Émigration et immigration - 6e partie : harcèlement raciste et communautarisme semi-féodal
Submitted by Anonyme (non vérifié)L'existence d'une population immigrée importante dans un pays capitaliste s'accompagne d'un phénomène dialectique, dont les deux aspects sont d'un côté le harcèlement raciste, de l'autre l'établissement d'un communautarisme semi-féodal.
La non-reconnaissance de ce phénomène est propre à la fois à l'extrême-droite et au post-modernisme, dans leur négation commune du matérialisme dialectique.
Les masses immigrées, de par la violence tant du harcèlement raciste que du communautarisme semi-féodal, sont prises en étau.
L'immigration dans les pays capitalistes prend, de fait, des formes différentes selon les périodes, en raison de la question des secteurs économiques où cette immigration joue un rôle. En effet, tout dépend de la capacité du mode de production capitaliste à prolonger son accumulation sur le long terme.
Si elle existe, la vague d'immigration est intégrée à court ou moyen terme. Si elle n'existe pas, la situation est pourrissante, car le processus de socialisation est particulièrement tourmenté.
La vague d'immigration polonaise et italienne dans le Nord de la France, notamment dans les mines, dans la première partie du XXe siècle, a totalement été intégrée de par la nouvelle vague d'accumulation capitaliste suivant 1945, ainsi que par le haut degré de socialisation culturelle de par la haute influence du Parti Communiste français dans cette immigration.
A l'opposé, la vague d'immigration algérienne n'a pas été totalement intégrée, tout d'abord parce que la crise capitaliste s'est affirmée, sans réelle grande reprise sous la forme d'une vague d'accumulation, ensuite parce que le Front de Libération Nationale algérien, qui contrôlait ou influençait massivement l'immigration algérienne a diffusé des conceptions petites-bourgeoises avant l'indépendance algérienne, puis une idéologie semi-féodale.
L'immigration polonaise et italienne a historiquement contribué à la révolution en France, tout comme par exemple l'immigration tchèque en Autriche, avec à chaque fois une intégration nationale complète, sous la forme de l'assimilation.
L'immigration algérienne n'a pas contribué à la révolution en France, tout comme par exemple l'immigration turque en Autriche, avec à chaque fois une main-mise importante, voire total, de l'idéologie semi-féodale sur les masses immigrées.
Ce maintien d'une idéologie semi-féodale dans une population immigrée, voire son développement, a accompagné un processus de ghettoïsation culturelle et idéologique, de par la base même du mode de production capitaliste qui génère le harcèlement raciste afin de diviser les masses et de les opposer en faisant de certaines couches sociales des « privilégiées ».
Ces privilèges ne relèvent pas d'un « plan » de la part de la bourgeoisie, car celle-ci ne « pense » pas. Il s'agit d'une utilisation opportuniste, pragmatique, des contradictions au sein des masses.
La réaction utilise des groupes d'extrême-droite, afin de polariser dans un sens national et non social. Le harcèlement raciste prend la forme d'attaques violentes, d'agressions, d'attaques individuelles, de pogroms.
La réaction utilise les leviers du conservatisme afin d'ostraciser ; elle utilise des moyens sociaux pour enferrer les masses immigrées dans leur semi-féodalisme et les dénoncer ensuite. En France, l'idéologie républicaine a été un puissant vecteur d'ostracisme ; le système des grands ensembles dans les banlieues a été un important moyen de fermer les esprits, de propager l'étroitesse des mentalités, d'assécher le niveau culturel, de monter les gens les uns contre les autres.
L'idéologie semi-féodale prétend se poser en défense des masses immigrées, en diffusant les théories racistes et anti-matérialistes d'un racisme « structurel », inhérent à un peuple, à sa culture, etc.
Elle est appuyée par la petite-bourgeoisie radicalisée, qui ainsi ne critique pas le mode de production capitaliste, mais peut faire « pression » sur la bourgeoisie : en prétendant défendre les masses immigrées, la petite-bourgeoisie radicalisée et différentes fractions bourgeoises tentent de bouleverser l'idéologie dominante, afin de pouvoir elle-même disposer de places dans les institutions en procédant à l'éviction des responsables traditionnels, académiques.
Cet esprit, qui était déjà massivement présent en mai 1968 et son prolongement, est notamment celui des mouvements anarchistes et d'orientation « post-anarchiste », des partis écologistes, etc., qui diffusent des thèses post-modernes de type « complotiste » sur les méfaits d'une société ou d'une culture qui serait raciste par « essence », qui prônent la disparition immédiate des frontières afin de renforcer l'idéologie libérale-libertaire.
A la fin août 2015, Emmanuelle Cosse qui dirige Europe Ecologie Les Verts n'a par exemple pas hésite à ériger en modèle le Liban, dont le quart de la population consiste en des personnes réfugiées. La négation d'une société hautement organisée et planifiée, des principes socialiste de centralisation et de planification, d'universalisme et d'écrasement de la bourgeoisie, est ici exemplaire de ce type d'approche, qui vise uniquement à s'appuyer sur des phénomènes nouveaux, dont l'immigration, pour la lutte des places au sein des institutions.
Il s'agit ici d'une « pression » sur la bourgeoisie, sans jamais aller dans le sens de la question de la révolution socialiste, de la prise du pouvoir d’État par les masses.
Ainsi, au harcèlement raciste correspond le communautarisme semi-féodal, au repli identitaire correspond la vision du monde libérale-libertaire, à chaque fois comme deux faces de la même pièce.
L'essence réactionnaire de cela se lit particulièrement dans la systématisation identitaire. L'idéologie semi-féodale repousse catégoriquement le métissage, la fusion des éléments culturels démocratiques dans le cadre de leur reconnaissance matérialiste. Le post-modernisme diffuse à sa manière également le culte des identités, le différentialisme et le relativisme.