17 Jan 1937

Les femmes dans le Parti communiste - Cecile Vassart (janvier 1937)

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Cecile Vassart, janvier 1937

Les femmes, dans le Parti communiste, sont égales aux hommes. Elles adhèrent à notre Parti au même titre que les hommes, elles ont les mêmes droits et les mêmes devoirs.

Mais égalité ne veut pas dire uniformité. Lorsque nous disons que les femmes communistes ont les mêmes devoirs que leurs camarades hommes, cela ne veut pas que les femmes, comme les hommes, doivent remplir exactement les mêmes fonctions dans l'organisation qu'est notre Parti.

Il n'y a aucun inconvénient à ce que nos camarades femmes aient accès aux postes les plus hauts de notre Parti, mais il serait faux de leur demander de coller des affiches ou de faire des travaux, trop durs pour elles, ou des travaux qui ne sont pas appropriés à leur sexe. N'oublions pas que les femmes communistes sont des femmes, comme toutes les autres femmes, avec le charme et la faiblesse physique de leur sexe ; qu'elles sont chargées des travaux ménagers, et que nous vivons encore entourés de préjugés.

Or, obliger nos camarades femmes à faire de tels travaux les ferait mal considérer par les autres femmes qui les entourent. Et cela serait justement le contraire de ce que nous voulons obtenir : faire de chaque femme communiste la vraie femme qui, par son exemple, son attitude, représente notre Parti devant les autres femmes et les attire dans notre organisation.

Tâches particulières des femmes communistes

Les femmes communistes, donc, ne doivent pas être chargées de telles tâches. Elles ont, par contre, des tâches à remplir qui sont bien particulières, qui ne peuvent pas être accomplies par nos camarades hommes : celles de gagner la grande masse des femmes pour notre Parti et travailler pour l'union des femmes de France. Notre camarade Jacques Duclos, dans son magistral discours à la Conférence nationale de notre Parti, au mois de juillet 1936, nous a montré le chemin pour trouver les autres femmes et pour grouper, autour de nous, les femmes communistes.

Nous ne voulons pas insister aujourd'hui sur les sujets qui servent comme base d'union. Nous demandons à nos lecteurs et lectrices de bien vouloir consulter la brochure :

Union des femmes de France , de Jacques Duclos, et, aussi, un numéro précédent des Cahiers du bolchévisme , où j'ai essayé d'expliquer dans quel but, pour quelles tâches et comment les femmes communistes doivent se mettre à l'oeuvre pour grouper autour d'elles d'autres femmes, pour rayonner dans leur entourage.

Unissons-les contre la vie chère, pour venir en aide aux enfants nécessiteux, aux familles des chômeurs, aux vaillants combattants pour la liberté en Espagne, pour des écoles saines, pour des loisirs bien passés par nos enfants.

Unissons-les contre la guerre et le fascisme, qui menacent la famille, et pour les droits de la femme.

Groupons-les sans schématiser – avons-nous dit – et travaillons, en tant que femmes communistes, à l'union des femmes, quel que soit la forme ou le nom du groupement qui se crée.

Et, en effet, les femmes communistes se sont mises à l'oeuvre. Et si nous ne pouvons pas suffisamment insister sur le travail de masse des femmes communistes dans les organisations féminines, syndicales, et dans tous les groupements où se trouvent les femmes, n'oublions pas que les femmes communistes ont aussi une autre tâche : celle de gagner d'autres femmes pour le Parti, celle d'agir en « femmes communistes », d'avoir une activité propre.

« Femmes communistes »

« Femmes communistes », ce sont les femmes de notre Parti, adhérentes à notre grand Parti et travaillant sous la direction du, Comité central, du Comité régional, du Comité de rayon ou du bureau de la cellule.

Les femmes communistes ne doivent pas seulement apparaître à travers les organisations ou groupements auxquels elles appartiennent, mais elles auront une activité propre qui les feront connaître localement et sur l'échelle départementale et nationale. Par exemple, nos camarades femmes de Gentilly, il y a quelques jours, ont organisé un thé-causerie un samedi après-midi. C'étaient les femmes communistes qui avaient invité une centaine de femmes à participer à cette petite réception.

Une soixantaine de femmes de Gentilly répondirent à cette invitation. Le thé, avec des gâteaux secs, fut offert et pris fraternellement, pendant qu'une camarade – c'était moi-même - représentant les femmes communistes, faisait une causerie sur la vie chère et les droits des femmes.

L'on se sépara à 18 heures, après avoir décidé de se rencontrer bientôt de nouveau pour entendre une autre causerie. Nombreuses étaient celles qui demandaient un bulletin d'adhésion pour le Parti. Un autre exemple d'activité des femmes communistes. A Levallois, les femmes communistes organisaient, le 3 novembre 1936, une soirée cinématographique, avec un film traitant un sujet féminin : Back Street .

Le film commençait à 20 heures, après l'entr'acte qui le sépara d'un petit meeting, où prirent la parole le député de la circonscription, notre camarade Honel, une camarade de la localité et encore moi- même.

Nous expliquâmes la politique de notre parti pour les enfants, le bien-être de la famille et les droits des femmes devant mille auditeurs, dont les trois quarts des femmes.

Un meeting à Noisy-le-Sec, convoqué par les femmes communistes le 2 décembre 1936, groupa également 150 femmes. Notre camarade Routhier, maire de Noisy, le secrétaire du rayon et moi-même prirent la parole, et de nombreuses adhésions au Parti furent faites. Voilà trois exemples de bonne propagande de la part de nos camarades femmes pour notre Parti. J'ai cité ceux-là, ayant vu moi- même sur place quel bon résultat nos camarades femmes ont obtenu en se montrant en tant que « femmes communistes ». Ces exemples peuvent être suivis pour le recrutement de notre Parti. Mais je vais encore en citer un autre, qui montre comment les femmes communistes comprennent leur tâche d'union des femmes de France et comment nous pouvons oeuvrer pour contribuer au grand rassemblement de toutes les femmes.

C'est dans le 16è arrondissement que notre camarade Hélène Alphandéry, chargée par son rayon de s'occuper du travail parmi les femmes, au nom des femmes communistes, s'est adressée à différentes organisations : les femmes socialistes, radicales, une ligue catholique, le Comité des femmes et d'autres, pour former un grand rassemblement des femmes dans le 16è, arrondissement de Paris, pour :

1° venir en aide aux familles des chômeurs ;

2° lutter contre la vie chère ;

3° soutenir les familles des Français qui luttent en Espagne pour la liberté.

Ce rassemblement a parfaitement réussi. Des femmes, représentant les différentes organisations, collaborent fraternellement pour soulager le sort des familles, dont les pères se battent contre le fascisme, et pour la vie moins chère.

Et cela sur l'initiative des femmes communistes.

Mais demander une activité propre à nos camarades femmes ne veut pas dire former une deuxième organisation : le parti des femmes. Les femmes communistes n'ont une activité propre que pour s'unir à d'autres femmes, sous le contrôle et avec l'aide de l'organisme régulier de notre Parti.

Les camarades femmes, membres de cet organisme (Comité de rayon, Comité régional), s'occuperont de ce travail et rendront compte à cet organisme.

Quand, dans un rayon de Paris-Sud, nos camarades femmes communistes avaient constitué un groupe de femmes communistes, avec secrétaire et secrétaire adjointe, nous avons discuté avec ces camarades et il fut rectifié.

Les femmes communistes sont et resteront des membres du Parti, égales aux hommes, avec la tâche spéciale d'unir les femmes pour les revendications que nous avons déjà expliquées.

C'est dans cet esprit que travaille, dans la région Paris-Est, une Commission pour le travail parmi les femmes, sous la direction d'un membre du Bureau régional. Cette Commission se réunit chaque mois.

Elle a organisé et aidé des conférences de femmes communistes dans plusieurs rayons ; sous l'égide de cette Commission, une école fonctionne pour former des militantes, pour leur apprendre à prendre la parole, à se documenter, à trouver des formes de leur travail avec d'autres femmes.

Douze femmes y collaborent. Et puisqu'elles travaillent directement sous la direction régionale, elles se forment et deviennent de bonnes militantes.

C'est ainsi que nous pouvons venir à la Conférence nationale avec 1.200 adhérentes et 900 membres des Jeunes filles de France, dans la région Paris-Est.

Ces quelques exemples peuvent démontrer dans quelle direction, nous, les femmes communistes, nous devons aller. Sans schématiser, naturellement, en adaptant leur action à la localité, au département, nos femmes, avec leur doigté et leur sensibilité, trouveront la forme la meilleure à employer pour leur travail, en collaboration étroite avec l'organisme respectif de notre Parti. C'est ainsi que les femmes communistes se feront connaître, démontreront aux autres femmes ce que c'est qu'une femme communiste.

C'est ainsi qu'elles aideront à renforcer notre grand Parti, en entraînant beaucoup de femmes dans ses rangs, pour réaliser notre grande tâche : l'union des femmes de France.

Les grandes questions: