nous étions presque arrivés à oublier l'extraordinaire puissance de la démocratie lorsque le peuple s'en saisit. (...) Les Français qui par découragement se réfugiaient encore dans l'abstention (...) retrouveront demain le chemin des urnes conscients enfin que voter ça sert, c'est utile, c'est essentiel, c'est vital"

C'est là un aspect important qui révèle bien la nature contre-révolutionnaire de la social-démocratie et du fascisme. Ni l'une ni l'autre ne veulent en fait vraiment changer quoi que ce soit. L'une comme l'autre, cherchent à canaliser la révolte légitime qui palpite dans les entrailles de la classe ouvrière, à la faire rentrer dans le cadre de la société bourgeoise.

La social-démocratie et le fascisme ne veulent pas changer le système. Ils cherchent à se servir de la puissance des masses populaires, seule puissance sociale réelle, pour servir les intérêts des factions de la bourgeoisie qu'ils représentent.

Dans le fond, l'abstention n'exprime aujourd'hui pas grand chose de différent que la participation aux élections.

Dans leur quasi-totalité, les personnes qui s'abstiennent, et qui sont plus nombreuses dans la classe ouvrière, ne rejettent pas les institutions bourgeoises. Elles se tiennent dans une attitude passive, désintéressée et apolitique. Elles ne cherchent pas à remettre en cause la société bourgeoise ; elles font avec et la laisse faire.

C'est là toute l'absurdité des campagnes pour l'abstention des anarchistes. Les anarchistes renvoient dos à dos toutes les parties de la bourgeoisie comme si elles représentaient toutes la même chose. Loin d'être une attitude offensive contre la société capitaliste, ils ne font que refuser toute analyse scientifique en se bornant à une attitude totalement apolitique.

Ils donnent d'ailleurs dans le même esprit potache de faux rebelle que les "rigolos" mettant du papier toilette dans les enveloppes électorales.

Nous autres communistes, refusons l'attitude passive. Nous refusons l'attitude faussement comique du potache à la française ; nous refusons cette fausse rébellion stérile qui ne mène à rien.

Ce n'est ni de vote blanc, ni de "révolution citoyenne", ni même d'abstention que le prolétariat a besoin. C'est d'une vraie politique autonome. D'une politique qui boycotte et affronte la société bourgeoise et ses institutions dans tous ses aspects. Cette politique, c'est le cœur de la démarche du PCMLM. 

Rejoins le Parti du vrai changement ; Rejoins le PCMLM !

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