8 sep 2015

Émigration et immigration - 7e partie : le pillage des forces vives éduquées

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le phénomène de l'émigration comme tendance de fond est propre aux pays semi-coloniaux semi-féodaux, dont la base économique ne permet pas le développement suffisant des forces productives. C'est une émigration de la force de travail, principalement des jeunes hommes.

Ce n'est cependant qu'un aspect du phénomène, le second étant d'une actualité terrible : c'est celui, dans le cadre du « brain drain », de travailleurs qualifiés qui sont aspirés par les entreprises des pays capitalistes afin d'être utilisés comme cadres.

Cette dernière tendance est de plus en plus prononcée. Dans la grande majorité des émigrations depuis un pays semi-colonial semi-féodal, donc dans plus d'une centaine de cas, le taux d'émigration des gens diplômés surpasse celui de l'émigration en général.

Dans des pays comme le Burundi ou la Mozambique, la Nouvelle Guinée ou la Tanzanie, le taux de départ des gens diplômés est même vingt fois supérieur au taux d'émigration en général.

Les pays capitalistes – impérialistes pillent littéralement les forces vives nécessaires aux autres pays. Cela peut être vrai également dans le cadre de la concurrence inter-impérialiste, comme dans le cas de l'émigration des médecins grecs dans d'autres pays, en raison pour eux de l'impossibilité à maintenir leur « statu social ».

Dans un document de 2015, l'OCDE constate cela avec satisfaction :

« Les niveaux d’éducation des migrants dans les pays de l’OCDE se sont remarquablement améliorés.

En 2010/11, il y avait environ 35 millions de migrants titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur, dont un tiers venus d'Asie. Ce niveau représente une augmentation sans précédent de 70 % au cours des dix dernières années.

Cette croissance est principalement due aux migrants en provenance d'Asie (79 %), d'Afrique (80 %) et d'Amérique latine (84 %). Le nombre de femmes immigrées ayant un niveau d’éducation de l’enseignement supérieur a augmenté de 79 % entre 2000/01 et 2010/11, ce qui représente un accroissement plus important que pour leur homologues masculins (…).

Les pays ayant les taux d'émigration les plus élevés sont généralement de petite taille ou des États insulaires. L’Amérique latine a enregistré le taux d’émigration total le plus élevé en 2010/11. Entre 2000/01 et 2010/11, le taux d’émigration total a augmenté pour toutes les régions du monde.

Le taux d’émigration des personnes ayant un haut niveau d’éducation est supérieur au taux d’émigration total dans la majorité des pays, ce qui souligne le caractère sélectif de la migration en terme de niveau d’éducation. »

Cette tendance signifie que des pays comme la Roumanie ou la Jamaïque sont littéralement pillés et que leur jeunesse entrevoit l'émigration comme seule utopie. C'est un anéantissement des possibilités du développement national, et c'est précisément ce phénomène qui est la source de l'ultra-nationalisme qui s'est généralisé dans les pays de l'Est européen.

C'est un phénomène aussi employé de manière opportuniste par certains pays semi-coloniaux semi-féodaux du type expansionniste. En août 2015, le média qatari Al Jazira – fondé par le pouvoir et par conséquent émanation des Frères Musulmans – a ainsi décidé de ne plus utiliser le terme de « migrants », afin de masquer la nature de plus en plus importante de l'émigration actuelle :

« Le terme parapluie “migrant” ne suffit désormais plus pour décrire l’horreur qui se déroule en mer Méditerranée. Il a évolué depuis ses définitions de dictionnaire, pour devenir un outil péjoratif qui déshumanise et distance. »

Masquer le phénomène est ici nécessaire afin de cacher les liens économiques semi-coloniaux issus des migrations où les migrants réinvestissent dans leur pays d'origine une fois du capital accumulé, ainsi que le maintien des idéologies féodales et semi-féodales.

Il est à noter que la migration pour une carrière existe également, dans une forme bien plus calculée et raisonnée, à l'intérieur des pays capitalistes. L'émigration qui existe depuis les pays capitalistes – impérialistes est soit un déplacement qui suit les échanges humains culturels – dans le sens du métissage – soit un phénomène suivant des tendances économiques dans un cadre individuel opportuniste, dans la perspective d'une carrière.

3,4 millions de personnes ont ainsi quitté l'Allemagne surtout pour leur carrière, notamment aux États-Unis ou au Royaume-Uni. Il est bien connu que dans ce dernier pays, la communauté française de plus de 100 000 personnes est un bastion de l'ultra-libéralisme, de l'éloge du commerce et des banques.

A ce titre, la poursuite de l'émigration est inévitable tant que le mode de production capitaliste prévaut, dans la mesure où il n'y a pas de planification de la production et donc des emplois, mais bien l'anarchie dans la production et par conséquent la mise en concurrence généralisée et irrationnelle des individus.

Pour les pays semi-coloniaux semi-féodaux, cela signifie un pillage généralisé de leurs forces vives et la tentative impérialiste de suppression de la possibilité d'établir une solide souveraineté nationale intellectuelle, culturelle et scientifique, base d'un développement démocratique.